Vous êtes tous frères’ (Mt 23,8) et même ‘mes
frères’ (Jn 20,17), parce qu’il est homme comme toi,
fils de Dieu, telle est la
lumière où doit se placer,
pour être vraie, notre
relation à tout homme ».
Joseph Marie Perrin, Son nom est me voici, Paris, Mame,1992, p.91.
Introduction
Si le problème du « vivre ensemble » a hanté toute l'histoire de l’humanité, il se
pose aujourd'hui d'une manière particulièrement épineuse dans les pays africains.
Du fait de la recrudescence des conflits, des guerres tribales ou religieuses, la
quête de la paix ainsi que du « vivre-ensemble »
constitue, aujourd’hui, l'enjeu essentiel de notre temps. C'est, à proprement
parler, une question de vie ou de mort pour le peuple africain.
C’est pourquoi, d’ailleurs, ces
dernières années, des responsables politiques nationaux ou internationaux et d'observateurs
qualifiés ont pensé que les Églises seraient parmi les forces qui pourraient
intervenir pour la consolidation de la paix. Selon
eux, elles représentent en effet une puissance morale de persuasion et d'action
qui ne peut être négligée devant l'urgence du problème. Car,
ils estiment que L’Église constitue
et reste un vrai outil pour la promotion de la paix et de développement dans ce
monde déchiré par des catastrophes économiques et le changement climatique, de
l’insécurité alimentaire, de l’injustice sociale et économique, des pauvretés
et d’exclusion ainsi que des nombreuses formes des violences. Pour cela, l’Église
est alors appelée à tenir à répondre valablement à sa vocation, à sa mission
sous toutes ses dimensions et se préserver de ses faiblesses pour ne pas
constituer elle-même un outil de conflit, d’autant plus qu’elle constitue la
majorité de la population. Il revient donc à l’Église de sensibiliser ses
membres pour ne pas chanceler à la séduction des politiciens surtout dans les
pays africains où la manipulation des sentiments identitaires de la population ou
de l’appartenance ethnique ainsi que des différences culturelles entravent le « vivre-ensemble »
jusque dans les églises.
Au regard de ces multiples interpellations,
une question s’impose : peut-on aborder la question du « vivre ensemble » sans faire
allusion au problème de la « communion
fraternelle » au sein des églises au moment même où ces dernières sont
accusées des mêmes maux, voire même comme coupables de certaines crises
sociales? En outre, les Églises africaines constituent-elles vraiment une référence
du « vivre ensemble » au
sein de la société africaine ? Comment vivre en communion dans une Église qui couvre toute la variété des sensibilités
ethniques ou tribales, du plus haut sommet de la hiérarchie jusqu'aux fidèles,
symboles d'une extrême diversité ? Peut-on
évoquer ainsi la communion dans l’Église au moment même où elle semble
mise en cause ?
Ces
questions mettent en relief de nombreux conflits à l’issue desquels
implicitement ou explicitement la complicité de certaines églises a été dénoncée
par la société. Du coup, les accusations
portées contre l’Église interrogent l'idéal de la « communion fraternelle », fondement de la foi, dans les
communautés chrétiennes. L’on se demande comment l’Église, sans vivre la « communion fraternelle »,
sera-t-elle capable de prôner le « vivre
ensemble » dans la société ? Car,
d’aucuns pensent que l’Église semble toujours aveugle aux réalités des
injustices environnantes, des tensions politiques ou sociales et pire encore,
est souvent prise au piège de trouver des explications bibliques pour se calmer
la conscience.
Ainsi est planté le décor de ma réflexion, dans son fond
et dans sa forme, comme fruit d’une analyse personnelle. C’est une observation
qui émane de l’image que renvoie l’Église à la société africaine, pourtant soucieuse
de prôner le « vivre ensemble ».
Mais, la question de « vivre
ensemble » elle-même prend racine dans la « communion fraternelle » qui
renvoie au domaine de présence et de témoignage de l’Église dans la société,
ou comment elle lie sa mission à la réalité sociale. C’est en fait évoquer
comment l’Église se préoccupe de moralité et d’autres questions brûlantes dans
la société, y compris celle du « vivre ensemble ». Toutefois, le
discours de l’Église apporte –t-il vraiment une réponse au problème du « vivre ensemble » dans la société africaine ? Autrement dit, les incroyants baptisés
sont-ils vraiment transformés en bons chrétiens ? Nul n’ignore que dans
plusieurs églises africaines, même dans celles qui se disent évangéliques, le
baptême est souvent administré sans aucun souci de vraie conversion. Pourtant,
le projet, tel qu’il est décrit dans le verset qui suit, est de se dire que la
peine que l’on se donne doit porter ses fruits : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits »,
dit la Parole (Mt 7.16a).
Crises
actuelles de la « communion
fraternelle » dans l’Église
Dans ce cas, pourquoi
aborder la question de la « communion
fraternelle » dans les églises en Afrique ? C’est parce que l’on pense
aujourd’hui que le corps du Christ n’est pas
suffisamment manifesté au sein de la société africaine pour que l’Église relève
le défi du « vivre ensemble ».
C’est parce que la vie en « communion
fraternelle », définie comme étant la poursuite en commun d’intérêts
et de buts identiques est devenu un vain mot dans nos églises. C’est dire que l’Église africaine est
aujourd’hui dans un état d’impréparation totale face aux défis de « communion fraternelle » et
incapable d’apporter une réponse idoine aux diverses tensions dans la société.
Pour preuve, l’opinion publique pense que les
courants évangéliques créent des chrétiens qui sont si « spirituels »
qu’ils oublient que le vécu est concret, à tel point que ces chrétiens
tellement soucieux des bénédictions divines, oublient que la véritable
bénédiction se vit dans la « communion
fraternelle ».
C’est en bâtissant une
véritable communion fraternelle dans
l’Église, que les gens ouvrent leur
cœur, parlent de leurs faiblesses, avouent leurs échecs, exposent leurs doutes,
disent ce qui les blessent, exposent leurs peurs et demandent de l’aide aux
autres. Dit
autrement, cette « communion
fraternelle » revêt toujours le caractère d’une proposition :
elle est une interpellation, elle est l’exemple d’une autre vie possible, elle
n’est pas une contrainte ou un coup de force.
Paradoxalement, la question que l’on se pose, est de
savoir si c’est possible de vivre et développer dans nos Églises la
« communion fraternelle » à
partir de relations vraies, authentiques, fécondes et surtout pleines d’amour. Nul n’ignore que notre monde a
soif d’amour et de relations vraies et l’Église ne peut être que ce lieu où
cela se vit. Certes, dans la réalité ce n’est pas toujours si simple. Vivre avec les autres ne sont pas toujours facile même entre chrétiens.
Nous sommes différents et par nature nous avons tendance à penser d’abord à
nous-mêmes et à nos intérêts personnels. Même l’Église dans ses débuts a dû
gérer des conflits, des tensions, des dissensions d’ordre personnel ou
communautaire (Ac 6,1) et surtout, Jésus ne nous
a jamais promis que nous allons vivre sans problèmes, mais il a promis d’être d
avec nous et de porter nos fardeaux. Mais, les défis entravant la « communion fraternelle » dans les
églises africaines demeurent significatifs. Il s’agit,
bien entendu, de conceptions et de pratiques antiévangéliques, qui s’imposent à
la conscience collective comme évidentes.
Pourtant, selon le philosophe américain John Dewey, ce
que les hommes doivent avoir en commun pour former une communauté dont les
membres se reconnaissent, ce sont les buts, les croyances, les aspirations, la
connaissance et une même façon de comprendre les choses qui les concernent. Alors,
comment donc orienter la
recherche pour comprendre les raisons et les possibilités de ce rôle de l'Église
dans la recherche du vivre-ensemble ?
Il faut noter que certains facteurs dans l'Église ne peuvent se comprendre si l'on ne revient pas à
la source, et faire de la « communion
fraternelle » une réflexion, condition sine qua non pour un « vivre ensemble » dans la société. Pourquoi le terme « communion fraternelle » est-il problématique, c’est parce
qu’il sous-entend qu’il n’est pas accepté à tout prix par les hommes de
coexister, c’est-à-dire de vivre dans la diversité, à s’accepter les uns les
autres.
Face à une telle situation, il est tout d’abord
recommandé de procéder à une analyse aussi objective que possible de la crise
au moyen de différents outils. Il s’agit en effet, de répertorier quelques
rapports qui affectent la véritable « communion fraternelle » dans
l’Église.
1. Le rapport au tribalisme
Le tribalisme peut
évidemment exister sous une forme latente—plus ou moins—inoffensive et se
traduire quand les circonstances s’y prête en une action sociale ; c’est
alors qu’il y a proprement parler, tribalisme
ou ethnisme. Mais, le pire, c’est de
remarquer aujourd’hui que le tribalisme a pris une importance non seulement
politique, mais chrétienne plus grande : c’est une forme de revendication
plus fréquente dans les Églises africaines. L'archevêque de Juba a dénoncé
avec raison que :
Nous ne pouvons pas
construire notre nation ou notre Église sur la base du tribalisme, si nous les
construisons sur la base du tribalisme, nous dirons qu'il n'y a pas de baptême,
de sainte communion, de confirmation et nous nous brouillerons parce que c'est
quelque chose qui nous divise…Nous avons besoin de l'intervention de Dieu pour
combattre le tribalisme, car c'est seulement le tribalisme qui nous divise dans
ce pays…Le salut ne sera possible que pour nous tous, que nous soyons riches ou
pauvres ; nous devons tous coopérer pour travailler ensemble
Le théologien protestant rwandais T. Gatwa a souligné que les Églises au
Rwanda ont montré leur incapacité à dépasser en leur propre sein les problèmes
ethniques, ce qui les a rendues incapables d’apporter en cette matière une
réponse adéquate à la société rwandaise. En effet, les Églises au Rwanda ont
failli à leur mission et ne sont plus en mesure de prononcer une parole
prophétique tant qu’elles ne feront pas la vérité sur elles-mêmes. Sans être
vouée aux gémonies, en d'autres termes, l’Eglise a été mise devant sa
responsabilité historique qui, dans les faits, était grande. Sans la condamner,
le théologien Gatwa a incité ainsi l’Église au Rwanda à une prise de conscience
pour qu’elle joue pleinement son rôle de lumière des nations. Expliquant les événements tragiques du Rwanda
en 1994,
l’organisme Pro mundi vita rapporte qu’il reste encore beaucoup de
confusions dans l’Église rwandaise dans ses expressions théologiques :
Si nous considérons la masse des chrétiens, il faut
constater que beaucoup parmi les rebelles, comme parmi ceux qui exercèrent la
répression et les représailles, comme les grands leaders du pays sont des
baptisés. Et un bon nombre sont des baptisés pratiquants. Très peu se sont
conduits en chrétiens. Nous ne portons pas ici de jugement sur la culpabilité
subjective. La peur de l’autre et l’instinct de conservation ont joué un grand
rôle chez beaucoup. Il n’y avait pas seulement le meurtre, la violence, la
cruauté parfois bestiale ; il y avait le vol et la spoliation sur grande
échelle ; l’abandon des veuves et des enfants, les calomnies mortelles,
les mensonges et les tromperies éhontées. Mais à côté de ces rebelles et de ces
vengeurs, il y avait la grande masse des chrétiens qui n’ont trempé ni dans la
révolte ni dans la répression injuste. Chez beaucoup parmi eux cependant s’est
fixée au fond du cœur une haine profonde, une amertume, un découragement
morose, ou du moins une insécurité vis-à-vis de tout homme de l’autre groupe
ethnique mais aussi vis-à-vis de ceux de son propre groupe…
Dans certaines églises
évangéliques en Afrique, il est difficile pour des pasteurs qui sont nommés de
diriger des églises desquelles ils sont totalement étrangers. Surtout lorsque
le pasteur n’est pas de la tribu dominante de l’Église. C’est dans cette
perspective que le théologien catholique ivoirien Donald Zagore fait cette remarque
:
Lorsque,
au sein de l’Église, dont l’essence même signifie communion, fraternité, unité,
les membres se divisent pour des raisons ethniques et tribales, nous devons
sérieusement nous poser la question prophétique : avons-nous compris la
signification de notre temps et de notre foi ? …Malheureusement – poursuit-il –
nous nous rendons compte, jour après jour, que le sang de la culture, de
l’ethnie, de la tribu demeure plus fort et plus important que l’eau sacrée du
Baptême. Le paradigme de l’Église de Dieu en Afrique semble souvent un discours
privé de sens qui prend parfois l’aspect d’une farce. Nous allons toujours
davantage d’une Eglise de Dieu en direction d’une Eglise tribale. Il faut dire
avec force que cette attitude est tout sauf chrétien…Le tribalisme n’est en
aucune manière une caractéristique de l’Eglise de Jésus-Christ. La seule valeur
demeure le désir de service Dieu en se soumettant à Sa volonté, une volonté qui
est révélée en termes d’amour et de coexistence. Comme le Christ, nous devons
catégoriquement nous refuser de nous laisser enchaîner par les intrigues
tribales et ethniques. Nous devons être ouverts à l’universel, à tout homme et
à toute femme, au-delà de ses origines culturelles, raciales et ethniques.
Le tribalisme n’est en aucune
manière une caractéristique de l’Église de Jésus-Christ. La seule valeur
demeure le désir de service Dieu en se soumettant à Sa volonté, une volonté qui
est révélée en termes d’amour et de coexistence. Comme le Christ, nous devons
catégoriquement nous refuser de nous laisser enchaîner par les intrigues
tribales et ethniques. Nous devons être ouverts à l’universel, à tout homme et
à toute femme, au-delà de ses origines culturelles, raciales et ethniques. En
effet, comme l’a si bien souligné l’archevêque de Juba, Mgr Stephen
Ameyu Martin Mulla : "nous ne
pouvons pas construire notre nation ou l'Église en les fondant sur le
tribalisme : si nous les construisons sur le tribalisme, nous dirons qu'il n'y
a pas de baptême, de communion, de confirmation et nous tomberons parce que
c'est quelque chose qui nous divise…Nous ne sommes
pas des chefs de tribu mais des pasteurs compatissants et miséricordieux"
Tout comme le dit Paul : « dans le Christ il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme
libre, ni homme ni femme, puisque tous vous êtes un dans le Christ Jésus »
(cf. Ga 3, 28).
Malheureusement, il est à parier que « l’Église africaine », que
beaucoup appellent de leurs vœux, si on n’y prend garde, sera exactement à
l’image de nos sociétés politiques et de leurs travers si tragiques. D’ailleurs,
nous faisons déjà l’expérience douloureuse de la façon dont les liens ethniques
et tribaux déterminent des clans rivaux dans la même Église. Il n’est pas rare
de percevoir dans quelque attitude un souci de repli ethniciste. Chacun se
positionne en fonction de son ethnie. Les comportements tribalistes sans
fondement objectif sont malicieusement entretenus par de petits groupes aux
intentions malveillantes. Alors, faut-il toujours établir une distinction entre
les différents groupes ethniques qui composent un pays, une Église ? Si,
comme en politique nous fonctionnons sur des bases tribalistes où va
l’Église ? L’homme de Dieu devrait donc sortir de ce cercle ethnique ou
tribal et se retrouver dans la « communion fraternelle ». Il est
censé posséder une formation qu’il faut pour s’adapter sans délai, d’une communauté
ecclésiale à l’autre, d’une dénomination chrétienne à l’autre.
En définitive, l’ambivalence
du « vivre ensemble » en
Afrique procède du regard que les uns portent sur les autres. Si l’autre est vu
comme un adversaire résolu ou un concurrent potentiel et non pas accepté en
fraternité, le train restera « éternellement à quai ». Si celui qui
est reçu est hautain et convaincu d’avoir un don spécial, il y a de fortes
probabilités que la « communion
fraternelle » ne s’instaure pas. Et comme nous le savons tous, là où règne
les rivalités dans les Églises, peu de choses suffisent pour que la « communion fraternelle » se mue en
adversité. Finalement, là où le Christ préconise l’amour des ennemis et le
pardon des offenses, l’Église en reste à la Loi du talion : œil pour œil
dent pour dent.
De tout ce qui précède, l’Église
en Afrique se sent, aujourd’hui plus que jamais, devant le défi de sa
responsabilité spécifique de soigner ces divisions, en partant de l’intérieur
de l’Église elle-même pour revitaliser la « communion fraternelle » jusqu’au « vivre ensemble » dans la société.
2. Le rapport à la politisation
de l’Église
À la vérité, l’Église n’a jamais su a priori quel type de
rapports entretenir avec les pouvoirs politiques. Ceux-ci sont sans cesse
changeants et l’Écriture sainte du Nouveau Testament n’apporte aucune
détermination à ce sujet. Les deux seuls lieux où les autorités temporelles
sont évoquées sont les paroles du Christ demandant, selon la formule célèbre,
de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »
et celles de Paul demandant de prier pour les responsables des cités. Dans un
cas comme dans l’autre, la légitimité des responsables temporels est reconnue, tout
en en reconnaissant la limite dans le premier cas : ce qui relève de César
cesse lorsqu’intervient ce qui relève de Dieu
Malgré tout, Duncan Forrester n’a pas manqué de dénoncer les relations
ambigües entre l'Eglise/Pouvoir et
préconiser des précautions nécessaires à prendre lorsque les responsables
chrétiens fréquentent régulièrement le pouvoir politique. Il écrit avec raison
que : « Le serviteur de Dieu devrait être proche des puissants et des
experts, mais ne pas se sentir "chez lui" parmi eux ; familier
avec les corridors du pouvoir, mais sans y être à l’aise. Parce que la théologie,
c’est à la fois dire la vérité au pouvoir, et être la voix des sans-voix et des
marginalisés, des victimes qui en dernier ressort ont une place spéciale dans
le royaume de Dieu». Cette remarque dénonce l’absence de défi théologique
vis-à-vis du système politique, culturel ou socio-économique et est perçue
comme résultant de l’absence de pensée évangélique mûre au sein du
christianisme africain. En effet, l’Église africaine n’apparaît plus
aujourd’hui comme un guide moral d’une nation multiculturelle mais comme un
support servile du pouvoir politique.
En
conséquence, il paraît impossible pour le chrétien de se constituer comme soi,
sans exclure l’autre, progressivement, les imaginaires intègrent la xénophobie
comme le moyen de se protéger de ce que l’on est avec son groupe
d’appartenance, contre l’anéantissement de ce groupe et de ses intérêts
supposés ou réels.
Au regard de ce qui précède, notons que le pastorat
africain s’est gravement détourné des valeurs cardinales et des principes
fondamentaux de la Parole de Dieu (1 Tm 4,13-14). Beaucoup de pasteurs ont pris
de liberté avec les obligations de leur sacerdoce, notamment en utilisant leur
position pour s’allier au pouvoir politique. En lieu et place de la mission
sacerdotale, certains se sont même engagés dans une course effrénée à la
recherche des privilèges sociaux, voire la conquête du pouvoir politique. En
Centrafrique, par exemple, plusieurs pasteurs ont joué un rôle important dans
l’histoire politique récente du pays et ont même donné des idées à de nombreux
politiciens avides de pouvoir et d’enrichissement illicite. Quelques-uns sont
entrés officiellement en politique, tout en conservant leur statut de pasteur.
Beaucoup de ces pasteurs n’ont, d’ailleurs, ni la moralité ni la formation
théologique qu’implique leur statut, mais ils bénéficient tout de même d’une
visibilité et d’une crédibilité dans l’espace politique. Dans leur vision, ces
pasteurs veulent souvent donner aux hommes politiques, de la part de Dieu, un
certain nombre d’orientations.
À kinshasa, par exemple, un élu souligne le rôle
important que jouent certains pasteurs pendant les périodes électorales : « puisque les pasteurs sont écoutés par leurs
ouailles, drainent des foules, remplissent des stades : mieux vaut les avoir
avec vous plutôt que contre vous ». En fonction de leur ascendant, ces
chefs religieux sont plus ou moins courtisés par la classe politique. Il existe
désormais les pasteurs proches du pouvoir et ceux de l’opposition. « Pendant les campagnes électorales, ces
pasteurs drainent les foules pour les candidats moyennant quelques billets de
banque », lâche Freddy Kita, secrétaire général du parti Démocratie
chrétienne… et responsable à Kinshasa de la Mission évangélique pour le salut
du monde, une Église qui refuse jusqu’ici de rejoindre l’une ou l’autre
association.
Il convient de noter qu’en Afrique, entre le politicien et le pasteur, les
fidèles d’Église n’apparaissent plus que comme une marchandise électorale. Ce
qui est encore plus révélateur chez ces responsables d’Églises, c’est leur
inclination à être instrumentalisés par des hommes politiques, au lieu de se
consacrer à leur mission spécifique d’annonce d’Évangile afin de conscientiser
la classe politique et ceux qui sont à la charge de la chose publique, pour
qu’ils assurent toujours mieux le bien-être et l’épanouissement de leurs
peuples. Certes, les pasteurs ont le droit d’avoir leur propre opinion
politique, et comme tous les citoyens d’un pays, ils disposent du droit de
vote.
Mais, un pasteur qui a le souci de la « communion fraternelle »
dans son Église, ne doit pas être clivant. Pour cette raison, il peut
difficilement opter pour un parti politique ou se présenter à une élection au
suffrage universel puisque cela est susceptible de provoquer une division entre
les fidèles. De toutes les façons, s’il
opte pour la politique, il doit alors arrêter son pastorat.
Il faut cependant noter que l’Église fidèle à sa mission
prophétique qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond
d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système
politique, est à la fois le signe et la sauvegarde de la « communion
fraternelle » et du « vivre ensemble ». L’Église a ainsi la juste
obligation de prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner sa
doctrine sociale, accomplir sans entraves sa mission parmi les hommes en
utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à
l’Évangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et
des situations.
On ne le dira jamais assez, la mission fondamentale de
l’Église consiste à défendre sans aucune ambiguïté les principes de vérité et
de justice, qui sont des droits fondamentaux à tout homme et à tous les
peuples. L’on comprend donc pourquoi cette dimension prophétique n’a toujours
pas plu aux ennemis du peuple déterminés à toujours diviser pour mieux régner.
On le
voit bien, l’Église, corps du Christ, n’est inféodée à aucune organisation politique.
Sa seule préoccupation est de contribuer au bien-être du peuple tout entier, à
la sauvegarde et à la promotion de la dignité de la personne humaine, au
respect de la vie, des libertés et des droits fondamentaux
3.
Le rapport à l’éthique sociale
Sinon,
à quoi bon témoigner d’un Dieu parfait quand on sait que dans le concret, on ne
produira que de l’imparfait ? Nous remarquons aujourd’hui que les
chrétiens africains ne sont pas bien armés pour évoluer dans le relatif. D’une
part, ils manquent d’outils d’analyse, d’autre part ils s’interrogent sur le
sens qu’il y a à investir dans des lieux remplis d’ambiguïtés et de
compromissions. Certes, l’Église n’est pas un club de parfaits, mais elle est
l’ensemble de ceux et celles qui se sont laissé convoquer par le Christ mort et
ressuscité, pour continuer à signifier sa présence et son action en ce monde.
C’est pourquoi, au-delà de cette
interpellation, il y a l’urgence de reconnaître, aujourd’hui, que parler de la « communion fraternelle » ou
de « vivre ensemble » n’aura
de sens pour l’africain que lorsque la mise en valeur de l’Évangile viendra le
rencontrer dans son propre vécu. Car, dans certaines situations de crises, l’Église
a souvent été considérée comme l’une des rares institutions auxquelles la
population pouvait faire confiance.
Par
conséquent, c’est bien la vocation de l’Église que de vivre en « communion fraternelle, mais comment faire si l’on entend parfois des discours
vexatoires illustrant le manque de pardon chez les chrétiens en ces termes :
« Deux ivrognes peuvent se
réconcilier autour d’un verre d’alcool, mais deux chrétiens se gardent rancune
avec la Bible en mains » et surtout, lorsque l’Église ne fait
pas alors, comme dirait l’évangile de Matthieu, « le sel perd sa saveur, il ne vaut plus rien ; on le jette dehors
et il est foulé aux pieds par les hommes » (Mt5.13).
L’infidélité
de l’Église, comme soulignée ci-haut, a bien souvent débouché, en effet, sur sa dévalorisation.
Or, l’Église devrait manifester qu’elle participe d’une nouvelle création car
« Nous avons été créés en Jésus-Christ pour les œuvres
bonnes, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous nous y engagions » (Eph 2.10). C’est par ces œuvres bonnes qui
procèdent de cette re-création que nous adressons un témoignage et une interpellation
aux différentes Églises.
Il y a aussi des signes inquiétants d’une société en crise de dépravation
des mœurs, notamment, l’incitation à la débauche menée sans scrupules par
certains prétendus pasteurs qui ne sont en réalité que des prédateurs encourageant
des comportements immoraux, une perte des valeurs traditionnelles, une
inflation des comportements antisociaux, Là où le bât blesse, c’est que cette
destruction de la société est faite au grand jour par des Églises, comme lieux
d’espérance Pourtant, nous savons tous que l’Église n’a pas d’autre finalité en ce monde que d’être
un espace de sanctification : elle n’est pas un club de parfaits, mais
l’ensemble de ceux et celles qui se sont laissé convoquer par le Christ mort et
ressuscité, pour continuer à signifier sa présence et son action en ce monde.
Bâtir l’Église de « communion fraternelle », avant de prôner le « vivre
ensemble » citoyen
L’Église est donc une nouvelle réalité sociale,
mais ce n’est pas un nouveau lieu, au sens où elle inaugurerait une vie
ailleurs. Il s’agit de retrouver une cohabitation pacifique entre
les communautés afin qu’elles
s’acceptent malgré leurs différences doctrinales, religieuses, tribales,
ethniques, ou leurs diversités culturelles ou convictions politiques. C’est pourquoi, parler de la « communion
fraternelle » renvoie au domaine de présence et de témoignage de
l’Église dans la société, ou comment elle lie sa mission à la réalité sociale.
C’est en fait évoquer comment l’Église se préoccupe de moralité et de questions
brûlantes inhérentes aux différents conflits que vit la société. Dit autrement, comment
guérir cette société à laquelle l’Église ne cesse d’adresser des critiques mais
dont elle ne désintéresse pas ?
À prime abord, elle doit jouer un rôle spécifique. Car,
elle est le point d’aboutissement de toute personne qui s’ouvre d’une manière
pleine et entière à la foi en Dieu. Elle est un groupe social où doivent
pouvoir émerger des relations sociales renouvelées et guéries. Elle est le
moyen de manifester qu’une autre vie collective est possible. Elle est le
pendant collectif nécessaire à notre action individuelle. Elle est enfin, les
prémices de la nouvelle création de Dieu.
La vie de l’Église
devrait être le pendant de notre discours, c’est là que doivent s’incarner
prioritairement l’au-delà de la Loi, le pardon, le vécu des valeurs du Royaume
de Dieu, d’une manière qui ne soit à sens unique, mais réciproque. Si nous
parlons d’un autre type de relations possibles, nous devons en administrer la
preuve dans l’Église.
Une fois que
nous découvrons ce que Dieu entend par la vraie « communion fraternelle », c’est facile de prendre
conscience en voyant le fossé entre l’idéal et la réalité dans notre
Église. Cela permet l’Église en dépit de
ses imperfections de désirer ardemment l’idéal tout en critiquant la réalité.
D’un autre côté, se contenter de la réalité sans vouloir s’efforcer vers
l’idéal, c’est de la complaisance. La maturité spirituelle des chrétiens
consiste sans doute à savoir bâtir le « vivre ensemble » dans leur société à partir des valeurs de la « communion fraternelle » qu’ils
vivent dans leurs Églises. En effet, dans l’Évangile de Matthieu, on voit
qu’au-delà du conflit, pour mieux bâtir la « communion fraternelle »,
la question est celle de savoir régler la mésentente avec quelqu’un. L’amour de
l’ennemi est en fait l’idéal.
Il s’agit au fond de restaurer une relation plutôt que de gagner sa cause. Il n’en reste pas moins que des règles pour
gérer des conflits sont édictés dans l’Ancien Testament. On recommande en
particulier de ne pas favoriser le riche , ni d’ailleurs le pauvre du seul fait
qu’il est pauvre, dans un procès.
De même, Dieu intervient donc pour promouvoir des relations humaines plus
positives. Ainsi, Jésus, en s’adressant à Son Père, l’a dit dans sa prière
sacerdotale : « Je ne te
demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du mal »
(Jn17.15).
En
fin de compte, avant de nous engager dans l’action sociale, nous devons veiller
à promouvoir une spiritualité de communion et d’harmonie entre nous et au sein
des institutions de nos Églises locales.
La nécessité de
rebâtir le « vivre-ensemble » citoyen
Dans cette perspective, l’Église est appelée à enseigner que le « vivre-ensemble » n’est pas inné, il
s’apprend et se construit de façon permanente. Face au renforcement de la haine
et l’affaiblissement du lien social, les chrétiens sont appelés à redéfinir la
société dans laquelle ils souhaiteraient vivre.
En effet, la « communion
fraternelle » vécue par l’Église permettra de reconstituer le tissu
social, les défis communs à l’échelle de chacun. C’est un appel à promouvoir des valeurs
telles que la solidarité, le dialogue et la compréhension mutuelle. Dans
l’esprit du respect des cultures et des valeurs chrétiennes, il faut apprendre
à réorganiser notre vie commune, et ceci passe inexorablement par la
citoyenneté comme étant la prise de conscience individuelle et collective
d’implications pour une refonte totale de notre société. Nous sommes d’abord
citoyens avant d’être chrétien ou musulman. Nous devons éviter certaines idées
reçues venant de ceux qui instrumentalisent Dieu à leurs différentes
fins.
Il serait tout à fait judicieux de gérer les différences culturelles,
ethniques et religieuses au-delà du prisme de l’assimilationnisme. Pour ce
faire, les politiques doivent impérativement repenser cette question de la
laïcité, car la laïcité, c'est aussi respecter les différences sans faire de
différence finalement. Ces prérogatives sont fondamentales et doivent commencer
par la reconnaissance de l’égalité et également de la justice sociale comme
vecteurs principaux afin de donner naissance à une société (plus)
inclusive.
Cette
perspective serait un atout majeur pour notre société afin de partager
réellement les valeurs démocratiques telle que la liberté de conscience, de
croyance et d’expression, d’égalité des droits, de citoyenneté ouverte à tous chrétiens
ou citoyens, nous sommes appelés à construire ensemble notre havre de paix. Comment donc orienter la
recherche pour comprendre les raisons et les possibilités de ce rôle de l'Église
dans la recherche de la « communion fraternelle » et du « vivre-ensemble »
? M.L. King y donne une réponse idoine en ces termes :
L’Église doit se souvenir qu’elle ne domine ni ne sert l’État,
mais qu’elle en est la conscience. Elle doit en être le guide et le critique,
jamais l’instrument. Si elle ne retrouve pas son ardeur prophétique, elle
deviendra un club social inutile sans autorité morale ou spirituelle. Si elle ne
participe pas activement à la lutte pour la paix et la justice économique et
raciale, elle trahira la fidélité de millions d’hommes et les poussera partout
à dire qu’elle a laissé s’atrophier sa volonté. Mais si elle se libère des
chaînes d’un statu quo mortel et que, retrouvant sa grande mission historique,
elle parle et agit avec courage et persévérance en termes de justice et de paix,
elle enflammera l’imagination de l’humanité et embrasera les âmes des hommes, leur
inculquant un amour ardent pour la vérité, la justice et la paix. Proches ou
lointains, les hommes reconnaîtront dans l’Église une grande fraternité d’amour,
qui procure lumière et paix aux voyageurs solitaires au milieu de la nuit
Au fond, ce qui est demandé à l’Église africaine, c’est d’être non
seulement comme une réalité divine au milieu du peuple mais aussi comme une
structure sociale à côté des autres structures de la société. Faisant partie de
l’Église universelle, exemple unique de communauté multiethnique, multi-tribale
et multiculturelle qui est la nouvelle humanité de Dieu, elle ne peut vivre en
vase clos. Car, si Christ a renversé le mur de séparation, ce n’est pas à l’Église
de le reconstruire à force de chauvinisme, d’éthnicisme, de tribalisme, de
classes sociales ou de castes. Elle doit au contraire développer la communion
avec d’autres églises, par la prière, par la solidarité et la coopération dans
divers domaines. Ce faisant, la théologie d’une Église doit se dégager dans une
communauté de foi suscitée par l’Écriture, en interaction avec d’autres
théologies du passé et présent et en se confrontant à la culture locale et à
ses besoins.
Conclusion
En guise de conclusion, je me permets de citer un proverbe africain qui
illustre la profondeur culturelle de la pensée traditionnelle africaine sur la
diversité dans une communauté, inhérente au multiculturalisme et au « vivre
ensemble »: « Dans la forêt, quand les branches des arbres se
querellent, leurs racines s'embrassent ». Les branches, c'est la diversité,
les singularités qui distinguent et séparent. Les racines qui s'embrassent,
c'est l'intangible, les valeurs universelles profondes qui unissent. Le défi
pour la vitalité de l'arbre entier, la société, consiste à ne pas couper,
éliminer, masquer la diversité des branches, des communautés de la société mais
de nourrir le tronc par le « vivre ensemble », par la dialectique de l'unité
dans la diversité, et de faire en sorte que les racines qui s'embrassent
puissent nourrir les branches qui se querellent. Ce proverbe, expression de la
culture populaire, illustre la prégnance de la question du multiculturalisme et
de la pluralité religieuse en Afrique et l'urgence de la revisiter au regard de
ses tensions actuelles.
Jimi ZACKA
L’expression « communion fraternelle
» est donc la traduction du grec koinonia.
Ce terme, ainsi que les autres mots qui dérivent de la même racine, font
référence à des notions de partage et d’expérience commune La lecture des
différents passages bibliques (Ac 2.42 ; Rm15.26 ; 1Co1.9 ; 1
Co10.10, etc) où ces termes se retrouvent nous fait clairement savoir que la
communion fraternelle ne se réduit pas à un concept abstrait ou à une sorte de
sentiment d’unité « planant quelque part dans les nuages de nos pensées ». Par
exemple, en Romains 12 : 13, Paul ordonne aux croyants de pourvoir (koinoneo) aux besoins des saints. Et la
suite du verset nous parle d’hospitalité, ce qui inclut bien évidemment des
aspects très terre à terre. La « communion
fraternelle » inclut aussi une dimension très concrète et matérielle.
La suite du texte nous fait comprendre que c’est en pratiquant ce genre de
communion fraternelle que l’on s’amasse un trésor en vue de ce qui va arriver.
En Centrafrique, il a été créée la Plateforme des confessions religieuses de Centrafrique et le
dialogue pour la paix. En fait, cette plateforme était composée de trois
leaders religieux, représentant respectivement les communautés catholique,
protestante et musulmane. Ils ont décidé ensemble de conjuguer leurs efforts
dans une large campagne de sensibilisation pour d’une part, les multiples
violations de droits humains et d’autre part , sensibiliser les fidèles à la
nécessité de vivre ensemble. Notons que les résultats sont mitigés.
Cf. Blanc Edmond. « Le rôle des Églises pour le maintien
ou le rétablissement de la paix dans la société internationale contemporaine.
»In: Politique étrangère, n°5-6 -
1966 - 31ᵉannée. pp. 401-412
C'est pourquoi un grand nombre de ceux, chrétiens ou non chrétiens, qui se
soucient de la paix dans le monde souhaitent que l'Église fasse bénéficier la
communauté humaine d'une partie de cette force qu'elle constitue par sa seule
existence.
L’Église primitive était
menacée par des conflits internes sur un certain nombre de questions qui
auraient pu avoir un effet dévastateur. Nous avons vu la façon dont l’église,
sous la direction du Saint-Esprit et la soumission des dirigeants à la parole
de Dieu, a pu résoudre ces conflits pour éviter les schismes.
En 1994, l’humanité va connaître un génocide qui révoltera les consciences
humaines. Ce génocide, qui opposera l’ethnie Hutu à l’ethnie Tutsi au Rwanda,
est parti d’une manipulation ethnique des deux tribus qui se sont affrontées en
faisant plusieurs milliers de morts. C’est donc à la base, une crise
identitaire qui fut à l’origine de ce génocide. Ainsi le génocide rwandais a
consisté en l'élimination progressive des membres du groupe ethnique des
Tutsis, avec l'intention de détruire ce groupe totalement. Il a débuté le 7
avril 1994 et a duré une centaine de jours, causant 1.174 000 morts (soit 13%
de la population de l'époque).
D. Zagore,
« Le dépassement du tribalisme, un défi pour l’Église en Afrique »,
in Agenzia Fides, 20 Février 2018.
Mgr Stephen Ameyu Martin a fait cette
déclaration lorsqu’il présidait la messe à la paroisse Our Lady of Sorrow du
diocèse de Torit au Soudan du Sud
L'enseignement de l'Église est clair, mais où en est sa
pratique ? En Afrique comme partout, les actes parlent bien plus fort que les
paroles. Si le style de vie des chrétiens se distancie de plus en plus de celui
du citoyen ordinaire, l'Église en Afrique pourrait perdre sa crédibilité.