Un sujet
sensible
Depuis des lustres, le débat sur l’engagement du pasteur en politique, suscite tant de passions et fantasmes.
Dès la naissance de l’Eglise chrétienne, on a maintes fois soulevé ces questions : Quel est le rôle du chrétien en politique ? Un membre d’Eglise et l’Eglise elle-même peuvent-ils faire de la politique ? Quelles devraient être leurs relations avec l’Etat et avec les autorités politiques en place ? Quelle doit-être l’attitude du pasteur face à la politique ? Toutes ces questions soulèvent le problème de l’engagement des pasteurs en politique demeurant ainsi un sujet très sensible.
Certains optent pour la non-participation du chrétien en général
et du pasteur en particulier à la politique. Ils se disent presque toujours
apolitiques, c'est la position traditionnelle des chrétiens protestants
centrafricains. Pour cette catégorie de chrétiens, la politique, c'est
l'affaire des mondains, des païens, le chrétien authentique doit s'en écarter.
C'est même inconcevable, selon la grande majorité des chrétiens, pour un
pasteur de s'engager en politique. En effet, pour eux, l’Eglise n’a aucun rôle
à jouer en politique, et que le chrétien, pris individuellement, n’y a qu’une
part minuscule tout au plus. Cette opinion est basée sur la notion selon
laquelle le royaume du Christ n’est pas de ce monde. D’autres soutiennent que
les individus et l’Eglise ont incontestablement des responsabilités
socio-politiques en vue d’améliorer les conditions de vie des citoyens.
D'autres chrétiens vont encore plus loin et prétendent que le but essentiel du
christianisme est de travailler à la création d’un ordre politique chrétien qui
amènera le royaume de Dieu sur terre. Entre les deux, on a toute une variété
d’opinions et l'on ne sait à quel saint se vouer.
Ce débat concerne aussi l'intervention des Eglises dans le champ politique. Certains pensent qu’il est normal, souhaitable voire nécessaire que les Églises, en tant que partie du corps social, prennent part, par la voix de leurs responsables, aux débats de la société et s’engagent dans la vie politique. D’autres, au contraire, contestent la légitimité de toute intervention des autorités ecclésiales dans le champ temporel souvent assimilé à « la politique. Ils y sont opposés par principe, affirmant que les Églises doivent s’en tenir à leur mission spécifique qui est d’ordre spirituel. Ainsi, réagissait par exemple un homme politique :
"Que les évêques fassent leur travail d’évêque,
qu’ils laissent les politiciens faire leur travail de politiciens. Nous ne
discutons pas de pouvoir avec eux"
Malgré tout, depuis 2004, plusieurs pasteurs en Centrafrique,
notamment ceux des Eglises dites de « réveil », montrent un
intérêt inaccoutumé pour la politique. Lors des échéances présidentielle et
législative de 2004, le pasteur Josué Binoua a présenté sa candidature à la
présidentielle, d'autres se sont présentés aux législatives afin d’être élus
Députés ou autres. En 2016, l"apôtre Kapou a eu à manifester le même
désir. Sur la recommandation du Saint-Esprit, selon lui, Dieu lui demande de se
présenter aux élections présidentielles. Pour tout ce que nous avons constaté,
ces pasteurs au goût politique ont fait piètre figure dans leur
nouvelle expérience. Ils n'ont connu aucune victoire. Ils n'ont pas, non plus, montré qu'ils
étaient « sel et lumière »
pour assaisonner le monde corrompu et ténébreux de la politique centrafricaine.
Et beaucoup de questions taraudent, aujourd’hui l'esprit des citoyens: est-ce
vraiment Dieu qui suscite en ces serviteurs de Dieu l'envie du pouvoir? L'équation « pasteur/politique » est-il possible ? En
d’autres termes, l’engagement du pasteur en politique est-il compatible dans le
cadre de l’éthique pastorale ? Un pasteur peut-il exercer un mandat
électif ? Ou en termes simples: un pasteur peut-il faire de la
politique?
Il est évident qu'avant d’aborder toutes ces questions, il serait
mieux de définir ce que l’on entend par le terme « politique ».
Le terme
« politique »
La politique recouvre au moins trois sens : d’abord, la
politique en son sens plus large, celui de civilité ou Politikos,
indique le cadre général d'une société organisée et développée ; ensuite,
la politique, au sens de Politeia, renvoie à la constitution et
concerne donc la structure et le fonctionnement (méthodique, théorique et
pratique) d'une communauté, d'une société, d'un groupe social. Elle
porte ainsi sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe
de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles.
Elle est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme
d'individualités et/ou de multiplicités ; enfin, dans une acception
beaucoup plus restreinte, la politique, au sens de Politikè, ou d'art
politique se réfère à la pratique du pouvoir, soit donc
aux luttes de pouvoir et de représentativité entre des hommes et femmes de
pouvoir, et aux différents partis politiques
auxquels ils peuvent appartenir, tout comme à la gestion de ce même pouvoir
(cf. Wikipédia).
Cela dit, un citoyen peut participer à l'exercice du pouvoir
directement ou indirectement par son vote. Directement, l'on peut être un homme
ou une femme politique et, indirectement l'on peut décider par son vote quel
homme ou quelle femme politique doit être élu (e) pour gérer les affaires
publiques. Car, les chrétiens sincères font face au dilemme de la double
citoyenneté. Ils appartiennent au royaume de Dieu d’une part, et sont citoyens
de leur pays d’autre part. Ils font partie de la « nouvelle
humanité » et ils vivent au milieu de la « vieille humanité ». Y
a-t-il là un conflit inhérent ? Les chrétiens doivent-ils choisir une
citoyenneté et renoncer à l’autre ? Il n’y a pas de doute qu’en certaines
occasions, il peut y avoir conflit quand les devoirs ou exigences de l’une
s’opposent à ceux de l’autre. Dans de tels cas, l’Ecriture est claire :
« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Actes 5 : 29.).
Cependant, le royaume de Dieu n’est pas isolé en dehors de notre
monde ; il est « au milieu de nous » (Luc 17 : 21). En
d’autres termes, le royaume de Dieu est une sphère, un engagement, une
attitude, et un mode de vie et de pensée qui pénètre notre existence entière et
donne à notre citoyenneté un sens tout spécial. C’est la souveraineté de Dieu
imprégnant la vie de l’être humain.
L'attitude du pasteur face à la politique de son
pays
Ainsi, en tant que citoyen chrétien, le pasteur doit certainement
obéir aux lois de son pays, payer les taxes, prier pour ceux-là qui dirigent la
nation, la communauté; participer, en supportant tout bon gouvernement qui
travaille pour le bien-être généralisé de la communauté. Cependant, l'on
se demande jusqu'à quel niveau un pasteur peut-il s'engager dans la politique politicienne de son pays ?
La Bible enseigne implicitement que les deux institutions,
"l'Eglise" et "l'Etat" doivent être séparées: "Rendez
à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Matt.22:21). Ce
passage trace ainsi une ligne de démarcation entre le temporel et l’intemporel,
une nette distinction entre les affaires de Dieu et les affaires civiles. Cela
laisse à l’Église ou au pasteur la possibilité de servir d’institution critique
vis-à-vis du pouvoir politique et conforte l’image de l’Eglise militante,
« sel de la terre » et « lumière du monde ».
C’est dire que la mise en place d’un ordre politique dans notre
société est une mesure providentielle de Dieu pour l’humanité déchue. Dieu ne
demande pas aux gens « biens » de la société de rester en dehors du
processus politique du gouvernement, ni de laisser aux « méchants »
le contrôle économique et socio-politique. Les chrétiens se doivent d'être « le sel et la lumière »
du monde et de la société. Ainsi, ils ne peuvent pas s’abstenir du
processus politique. En effet, une telle abdication est en soi une action
politique qui ouvre la porte du contrôle politique à ceux qui soutiennent des
valeurs non chrétiennes.
« Ne rien faire », c’est une prescription assurée pour permettre au péché de devenir maître de la société. En effet, les chrétiens ont à la fois le droit et le devoir d’utiliser leur citoyenneté terrestre pour permettre à l’Eglise de remplir son mandat divin, et de participer individuellement au soulagement des besoins sociaux affligeants.
« Ne rien faire », c’est une prescription assurée pour permettre au péché de devenir maître de la société. En effet, les chrétiens ont à la fois le droit et le devoir d’utiliser leur citoyenneté terrestre pour permettre à l’Eglise de remplir son mandat divin, et de participer individuellement au soulagement des besoins sociaux affligeants.
Toutefois, l’on a le droit de s’interroger si le pasteur peut, en
tout bon jugement, se porter comme candidat à un poste politique ou s'engager
activement dans une campagne politique. Cette interrogation nous conduit à deux
volets.
Les dangers
de la politisation des Eglises
Premièrement, il convient de noter que les politiciens
chrétiens sont sur la corde raide: soit ils sont du côté du diable dans l'exercice de leur fonction, soit ils se conduisent selon l'éthique chrétienne et apportent la lumière du Christ dans la pénombre politique. Ils doivent ainsi éviter l’influence de
l’activisme politique qui essaie de dévaluer leurs efforts à un point où il semble qu’il n’y a pas de Dieu qui
s’implique dans les affaires des hommes.
Deuxièmement, il existe un danger croissant de politisation des Églises. Cela a
entraîné non seulement l’implication d’Églises dans l’activité politique, mais
aussi l’interprétation de la foi et de l’Evangile chrétiens en termes de
valeurs politiques. Dans de nombreuses Églises, il semble que l’intérêt soit
passé de la moralité individuelle à la moralité sociale. Le résultat est que
dans certains segments de la société ecclésiastique, on a permis à des idées
séculières de modeler les valeurs chrétiennes, au point qu’on ne constate plus guère
de différence entre le séculier et le sacré. Il est triste de voir que les
dispositions des chrétiens sont souvent les mêmes que celles de la société en
général.
Aussi, on remarque malheureusement que certains pasteurs se sont
érigés aujourd’hui beaucoup plus en politiciens qu’en hommes de Dieu.
Historiquement, l'honneur revient à certains pasteurs Protestants ont servi, soit par nomination ou
par élection dans des postes politiques sans pour cela perdre leur statut de
pasteur et n'ont pas failli à leur mission : c'était le cas de Jean Calvin en Suisse, de William Tolbert au
Liberia, d'Abel Muzorewa au Zimbabwe; sans compter d'autres pasteurs ou prêtres
qui ont occupé plusieurs fonctions politiques dans certains pays et qui sont
restés pasteurs en même temps (dans le cas d'Haïti avec Jean Bertrand
Aristide).
Parmi ces cas, certains ont fait de leur foi une arme contre l'injustice et d'autres en ont fait un tremplin pour être du côté obscur de la politique. Depuis lors, Vatican a pris une loi interdisant les prêtres à prendre un poste politique.
Par ailleurs, en Centrafrique, il convient de noter que Barthélémy Boganda, premier prêtre
oubanguien, a eu le courage de faire un choix clair et précis d’enlever sa
soutane et de s’engager dans la vie politique.
La
responsabilité socio-politique du Pasteur
En général, ce qui caractérise la responsabilité socio-politique du pasteur
est l’ensemble de ses interventions dans l’espace
public, exprimant une passion profonde pour la justice et l’affirmation
constante d’un lien explicite entre la foi et les affaires politiques et
économiques de la cité. C’est ce courage dont
les trois Ministres de Dieu, Mgr Nzapalainga Dieudonné, Pasteur Guerekoyamé
Nicolas et l’Imam Omar Kobina Layama, formant en effet une figure oecuménique et interreligieuse, ont toujours fait preuve, pour affirmer
leurs convictions et réveiller les consciences assoupies, en dépit de l’incompréhension
des uns et de la pusillanimité des autres dans un ultime but de ramener la paix
en Centrafrique.
Il y a aussi un autre bel exemple de la théologie politique, dont on parle beaucoup aujourd’hui en évoquant avec nostalgie Barth, Bonhoeffer ou Don Helder Camara, mais qui n’est hélas plus guère pratiquée. Il s'agit de combattre par la dénonciation des injustices sociales, des violences et des inégalités ethniques. Ce n’est pas de compassion dont il s’agit, mais d’affrontement et de lutte politique, menés à armes inégales. Avec obstination, malgré les revers et les critiques.
Et la question qui taraude l'esprit est celle-ci: L’ecclésiastique a-t-il vocation à prendre part à
la vie politique ? Oui, en éclairant les consciences. Les pasteurs
ont le droit et le devoir d’exprimer des principes moraux qui gouvernent la vie
sociale.
Quelques grandes figures pastorales en sont les paradigmes : Martin Luther King, Desmond Tutu en Afrique du Sud, au Congo Simon Kibangu, Joseph Malula, et tout récemment le Cardinal Monsengwo qui dénonçait les dérives dictatoriales du pouvoir congolais, traitant les hommes politiques de "médiocres". Ces hommes de Dieu ont lutté contre les oppressions avec une totale détermination, avec un courage à toute épreuve et n’ont cherché nullement le pouvoir pour eux-mêmes ni un quelconque avantage.
C’est dire que le pasteur se doit de se garder de s'engager
dans une action socio-politique pour des avantages matériels ou pour des
raisons politiques personnelles mais ne doit pas se dérober de son rôle de celui qui veille sur la société. De plus, il ne serait pas sage pour lui de
se servir de son titre de pasteur ou de sa posture ecclésiastique pour mener une campagne subtile en vue
d'accéder, à l'avenir, à un poste électif. Son objectif doit être
de faire en sorte que les principes moraux de justice, de bien-être social
soient observés. Que la communauté devienne non pas une jungle, mais "une
communauté d'amour" pour répéter le Dr. Martin Luther King Jr.; une
communauté où règnent la justice, la paix, la bonne vie et tout ce qui est bon.
Le Serviteur de Dieu n’a pas besoin d’être célèbre, ni un Politicien ni un Chef
d’Etat pour dénoncer et combattre une ignominie comme celle que nous subissons
aujourd’hui en Centrafrique ou dans d'autres pays africains.
L’exemple de
Jésus
Jésus n’a fait que rarement allusion au type de société politique auquel ses disciples devraient aspirer. Il n’a pas prétendu être un croisé ou un réformateur socio-politique. Et pourtant, la situation politique de la Terre sainte de son temps était si troublée que son message ne pouvait pas ne pas avoir des répercussions politiques. Des paroles comme "Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent" ou "Heureux les assoiffés de justice" demeurent subversives pour toute société bâtie sur la course au pouvoir. De même, ses diatribes contre l'hypocrisie des chefs religieux et politiques avaient une dimension politique, car le Temple était l'institution économique la plus importante du pays. De même, les tentations au désert avaient clairement une dimension politique mais il y a résisté (tentation d'avoir une suprématie politique). Bien qu’il ait eu plus d’une occasion de s’emparer du pouvoir par une sorte de coup d’Etat (cf. la multiplication des pains et l’entrée triomphale à Jérusalem), il n’a pas choisi cette option.
Cependant Jésus lui-même n'était pas un
agitateur politique, même si son message était inconfortable et dérangeait, car il défiait le pouvoir religieux et politique et provoquait les consciences. Pourtant, comparé à d'autres juifs de son temps,-- les zélotes -- il apparaît
plutôt respectueux de l'ordre établi. Par exemple, il reconnaissait
l'autorité des prêtres et des gouvernants politiques, il suivait le calendrier du
Temple, il enseignait même les bonnes conditions pour y offrir un sacrifice . Même,
Pilate l'interrogea : "Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le
dis." (Mc 15;2).
Toutefois, ce qu'il a de "révolutionnaire", si on tient à ce mot, c'est justement la volonté de ne pas tout céder à la politique. Dit autrement, de se soumettre pieusement aux autorités politiques et de les laisser faire.
Sa fameuse sentence "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" marquait un tournant : la relation à Dieu qu'il instaure transcende toutes les circonstances extérieures. En d'autres termes, César n'est pas Dieu et Dieu n'est pas César. Jésus était ainsi contre celui qui se servait du pouvoir au profit de son désir d'être dieu. Dans l'optique de la déité du pouvoir politique, Jésus s'y opposait clairement. Ceux qui voulaient déifier la politique, se heurtaient à la volonté de Jésus.
Se soumettre aux autorités politique ne veut pas dire s'inféoder à leurs injonctions déviantes ni les cautionner dans leurs exactions, ni solliciter une faveur dans un espace politique. Le pasteur se doit de mettre une certaine distance entre le politique et lui-même afin de jouer son rôle de "sentinelle" de la société.
C'est ce que le Maître a fait. Jésus vise la conscience personnelle de chacun, sur laquelle il prétend avoir la plus grande autorité. L'histoire du christianisme le montre dès le début, Paul ne demandera pas même aux esclaves de se libérer de force. La "voie de Jésus" consiste à suivre sa conscience éclairée jusqu'à se libérer sous la pire oppression.
Conclusion
En définitive, récupérer toutes les affirmations
de la foi pour faire de la politique au nom de Dieu, c'est substituer une
reconstruction artificielle au seul lien concret et réel à la vie de
Jésus-Christ. Contredire systématiquement les affirmations de la foi pour
trahir la vie de Jésus en s’engageant dans une course effrénée au pouvoir
politique, c'est scier la branche sur laquelle on est assis et produire une
"théologie de la gloire" pour remplacer ainsi la "théologie de
la croix", celle que Jésus lui-même a conçue à Golgotha .
C’est dire que "faire de la politique" n’est pas la mission d’un pasteur. Le rôle du Pasteur est de prêcher l’Evangile, afin que des vies soient sauvées, de dénoncer les injustices sociales, économiques ou politiques, de faire libérer un peuple opprimé des chaînes du diable et non de se mêler de la politique pour assouvir ses besoins personnels. Car, le guide religieux qui fait la politique, n’est pas assez lucide pour dire la vérité. Le Pasteur, dans son rôle prophétique, a une posture bien définie dans la société. Celle d"être porte-parole de Dieu, d'être prophète de Dieu. Son rôle n'est pas, comme le souligne l'apôtre Paul, de se conformer au siècle présent (Rm 12.2), mais de faire "transformer " son peuple par le renouvellement de l'intelligence afin que celui-ci discerne la volonté de Dieu.
Par exemple, en Ez. 14. 1-5, il est démontré que le
prophète devait avoir le courage de reprendre les gouvernants sur des choses
cachées. Même s'ils étaient des amis, il fallait les confronter. Tout
prédicateur doit savoir redresser ses amis, les gens riches, les hommes
politiques, etc... Persévérants malgré l'opposition et la persécution (Hb 11.
32, 36-39), les prophètes apparaissaient toujours dans des moments de crise,
ce qui accentuait leur manque de popularité (Jr 37. 2). La classe politique
cherche le compliment, la gloire mais les prophètes n'en donnaient pas souvent.
De même que le prophète de l'Eternel dénonçait l'injustice sociale et
rappelait le Roi à l'ordre, le pasteur doit toujours travailler pour la
justice. Il peut le faire en dénonçant le mal, en formant des citoyens honnêtes
qui peuvent chercher à briguer le pouvoir, ou à élire la personne qu'il faut
pour instaurer la justice et le droit; en éduquant et mobilisant les chrétiens
dans des actions sociales ordonnées.
In fine, les échéances
électorales ne doivent pas devenir des appâts de gain pour les pasteurs. Car,
souvent, à cette occasion, la question du rapport entre l'Eglise et la
politique se mue en une tentation de voir certains pasteurs se présenter
au mandat électif.
Il est temps de leur rappeler que s’ériger
en homme politique au lieu d'être un homme de Dieu compromet la vocation
première de l’Eglise, celle de mettre l’accent sur le côté moral et
social: la justice, l'équité et la paix qui
sont, du point de vue eschatologique, des ingrédients
du royaume de Dieu sur la terre.
Car, l'Eglise, c'est à la fois dire la vérité au pouvoir, aux hommes politiques et être la voix des sans-voix dans n'importe quelle société donnée. Comme Luther l'a si bien dit: "le fait d'être un Ministre de Dieu (pasteur) m'engage à exhorter un homme politique si, séduit par le diable, car il ne peut pas voir l'injustice qu'il commet...".
Et, le théologien
congolais Kä Mana l’a si bien ainsi résumé : « Dans un contexte de crise,
les Eglises et les chrétiens d'Afrique ont à se penser comme force anti-crise
animée par l'Evangile; à vivre selon cette dynamique qui manifestera leur
présence réelle dans le champ politique, dans la vie économique, dans la
créativité culturelle et dans les exigences morales et spirituelles. Seule une
Eglise évangélisée en elle-même peut prétendre évangéliser le monde et la
société. »
Pour une lecture complète, lisez mon dernier
ouvrage : "Fonctions et Défis du Pasteur dans l'Afrique
Contemporaine" (L'Harmattan, 2015).
Voulez-vous le découvrir? Allez sur ce lien : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp…
Prof. Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue, Auteur
___________________
P.S. : La rédaction de Tephila.com prévient
les lecteurs contre toute utilisation de ses textes ne mentionnant pas la
source et le nom de l’auteur de l’article comme cela a pu être constaté.
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