lundi 25 décembre 2017

JOSEPH, L’AUTRE PERE DANS L’OMBRE


La naissance d’un enfant est le prolongement existentiel de ses parents, notamment celui du père et de la mère. C'est dans ce sens que, Hannah Arendt  souligne avec raison que : « l’homme se caractérise par l’enfantement ; il ne se contente pas de se reproduire, il engendre du nouveau ». En d'autres termes, l'homme survit dans la continuité par le biais de sa propre progéniture, de sa descendance. Car, il laisse inéluctablement un patrimoine génétique à celle-ci.C'est dire qu'un homme se trouve représenté dans ses enfants. La vie d'un homme se perpétue dans ses descendants.
     C'est pourquoi, d'ailleurs, dans les sociétés africaines, c’est la présence effective des géniteurs qui détermine l’identité de l’enfant pour assurer cette continuité. De même, connaître sa filiation complète en connaissant son père et l'histoire de sa famille permet à l'enfant de se sentir relié à l'humanité. Et par dessus tout, un enfant a besoin de l'amour de son père qui, combiné à celui de de la mère le rassure, le réconforte et lui offre stabilité et joie de vivre plus intense.   Un enfant n’ayant pas son père,  est regardé autrement et fait l’objet de plusieurs interrogations. Il apparaît comme un enfant inachevé. Dans certaines familles, la naissance d’un enfant est parfois acceptée avec doute à cause de la dissemblance physique, de la différence de couleur de la peau,  des circonstances prénatales illégitimes, etc. Et, au fond, tout géniteur se trouvant face à ce dilemme d’une manière ou d’une autre peine à accepter l’enfant.  Pas d’adoption, pas d’engagement, pas d’amour, pas de reconnaissance. C’est dans cette optique que nombreux sont ceux qui se plaignent de la situation de Joseph. Comment peut-il être père sans être père biologique ? En effet, la naissance de l’Enfant Jésus a suscité tant d’interrogations : Qui est véritablement son père ? Que peut-on dire de Joseph ? Où se situe la paternité de Joseph par rapport à la naissance de Jésus ? Peut-on dire que sans Joseph, rien n'aurait été possible ? Tant de questions qui taraudent l’esprit des communs des mortels et méritent des réponses. Car, ceci pourrait expliquer certaines des attitudes que les Évangiles prêtent à Jésus qui se serait vu, à tort ou à raison, comme un bâtard né de père inconnu. Notons que c'est dans les Evangiles de Matthieu (Mt) et de Luc (Lc) qu'il faut trouver la première apparition de Joseph.
     C’est dire que pour parler de la naissance de l’enfant Jésus, nous avons besoin de Joseph,  même si dans les deux Évangiles (Matthieu et Luc) où il est mentionné, il demeure silencieux[1]. Les deux Évangiles ne montrent guère non plus les relations entre Jésus et Joseph. Mais, l’ombre protectrice de Joseph est la condition de l’engendrement de Jésus. C’est sous cette « ombre » que l’Enfant va être né et grandir comme tout autre enfant juif. Du coup, nous remarquons que la paternité de Joseph n’est pas celle que l’on attend. Elle est toute autre chose, au-delà de toute notion biologique. Mais il y a également un autre fait à souligner. Que Jésus soit l'enfant de Marie ne fait pas de doute, mais on ne sait rien des ancêtres de Marie. Si le Messie doit être fils de David, selon l'ancienne promesse de Nathan (2 S 7), ce ne peut être par elle, mais par Joseph. Or, les deux généalogies s'accordent pour voir en Joseph un descendant de David. Joseph est l'époux de Marie; par trois fois, le texte le souligne : « accordée en mariage à Joseph », « Joseph ton époux », « Marie ton épouse ». Mais « avant qu'ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint ». Matthieu veut ainsi faire reconnaître en Jésus non seulement le fils de David, l'héritier de la promesse, mais aussi le fils de Dieu. Comment ? Il ne lie pas Jésus à Joseph. Au contraire, il parle toujours de Joseph d'une part, et de « l'enfant et sa mère » d'autre part. Il affirme surtout par deux fois l'action de l'Esprit de Dieu : « Elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint » (Mt 1,18). « Ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint ». L'enfant est donc issu de la puissance créatrice et novatrice de Dieu (v.20).
     Toutefois, étonnant est ce mystère que nous sommes également invités à contempler : c’est en Joseph que Dieu va déposer toute son autorité paternelle (Mt 1.20). Joseph est celui qui sera en charge de donner le nom à l'enfant :"tu lui donneras le nom de Jésus" (Mt 1.21).  C’est dire que c’est en Joseph que nous découvrons l’autre figure paternelle, qui n’est pas, cette fois-ci, celle des hommes mais celle de Dieu. En effet, bien qu’étant dans l’ombre, Joseph porte la responsabilité paternelle de Dieu pour accomplir une mission déterminante dans l’événement de la nativité. Cette délicate mission s’articulera, entre autres, sur deux registres : la protection et l’éducation de l’enfant. 
     Nous trouvons ici chez Matthieu les trois volets par lesquels Joseph aura une paternité affirmée. Le premier est l’annonce de la naissance de Jésus (Mt 1,18-24). Ensuite, l’intervention de l’ange du Seigneur auprès de Joseph pour le prévenir des intentions homicides d'Hérode (Mt 2,13-15). Ces deux premiers volets relatent le choix de renoncement opté par Joseph, qui fait de lui un père protecteur. Enfin, le dernier volet est allusif au type d’éducation que Joseph va inculquer à l’Enfant Jésus comme tout autre père juif  (Matthieu 13, 55-56).

1.       Joseph, le père protecteur

     Dès le début, la vie de Joseph n’est que renoncement pour que l’Enfant puisse être protégé, grandir et prendre sa dimension d’homme. Il va ainsi se soustraire de ses vains désirs. En Mt 1,19 « Joseph, ... qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle ». Tel fut le premier renoncement de Joseph afin de protéger la nature de l’enfant « car, l’enfant… conçu vient du Saint-Esprit » (v.20), cette rupture est corroborée ensuite par le v.25,  Joseph « …ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus ». Ainsi, le dévoilement progressif de la personne et du rôle de Joseph est en corrélation étroite avec le renoncement afin de ne pas dénaturer la conception de l’Enfant. L’un ne va pas sans l’autre. Plus il renonce à "connaître" sa fiancée, plus il prend conscience de préserver l'Enfant dans l'accomplissement de la prophétie. C’est ainsi qu’il va aussi renoncer à ses activités du charpentier, lorsque l’Ange interviendra pour lui annoncer les intentions meurtrières d’Hérode : « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte et restes-y jusqu’à ce que je te dise. En effet, Hérode est sur le point de chercher l’enfant pour le faire périr » (Mt 2.13). Joseph est, une nouvelle fois, le seul acteur : il prend en charge Marie et Jésus comme un père protecteur, et obéit à l’ordre de l’ange du Seigneur. Ainsi, pour mieux assurer la protection de l’Enfant, « Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte » (Mt 2.14).
     Le renoncement de Joseph ici, en tant que père, est quelque chose de clair, de décisif, de déterminé et de définitif. Son renoncement n'est pas un positionnement vacillant mais c'est un choix qu’il a pris pour, enfin, s'occuper de l’enfant.
        Et, c'est ici que nous apprenons que l'amour d'un père pour son enfant est voué dès le départ au renoncement, cela veut dire que les parents doivent grandir avec leurs enfants, en même temps qu'eux. 

2.      Joseph, le père éducateur 

     Avant que Jésus ne soit baptisé, on ne sait pas trop ce qu’il faisait[2] mais logiquement, il avait la même activité que son père adoptif, Joseph. Celui-ci était charpentier, et d’ailleurs à Nazareth, sa ville d’origine, personne ne veut voir en Jésus quelqu’un d’autre que le « fils du charpentier » (Mt 13,55) ou le « charpentier » lui-même (Mc 6,3). D’ailleurs,  cela le rend incapable d’y opérer des miracles (Mt 13,58).
     A part les récits de sa naissance, et un épisode au Temple de Jérusalem[3], rien n’est dit dans la Bible sur sa vie d’avant 30 ans, comme si son histoire commençait à son baptême, qui lui permet d’assumer explicitement que Dieu soit son Père qui l’aime. Pourtant, comme la plupart des pères juifs, Joseph « le charpentier », humble artisan ouvrier du bois, travaillant laborieusement pour sa famille aurait appris ce métier à son fils. Car, dans le judaïsme, apprendre du travail  à un fils a une portée éducative. Une maxime juive la confirme : « Celui qui se relâche dans son travail est frère de celui qui détruit[4] ».  L’apprentissage du travail du charpentier à Jésus apparaît ainsi comme un aspect éducatif d’un « père » à son « enfant » rappelant ainsi une autre maxime juive « quiconque n’enseigne pas à son fils un métier l’enseigne à devenir voleur »[5].  Faut-il aussi rappeler que la plupart des grands personnages de la Bible et de la littérature juive étaient des travailleurs souvent manuels : Moïse, David,  Elisée, Amos, etc.
     Mais comme dans toutes les familles juives où les enfants apprenaient[6], en outre, la lecture, l'écriture, et surtout la musique et la danse, pour lesquelles les Hébreux avaient le goût le plus vif[7], l’on présume que Jésus a suivi la même éducation sous l’emprise paternelle de Joseph. De plus, soulignons-le, la culture intellectuelle ou le développement physique ne sont que des accessoires dans l'éducation des Hébreux ; ce qui en forme la base, le principe, c'est l'enseignement moral et religieux. Car, chez les Hébreux, l’éducation consiste à former  l’homme parfait, c’est-à-dire, l’homme pieux, vertueux,  capable d’atteindre l’idéal du peuple hébreu, tracé par Dieu lui-même, en ces termes : « Soyez saints comme moi, l’Eternel, je suis saint[8] ». Mais surtout, on inspirait aux enfants l'amour du travail, la honte de la paresse, la répugnance pour les plaisirs malsains, la bonté envers les pauvres et les malheureux, et surtout la crainte de Dieu, commencement de toute sagesse.
     Le père et la mère cherchaient à leur inculquer ces sentiments, soit par des instructions directes, comme celles qu'adresse à son fils la mère de Lemouël[9], soit par des sentences empruntées aux Sages, soit sous forme de masals, c'està- dire de paraboles ou d'énigmes. La bienveillance, la douceur présidaient à ces leçons, qui étaient données dès la plus tendre enfance. Car, selon le précepte de la Bible, il faut diriger l'enfant, dès les premiers pas, dans la voie où il doit marcher devenu homme[10].
Instruction et Travail, voilà donc, en résumé, tout le système d'éducation des pères de famille juive selon le Talmud. C'est qu'ils savaient, les parents clairvoyants, que la culture intellectuelle jointe à l'amour du travail sera la force avec laquelle le peuple juif vaincra toutes les difficultés et brisera tous les obstacles. C’était une responsabilité lourde, mais combien  délicate pour Joseph. 
« Tel père, tel fils », disons-nous souvent en constatant l’influence de l’éducation paternelle sur les actions de l’enfant. De son père Joseph, Jésus a reçu une éducation humaine, spirituelle et professionnelle.

Conclusion
     De tout ce qui précède, nous concluons que la mission paternelle confiée à Joseph n’était pas aisée. Comme père dans l’ombre, il  appartient à ce personnage anonyme qui  ne cherche pas à « paraître » mais à « être »pleinement ce qu’il est et appelé à être, là où il est, au quotidien. Dans l'ombre, il a modestement contribué à la croissance physique et spirituelle de l'Enfant Jésus tout en restant silencieux.
Par ailleurs, pour Joseph, la paternité est bien plus que biologique, c'est le lien affectif qui unit un père à son/ses enfants, donc une relation exemptée de sexualité. Rabaisser ce lien en y intégrant du sexe, c'est dénaturer le vrai sens de toute paternité.  Le père est celui qui non seulement s'occupe de la famille, mais éduque également son enfant en lui enseignant les valeurs spirituelles et culturelles, permettant à ce dernier de construire sa propre identité. Par dessus tout, un enfant a besoin de la protection de son père.
     Concluons que de son nom Joseph qui signifie « Dieu accroîtra ma descendance », il a pu créer l'espérance en son Fils Jésus. Joseph incarne aussi la confiance en Dieu. C'est une figure tournée vers la fécondité spirituelle. Modèle de l'adoption, il dépasse le patriarcat de son époque qui était très soucieux des liens du sang. Il est le modèle de l'adoption réussie, et c'est très fort, pas seulement pour des relations entre parents et enfants, mais pour toutes les relations humaines : il est un modèle pour un père qui doit protéger ses enfants quelles que soient les circonstances, pour tout éducateur qui a la responsabilité de faire croître ce qui est encore inachevé.

Prof. Jimi Zacka
Exégète

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jimi_Zacka

P.S. : La rédaction Thephila.com prévient les lecteurs contre toute utilisation de ses textes ne mentionnant pas la source et le nom de l’auteur de l’article comme cela a pu être arrivé en plagiant.

   




[1] Mentionné par Luc et Matthieu, et seulement au début de leurs Évangiles, Joseph est le grand silencieux des Écritures.
[2] Le grand silence de l'Ecriture en ce qui concerne la vie de Jésus, c'est son enfance et son adolescence : de l'âge de 12 ans à l'âge d'environ 30 ans ; si ce n'est cette expression très importante de Luc 2: 52 « Et Jésus croissait en sagesse en stature et en grâce ». 

[3] Lc 8, 42
[4] Cf. Ps 18,9.
[5] A. Cohen, Le Talmud,  trad. J. Marty, Paris : Payot, 1958,  p. 249.
[6] A propos de l’éducation des enfants juifs, lire J. Simon, L’éducation et l’instruction des enfants chez les anciens Juifs, Paris : Sandoz et Fischbach, 1979.
[7] 1 S 16,8; Jg 21,20; Lam 5.14.
[8] Lév 19, 2.
[9] Pr 31
[10] Pr 22,6

dimanche 10 décembre 2017

JERUSALEM : VILLE SAINTE OU CONTROVERSEE ?


Introduction

     Quelqu’un me disait un jour : « A Jérusalem, on est très prudent le matin ; par superstition : ce sont généralement les premiers faits et gestes de l'aube qui façonnent le reste de la journée ». Cette assertion dénote combien cette ville est chargée de paradoxes, de superstitions et implicitement d'idolâtries depuis des lustres et fait toujours l’objet de conflits jusqu’à de nos jours. La récente décision de Donald Trump  déclarant Jérusalem comme capitale d’Israël en dit long. Car, sur le plan politique, la ville de Jérusalem a toujours été un lieu de conflits et de discordes entre les nations (Ezechiel 5.5).

     Mais pourquoi appelle-t-on Jérusalem « ville sainte » ? Au-delà de sa trajectoire historique,  c’est parce qu’il y a trois édifices pour trois religions : l’Eglise du Saint-Sépulcre, le dôme du Rocher, la grande synagogue de Belz. Trois religions monothéistes (Christianisme, Islam et Judaisme) qui n’ont pourtant pas toujours su cohabiter en toute harmonie. Un paradoxe pour cette cité dont le nom signifie pourtant « ville de la paix » ou « la paix apparaîtra » et qui n’a jamais connu de paix.

Bref aperçu historique

     Car, l’histoire de cette ville est aussi mouvementée que controversée. Mais, pour la comprendre, il serait mieux de réviser son histoire. L’ancien nom de Jérusalem était « Jébus » et ses habitants étaient les Jébusiens. Ceux-ci faisaient partie des populations idolâtres dont l’iniquité s’était développé au point que l’Éternel en décida la destruction quand cette iniquité fut venue à son comble (Gen. 15:16 ; Josué 11:3, 6, 20 ; 12:10 ; Deut. 18:12 ; voir 2 Pierre 3:7 pour le jugement correspondant sur le monde actuel). Les Jébusiens subsistèrent un temps après la conquête du pays par Josué (Juges 19:11). Le choix d’Israël, par l’Éternel, pour habiter ce pays à la place des Cananéens n’était pas dû à ce que Israël était un peuple meilleur, mais dû à ce que l’Éternel a aimé Israël (Deut. 7:7-8; 2Chr 6.6). 

    Plus tard, la ville fut prise par David après qu’il ait été reconnu comme roi par tout Israël (1 Chr. 11:4-9 ; 2 Sam. 5:6-9). Jérusalem comprenait la forteresse de Sion. Il décida d’y fonder sa cité au Xe siècle av. JC. Son fils Salomon avait pour mission d’élever le premier temple de pierre sur la plus haute colline, en l’honneur du Dieu d’Israël, Yahvé. Mouvementée par les conquêtes grecques puis romaines, la capitale juive s’est trouvée bientôt détruite à partir du Ier siècle av.JC. La population juive y est interdite. Elle gardait toutefois en mémoire le souvenir d’une ville, berceau de la religion du roi David. Malgré l’absence du temple, les juifs jetés aux portes de la ville bénissaient quotidiennement Jérusalem dans leurs prières. En l’attente d’un retour en terre promise huit siècles plus tard.


Aujourd’hui, les Juifs réclament la Palestine occupée comme leur terre et Jérusalem comme son "éternelle et indivisible capitale". Ceci est basé sur leur présence à Jérusalem il y a plus de 2000 ans.


Pourtant, l’argument comme quoi les Juifs ont tous les droits sur Jérusalem et la Palestine à cause de leur présence en ce lieu il y a des milliers d’années présente néanmoins des failles. Un tel argument, si appliqué pour toutes les Nations, voudrait dire que par exemple, le gouvernement des États-Unis doit restituer l’Amérique aux Autochtones américains qui étaient les premiers habitants du territoire. Et demander cela aux américains, ne daterait pas de milliers d’années auparavant mais de trois cent ans.

Jérusalem et sa portée spirituelle 

Sur le plan spirituel, Jérusalem est  devenu un lieu de prière et de pèlerinage pour les Juifs à cause des seuls vestiges du Second Temple de Jérusalem, qui était le seul lieu sacré des anciens Juifs et détruit par les Romains durant l’année 70.


Aujourd’hui, le mur fait partie d’un plus grand mur qui entoure le Dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa. Les Juifs prient ainsi pour la reconstruction du Temple. Le mur est aussi connu sous le nom du mur des Lamentations. Le terme a été inventé par des voyageurs Européens qui ont vu les vigiles affligés des Juifs devant la construction. Quand on apprend des affrontements entre les Juifs et les Musulmans, le terme "Temple Mount" est souvent utilisé.

Le mur des lamentations est également devenu un lieu de prière où l'inflation de croyances superstitieuses à un exaucement absolu va bon train (surtout, lorsqu'on met de bouts de papier portant des sujets de prière dans les fentes du mur), contrairement à ce que Jésus disait à la femme samaritaine: "l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père...Mais l'heure , et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande" (Jn4.21, 23).

 Du côté des chrétiens, la ville de Jérusalem apparaît à plusieurs reprises dans la Bible (771x) et surtout comme lieu cultuel, notamment dans l’Evangile de Jean. Jésus s’y rend pour la fête de la Pâque et y vit ses derniers jours sur terre, jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection (Jn 12.12-19.1-37).

Plus tard, c’est l’empereur chrétien, Constantin, qui le premier, a érigé les premiers lieux saints en souvenir des derniers jours du Christ. La ville devient alors au IVe siècle une ville de pèlerinage pour les chrétiens. Aujourd'hui, Jérusalem est devenu la clé de la foi de beaucoup de chrétiens. Car, Jérusalem est la ville où Jésus a été persécuté et crucifié par les Romains, soutenus en cela par les Juifs. Pour un chrétien, aujourd'hui, être à Jérusalem, c'est comme le musulman qui foule le sol de la Mecque.

     Chez les musulmans, Jérusalem n’est mentionné qu’en troisième position dans la hiérarchie des villes saintes, après Médine et La Mecque. Mais avant de se tourner vers La Mecque pour prier, le prophète Mahomet dirigeait ses prières vers Jérusalem (Qibla). C’est d’ailleurs de là que le prophète aurait effectué son « voyage nocturne » avant de revenir à La Mecque pour raconter cette expérience mystique. Pour les musulmans, Jérusalem représente l’aboutissement de leur spiritualité.

Par ailleurs, au coeur même du point de vue Coranique qui concerne la destinée de Jérusalem, ainsi que de la Terre Sainte, il est déclaré le fait que lorsque le compte à rebours final arrivera, dans la Dernière ère, les Juifs seront récupéré de la Diaspora au sein de laquelle ils ont été dispersés, et dans laquelle ils ont été consignés ; puis ils seront ramenés en Terre Sainte comme des foules mélangées (Coran, Banu Isra’il 17 :104). 


Cette promesse Divine a déjà été accomplie. Les Juifs sont déjà retournés en Terre Sainte, et l’ont revendiquée ! Leur succès les a menés a croire en la légitimité religieuse de l’Etat d’Israël qu’ils ont crée. L’Islam explique que cet Israël ne possède aucune légitimité religieuse. Par contre, les Juifs ont été trompés par la plus grande des supercheries à laquelle l’histoire ait assisté, et la scène est désormais installée pour qu’ils reçoivent le plus grand des châtiments divins ayant été infligé à qui que ce soit. Mais avant ce châtiment divin des Banu Isra’il, un grand drame qui est sur le point de se produire, aura lieu en Terre Sainte, et même dans le monde. Ce livre décrit une partie de ce même drame qui est toujours en cours.


 En effet, l’objectif fondamental de la vision musulmane est d’illustrer le fait que l’Islam a une vision différente du processus historique en ce qui concerne la Terre Sainte. Dans celle-ci, le temps passe très vite pour Israël. 

C'est dire qu'en dépit de la situation apparemment déprimante des Musulmans en général et des Palestiniens en particulier, ils ont une grosse dose d’optimisme quant à l’avenir ; une lumière éclatante qui brille au fond du sombre tunnel de l’histoire. L'occupation de Jérusalem par les Israliens  est l’époque au cours de laquelle les prophéties du Saint Coran et des Hadiths Bénis se déroulent sous leurs yeux afin de prouver à l’humanité la véracité de leur foi.

Et selon eux, tout comme a dit le Prophète: "les pires ennemis de l’Islam dévorent actuellement nos pays comme s’ils étaient un groupe d’affamés invités à un énorme banquet. Et Allah ta’ala Lui-même nous a dit dans son Coran Béni Révélé, que les Enfants d’Israël qui avaient été éparpillés sur toute la Terre durant leur Diaspora, retourneraient en Terre Sainte. Et comme il est indiqué dans le Coran, ils ont en effet commis beaucoup de corruptions et sont devenus puissants et affublés d’une redoutable arrogance. De même que nous avions assisté à ces incidents à l’instar d’un film d’horreur, nous verrons en effet sa fin heureuse imminente qui nous a été prophétisée dans le Coran et dans les Paroles de notre Prophète. Les Musulmans se réveilleront de leur léthargie et les Juifs recevront leur châtiment Divin prescrit. L’Etat Sioniste sera détruit et tout ce qu’ils auront construit sera nivelé." (Cf. Himran, N.Hosen, Jérusalem dans le Coran, New-York, Long Island, 2003).

Jérusalem et sa portée eschatologique

     Sur le plan eschatologique, la ville de Jérusalem incarne une relation tumultueuse entre Dieu et son peuple (Lm.1.8). Plusieurs prophètes ont prophétisé contre Jérusalem. Le Psaume 78 est important pour comprendre le sens de ce que représentait Jérusalem pour Dieu. Son peuple a failli sur le plan moral de manière répétée, péchant contre l’Éternel (v. 17), l’affligeant (v. 41), l’irritant (v. 17, 40, 56) et désobéissant malgré Ses soins persévérants (v. 38, 52-55) et attirant Sa colère (v. 58). En même temps, Jérusalem avait une place extrêmement grande dans le cœur des fidèles, d’autant plus qu’ils réalisaient que le lien qui était le sien avec la grâce de Dieu se jouait dans la personne du Messie Fils de David (Psaumes 122 ; 137:5). 
     Mais au vu de ce qui se passe aujourd’hui, sur le plan politique, que va devenir Jérusalem ? Les événements que nous voyons préparent-ils la restauration glorieuse de Jérusalem ? Que peuvent espérer les Chrétiens?  Les anciens prophètes nous renseignent abondamment sur ce sujet. Nous n’en donnerons que de courts extraits. Zacharie 12 à 14 est particulièrement utile. Zacharie 12:2-3 nous dit : « Je [l’Éternel] ferai de Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour … je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement. En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur les chevaux, et de délire ceux qui le montent … je frapperai de cécité tous les chevaux des peuples ».

     Au vu de ces prophéties si claires,  on est stupéfait de voir les différentes nations s’occuper de plus en plus de Jérusalem aujourd’hui : elles ne peuvent qu’en récolter ce qu’annonce la Parole de Dieu. Comme, par exemple, en Zacharie 12:10-11, il est écrit  « Je [l’Éternel] répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, vers celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique… en ce jour-là il y aura une grande lamentation à Jérusalem ».  D’autres prophéties laissent entendre que Jérusalem sera dominée pendant un temps par des hommes opposés à Dieu et à Christ (És. 28:14-15 ; Daniel 11:36-39 ; Jean 5:43).

Conclusion

    
In fine, Jérusalem apparaît, depuis toujours,  comme une ville beaucoup plus controversée que sainte. Et la question est de savoir si, les chrétiens doivent-ils espérer à la restauration de sa gloire terrestre ? Bien des chrétiens y croient encore, estimant contribuer ainsi à l’accomplissement des prophéties de la Bible. Pourtant, y croire, ce serait méconnaître la vraie nature, l’appel et l’espérance de l’Église qui sont célestes et non terrestres (Phil. 3:5-21 ; Éph. 1:3, 22, 23 ; Col. 3:1 et bien d’autres passages). Il n’y a pas de lieu saint sur la terre pour les chrétiens ; leur patrie est dans le ciel.
     La Jérusalem d’en-haut, qui est notre mère (Gal. 4:26), est la nouvelle alliance (Gal. 4:24) dont les chrétiens bénéficient, même si elle est faite pour Israël (Hébreux 8). La Jérusalem céleste est l’Église, l’Épouse de l’Agneau (Apoc. 21:9). Bien que céleste, elle descendra du ciel d’auprès de Dieu (Apoc. 21:2) pour manifester la gloire de Dieu aux nations (Apoc. 21:23-24).

     Pour nous chrétiens, nous avons l'espérance de vivre un jour dans la "Nouvelle Jérusalem", qui sera l'inverse de l'actuelle Jérusalem empreinte de controverses et de conflits. La véritable ville Sainte sera celle là où « Dieu essuiera toutes les larmes…, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus aussi là ni pleurs, ni cris, ni afflictions, parce que le premier état sera passé »  (Apoc 21.4).


Prof. Jimi P. ZACKA
Théologien, Anthropologue, Auteur