vendredi 31 mars 2017

L’INCOMPRÉHENSION (Quelques éléments de réflexion dans l’Evangile de Marc)


      Motifs de l’incompréhension chez Marc

     L’incompréhension est le thème de prédilection de l’évangéliste Marc. La place accordée à l’incompréhension des disciples est l’une de ses particularités. Il faut souligner que Marc est l’évangéliste qui présente le plus souvent dans ses récits les disciples aux côtés de Jésus, mais leur présence à ses côtés soulève assez régulièrement un paradoxe : Les disciples manifestent toutefois vis-à-vis du maître une profonde incompréhension. Ainsi Jésus s’étonne de ce qu’ils ne comprennent pas la parabole du semeur (Mc 4, 13). Il est surpris de leur manque de foi (Mc 4, 40). Ils ne reconnaissent pas Jésus qui marche sur les eaux et le prennent pour un fantôme (Mc 6, 45-52). Jésus leur reproche de nouveau leur incompréhension après la seconde multiplication des pains (Mc 8, 14-21). Les disciples sont des personnes qui ont du mal à comprendre ce que dit Jésus. Il doit tout expliquer… Il est alors aisé de percevoir que derrière les figures des disciples se profilent celles des chrétiens. En effet, l’on remarque que l’incompréhension des disciples traverse l’ensemble de l’évangile de Marc. 
 
     De même, de multiples incompréhensions génèrent des conflits entre Jésus et les pharisiens avec une acuité croissante tout au long de l’Évangile de Marc. Par exemple, lors de la guérison du paralytique, après avoir secrètement  accusé Jésus de blasphème (11.6-7), les scribes se sont enhardis à manifester leur hostilité. À l’occasion de la vocation de Lévi et du banquet qui suit, ils se scandalisent devant les disciples de voir Jésus manger avec les publicains et les pécheurs (11.6). À propos du jeûne, nouvelle querelle : n’osant s’en prendre directement à Jésus, les pharisiens blâment la conduite de ses disciples (11.18). Cette discussion ne portait que sur une pratique de surérogation. Un dernier épisode exaspère le conflit et déchire tous les voiles dont s’entourait l’hostilité pharisaïque : en guérissant en pleine synagogue, au jour du sabbat, l’homme à la main sèche (3. 1-5), Jésus attire définitivement sur lui la haine des pharisiens. Il prend à leurs yeux figure du blasphémateur de la Loi de Moise. De concert avec les Hérodiens, les scribes vont finalement décider sa mort (3.6). 
 
     Au regard de cette avalanche de conflits détruisant toutes relations entre Jésus et les pharisiens, l’on comprend que  l’incompréhension devient en effet porteuse de mort, dont Marc inscrit les traces dans son récit en 3,6; 11,18; 12,12. Finalement, il est à retenir que  ces différents cas d’incompréhensions constituent notoirement une thématique bien ancrée dans  l’évangile de Marc que l’on ne peut occulter. 

       De différents cas de l’incompréhension chez Marc 


   En général, les conflits naissant de l’incompréhension sont souvent au risque, pour celui qui ne comprend pas ou qui est incompris, de se replier sur lui-même ou d’en venir à l’agressivité. Toutefois, il faut savoir que ne pas comprendre, c’est avant tout poser la question du « pourquoi », et ainsi aller vers l’autre en quête du savoir. Mais chez Marc, deux cas d’incompréhension se révèlent : le premier cas concerne les disciples de Jésus.  Leur incompréhension favorise l’échange avec Jésus par le biais du questionnement, tandis que le deuxième cas, ce sont les pharisiens dont l’incompréhension est source de multiples controverses entre eux et Jésus. Dans ce second cas, à titre d’exemple, les pharisiens ne supportent pas le bon accueil que Jésus réserve aux pécheurs (Mc 2.16). Ce type d’incompréhension empêche la communication paisible avec Jésus. Dit autrement : les pharisiens n’arrivent pas à accéder à la compréhension des paroles et au sens des actes de Jésus et cela débouche sur de multiples conflits. C’est dire que ne pas comprendre ce n’est alors pas la reconnaissance de ne pas savoir, mais c’est de ne pas accéder à la vérité ou au sens d’une conception différente de la sienne. L’incompréhension des pharisiens  favorise ainsi directement  les illusions et par là même le refus de se remettre en question, ce qui conduit à l’immobilisme dénoncé par Jésus : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes.  Il leur dit encore: Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition » (Mc 7.8-9). Face aux pharisiens qui présentent un front uni à la nouveauté et figurant l’immobilisme, ici comme dans d’autres évangiles, la prise de Parole de Jésus se détache avec netteté de la rhétorique pharisaïque. Car, les pharisiens tenaient leurs discours par un jeu de discriminations plus sociales que morales. Il ne faut pas non plus ignorer que la société où vivait Jésus était un vaste monde où régnaient des exclusions  humaines et religieuses. Pour les juifs très soucieux de pureté légale,  tout contact physique avec les pécheurs publics était prohibé. C’est ainsi que la levée de toutes ces exclusions par Jésus était devenue une source d’incompréhensions des pharisiens. Une incompréhension qui nourrissait en ce sens la passivité de leur esprit, qui ne réfléchissait plus, et n’acceptait aucune réforme. 


Enfin, toutes ces incompréhensions relevaient des autorités de divers types (religieux, morales ou même politiques) qui étaient plus ou moins directement responsables de l’élimination de Jésus. Il faut aussi noter que l’incompréhension était plus nette du côté de la famille de Jésus (3.21, 31-35) qui considérait qu’il a « perdu la tête » (exeste, aor.2 de existemi : être hors de). Jésus manifestait d’ailleurs à cette occasion que la rupture était réelle avec sa famille naturelle. Il ne reconnaissait plus en effet ni mère, ni frères sauf en la personne de celles et ceux qui, en cercle autour de lui, font la volonté de Dieu. Cette démarche suscitait une véritable opposition à l’Evangile du Royaume que Jésus proclamait en paroles et en actes et dont personne ne comprenait le sens.

     Par contre, concernant les disciples de Jésus, l’incompréhension n’est pas un obstacle ni une source de conflits. Car, leur incompréhension est accompagnée de la volonté de progresser, d’interroger  leur maître pour mieux comprendre (Mc 9.28-29 ;33-37,38).  Cette incompréhension ne porte pas préjudice aux relations humaines parce qu’elle fait preuve d’ouverture d’esprit pour écouter et intégrer une partie de la conception de leur Maître. En ce sens, au lieu des conflits, l’incompréhension multiplie les échanges et s’inscrit dans une quête infinie d’une meilleure compréhension, laquelle peut être obtenue par une analyse sans cesse actualisée de l’expérience. L’incompréhension doit être comprise ici comme un tremplin vers plus de compréhension. Elle oblige le sujet à être actif et continuellement se remettre en question. Dans ce cas-là, la compréhension statique et immuable ne peut être obtenue puisque l’expérience agit en permanence entre le sujet et  le monde. 

In fine, la recherche de compréhension afin de pallier l'incompréhension était une conquête indéfinie pour les disciples de Jésus. Ils en ont retiré d’ailleurs une plus grande liberté et responsabilité.   Mais, pour être capable d'aller de l'incompréhension à la compréhension, il faudra d'abord acquérir une certaine humilité pour mieux être à l'écoute de l'autre. Dans le cas contraire, l'incompréhension ne peut que générer des malentendus, des conflits ou des controverses. C'est la cas des pharisiens et des autorités juives. 
Que chacun de nous cherche à comprendre l'autre avant de le juger !!

Prof. Jimi ZACKA
Exégète, Anthropologue

lundi 6 mars 2017

LA VENGEANCE SELON PAUL (Rm12, 14.17-21)



Introduction

Vengeance. Un acte de renvoyer à l'autre ce qu'il nous a fait, en pire, on veut faire souffrir l'autre comme on a souffert. C'est une riposte à une offense. C'est la seule possibilité a posteriori quand on se sent offensé par l'autre. Elle peut être libératrice. Car, on veut faire souffrir à son tour, se sentir en position de supériorité à son tour. On veut pouvoir se laver de l'offense dont on est victime. Après on sent que justice a été faite. Mot assez fort, relatif à des sentiments mauvais, comme la profonde amertume.  Peut-on penser  la vengeance ? La vengeance peut-elle avoir une justification éthique ?

  Par l’étude du texte de Rm12, 14.17-21, nous tenterons de répondre à la question en traversant de différentes littératures juives, vétérotestamentaires. 

     S'interroger sur la vengeance, c'est se poser la question du sens possible de certains actes humains alors même que la « morale » de l'époque les réprouve.  Pourtant, dans la nature humaine, se venger est quelque chose de quasiment normal. C’est un aspect bestial, qui ne demande pas de réflexion. Cependant,  la préméditation est quand même très présente dans la vengeance. Donc en fait, il n'y pas de réflexion si ce n'est celle qui consiste à trouver le moyen de se venger. 

La vengeance dans les textes vétérotestamentaires

     Les problèmes liés à la vengeance apparaissent très tôt dans les textes bibliques. Dès que Caïn a tué Abel, il redoute une vengeance : « si quelqu’un me trouve, il me tuera » (Gn 4.14). En fait, la première loi postérieure à la chute qui va être instituée n’est pas créée pour protéger Caïn des autres, mais pour le protéger de sa peur des autres. Caïn projette ses sentiments meurtriers sur les autres et, du coup, il a besoin de la loi pour s’en protéger. 

     Il n’en demeure pas moins qu’alors que l’idéal plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et déjà présent dans le Lévitique (19.17) est « Tu ne te vengeras pas ». Dieu, pour rassurer Caïn, institue la règle : « Si quelqu’un tue Caïn, on le vengera sept fois » (Gn 4.15). Quelques années plus tard un descendant de Caïn, de nouveau, suite à un meurtre, énonce un châtiment encore plus dissuasif : « Caïn sera vengé sept fois, et Lémel soixante-dix-sept fois » (Gn4.24).

  Peu à peu, au fil des ans, cette dimension de la vengeance va être atténuée par les textes législatifs, se rapprochant ainsi, progressivement, de l’idéal. Ce sera d’abord le système de Talion qui proportionne la vengeance au méfait commis. On n’a plus, cette fois-ci, de multiplication par sept ou par soixante-dix sept. Par rapport au code d’Hammourabi, la Loi juive présente une avancée. En effet, le code d’Hammourabi proportionne la peine à la qualité sociale de la personne offensée (code d’Hammourabi, 196-214) : personnage haut-placé, homme du peuple, ou esclave. La Torah, plus égalitaire, ne fait pas cette distinction, renvoyant l’offenseur à un autre qui est son semblable quel qu’il soit, pour lui faire prendre conscience de la peine causée. La vengeance est ordinairement exprimée dans l'Hébreu sous le nom de consolation ; et quoique saint Jérôme ait ordinairement mis le mot de venger, il n'a pas laissé quelquefois de côté les termes exprimant l'idée de consoler ou de consolation dans le sens de vengeance. Par exemple (Esaie 1 :24), les Machabées : (2Mac 7 :6) Et dans Esaïe, (Esa 57 :18). Mais les exemples en sont bien plus fréquents dans l'Hébreu.

     Le système juif prévoit  l’épuisement de la vengeance dans le cas où le meurtre commis est involontaire. Des villes refuges sont disposées sur le territoire d’Israël où le meurtrier peut s’enfuir (Nb35). Il subit une certaine forme de vengeance puisqu’il doit rester cloîtré dans cette ville pendant de nombreuses années mais il n’est pas mis à mort. Enfin, l’exemple historique de David vient témoigner d’un au-delà possible de la vengeance quand il renonce à tuer Saül son ennemi, pourtant à sa merci (1 S 24.1-23 ; 26.1-25). Ainsi, par évolutions successives, on se rapproche de l’idéal (la non-vengeance) posé par le Nouveau Testament.

     Comme le peuple de l’Ancien Testament, les premiers chrétiens de la Nouvelle Alliance vivaient aussi un affrontement avec des ennemis.  Et, nous vivrons également cette situation jusqu’à la fin des temps. S’il leur est défendu de se venger (Mt 5.38), peuvent-ils alors attendre la vengeance de ce Dieu qui a fait alliance avec eux et s’est, par-là, engagé à être leur Protecteur ? Peuvent-ils appeler Dieu à la vengeance contre leurs oppresseurs ? Ou faudrait-il rejeter loin toute pensée en rapport avec la vengeance et s'appliquer à pardonner soixante-dix fois sept fois

     En tout cas, une chose est sûre : même si nous faisons l’effort de pardonner, il est quelque chose qui reste ancré dans notre nature et qui peut nous pousser à remettre en cause le pardon que nous avions donné, surtout quand l’offenseur continue à enfoncer le clou. C’est l’esprit de vengeance. Comment alors pardonner et renoncer à tout désir de vengeance, si nous entendons la vengeance comme le fait de rendre à l’autre le mal qu’il nous a fait ? Autrement dit, comment concilier le pardon à donner à ceux qui nous font du mal et l’esprit de vengeance qui semble inhérente à la nature humaine ? 

La vengeance dans Rm12, 14.17-21


     L’apôtre Paul, dans Rm12, 14.17-21, semble non seulement nous parler d’un Dieu de vengeance, mais aussi nous inviter à coopérer à cette vengeance divine : « Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez, ne maudissez pas. Ne rendez à personne le mal pour le mal, appliquez-vous à bien agir aux yeux de tous les hommes. Autant que possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous faites pas justice à vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu. Car l’Ecriture dit : À moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire : ce sera comme si tu entassais sur sa tête des charbons ardents. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Rm12, 14.17-21).. Comment comprendre cet enseignement de l’Apôtre Paul ?  

     Ce que dit l’Apôtre Paul s’inscrit dans la suite des paroles du Christ : « aimez vos ennemis » (Mt 5.43-48). Mais en disant cela, il ne rompt pas définitivement avec la notion de « vengeance ». La formule de « ne pas rendre le mal parle mal », mais de « vaincre le mal par le bien » revient ailleurs dans le Nouveau Testament, telle quelle, ou sous des variantes (1 Th 5,15 ; 1 P 3,9 ; Mt 5,38-42 ; Lc 6,29 ; 3 Jn 11)15. On peut en trouver des formulations approchantes dans la morale stoïcienne. Le judaïsme quant à lui ne demandait pas expressément d’aimer les ennemis, mais seulement de ne pas se venger soi-même. Paul, ici, va plus loin, puisqu’il demande de les « bénir ». C’est la nouveauté des évangiles (Mt 5,43-44 ; Lc 6,27-35): "bénir son ennemi".

     Mais alors comment rendre compte des v. 19-20, qui parlent d’« entasser des charbons ardents sur la tête » de l’ennemi ? Paul vient de citer d’abord (v. 19) un passage du Deutéronome (cf. Dt 32,35), où le Seigneur déclare que la vengeance et la rétribution sur les ennemis de son peuple sont de son ressort ; il ne convient pas de s’en mêler, ce serait empiéter sur la seule responsabilité divine ; c’est donc d’abord pour décourager toute idée de vengeance humaine que Paul utilise ce texte du Deutéronome. Mais ne pas se mêler de la justice divine est une attitude négative de retenue qui ne suffit pas à l’Apôtre. Il veut inciter à une attitude positive d’amour et s’appuyer encore pour cela sur un texte de l’Écriture. Il trouve à propos une sentence des Proverbes qui concernait l’ennemi personnel à cause de l’attitude positive qu’elle demande.

     On ne peut certes exclure l’idée d’un jugement divin qui ne laissera pas le mal impuni. Mais faut-il supposer une finalité entre ta bienveillance et son châtiment ? Il faut tenir compte du contexte dans lequel Paul amène cette citation de Pr 25,20 : il appelle à « bénir ». Le souci de l’Apôtre est de laisser à chacun son rôle : « toi, aime le ; quant à la rétribution, c’est Dieu qui s’en charge, ce n’est pas ton affaire… ». En d'autres termes, les enfants de Dieu se vengent par procuration, celle de Dieu mais en faisant du bien à leur agresseur. C'est le seul élément enclencheur de cette vengeance. 

  La citation de Pr 25 est amenée exprès pour les gestes de charité qui s’y trouvent recommandés, en laissant une fois de plus à Dieu seul le souci de la rétribution qui convient. L’accent n’est pas sur le jugement qui revient à Dieu, mais sur le comportement de bienveillance demandé à l’homme. C’est précisément la conclusion : « Ne sois pas vaincu par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (v. 21)22. Elle récapitule la séquence (v. 9-21) en identifiant le bien auquel il faut s’attacher (l’amour, 12,9) et le mal qu’il faut détester (l’absence d’amour). Le chrétien serait vaincu par le mal, s’il n’aimait pas, alors même qu’on lui fait du mal.


Conclusion


     Ainsi, pour interpréter Rm 12,14.17-21 sans y voir une référence à des persécuteurs externes, mais aux tensions internes et donc sans rompre l’unité d’une séquence consacrée tout entière à la communauté chrétienne, on peut produire un bon nombre de textes de littérature juive. Lv 19:17-19 (NBS) : « Tu ne détesteras pas ton frère dans ton coeur ; tu avertiras ton compatriote, mais tu ne te chargeras pas d’un péché à cause de lui. Tu ne te vengeras pas ; tu ne garderas pas de rancune envers les gens de ton peuple ; tu aimeras ton prochain comme toimême. Je suis le SEIGNEUR. ». Et quant à ce qu’il a dit : Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas rancune aux fils de ton peuple – tout homme d’entre les membres de l’Alliance qui introduira une cause contre son prochain sans l’avoir réprimandé devant témoins, ou introduira cette cause dans l’ardeur de la méchanceté, sera puni » (Document de Damas IX, 2-5). 

     En Romains 12, 14.17-21, Paul appelle à des comportements de justice, d'amour, d’engagement de soi par conscience, devant Dieu, et non pas par crainte servile. Le but est  de surmonter l’esprit de vengeance et d’aimer son prochain. Éventuellement cela conduira à des pratiques d’affranchissement de soi et de l’autre. En effet, Désir, pulsion, envie, projet de vengeance ne semblent plus avoir aucun droit d'entrée chez nous, en tant qu’enfants de Dieu. La seule condition de faire appel à la vengeance divine, c'est d' "aimer", de "bénir", de "ne pas faire justice soi-même", de "nourrir " son ennemi.

     Au regard de tout cela, à chacun de trouver, in fine,  son chemin de reconnaissance et d'existence face à la violence de l'autre, reconnaissance de l'autre comme un soi, et de "soi-même comme un autre" selon le mot de Ricoeur, autre comme vu par les autres, mais aussi comme encore et toujours un peu inconnu à soi-même. Il y a certainement d'autres réponses à chercher que la vengeance primaire, qui, renvoyant autant de nuisance à la violence, n'a pas de justification éthique : ne pouvant être un projet de vivre son humanité sereinement avec d'autres.



Prof. Jimi ZACKA
Exégète, Anthropologue