mardi 15 décembre 2015

PROMETTRE ET ACCOMPLIR : UNE DUPLICITÉ DE DÉCONVENUE?


Le décalage entre la promesse d’une personne et la réalité de l’accomplir transpire souvent d’un grand écart. Et la question récurrente est la suivante : Alors pourquoi tant de personnes croient aux promesses des autres et se retrouvent un jour déçues ? La nature humaine doit être ainsi faite. L’humain a besoin de  croire et d’espérer.

     C’est pourquoi, d’ailleurs, les hommes politiques qui sollicitent les suffrages de leurs concitoyens ne sont pas, on le sait, avares de promesses, de ces promesses dites, justement, « électorales ». Au point quaccoler ladjectif « électorales » au mot « promesses » qualifie demblée le dire de la promesse de menteur, qui nengage gre celui qui les énonce. Doù la formule, bien connue, fréquemment appliquée à la sphère politique : « Les promesses nengagent que ceux qui y croient. » Son cynisme a peut-être quelque mérite, analytiquement parlant.

Définition

     C’est quoi promettre ? Promettre, c'est formuler, contracter explicitement un engagement garantissant à autrui l'obtention d'un résultat ou la réalisation d'un acte, dans un futur plus ou moins proche. Promettre, c'est, de ce fait, créer chez autrui un état d'espérance, alimenter une attente, qui peut s'avérer être un dommage supplémentaire et engendrer une profonde désillusion quand le résultat visé ne se produit pas. Dans ce cas,  à quoi bon promettre, si on n’est pas en mesure de la réaliser ?  Promettre semble être à la fois un acte naïf et irresponsable, vain  mais par ailleurs l'absence de promesse ou d'engagement apparaît tout aussi inquiétante, opportuniste et lâche. Les deux attitudes (promettre ou se prémunir à tout prix) semblent tout autant vouées à l'échec l'une que l'autre. La confrontation entre l'assurance qui caractérise la promesse et l'incertitude effective du futur nous conduit dans un premier temps à voir dans la promesse une sous-estimation de la complexité des choses, une surestimation de sa propre force et sans doute une forme de naïveté, ce que semble sous-entendre la formulation même du sujet : « A quoi bon? », qui exprime bien cette idée de vanité, de résignation.
     On pourrait à ce niveau effectuer une distinction entre le voeu et la promesse. Lorsque je fais un voeu,  je suis le seul à le connaître et il n'engage personne d'autre que moi. Il semble donc plus raisonnable d'affronter l'incertitude du devenir à partir de cette posture plus intime et nécessairement plus humble que de se risquer à faire dépendre autrui de mon acte. 


La valeur d’une promesse humaine


     La plupart des promesses  n’ont pas l’intention d’être tenues par celui qui les fait, ni ne sont espérées ni d’être respectées par celui qui les entend. C’est pourquoi, si des promesses ne sont pas prises au sérieux aujourd’hui, nous devrions trouver très facile de nous identifier avec les Israélites de l’ancien temps, qui  étaient dans l’impossibilité de tenir leurs promesses envers Dieu. En Deutéronome 23.21, il est écrit : « Si tu fais un voeu à l’Éternel, ton Dieu, tu ne tarderas point à l’accomplir: car l’Éternel, ton Dieu, t’en demanderait compte, et tu te chargerais d’un péché ».
     Nous voyons ainsi que la procrastination, la négligence, l’ignorance, l’indifférence ou tant d’autres  choses peuvent nous conduire à faire des promesses vides à Dieu. La chose la plus importante à noter c’est que, ceux qui font des promesses vides à Dieu sont aussi ceux qui font de fausses promesses à l’homme. Nous devons comprendre en effet qu’il est préférable de ne pas faire des promesses du tout si nous n’avons pas l’intention de les garder. Pourquoi faisons-nous parfois des promesses que nous n’avons pas l’intention de tenir? Pour plaire aux autres, pour se vanter, montrer qu’on est capable dans une situation où en fait nous ne sommes pas assez habiles ou nous sommes carrément incapables… Pourtant, Jésus dit : « Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu’on y ajoute vient du malin » (Matthieu 5:37). Pourquoi? Parce que le fait de ne pas tenir nos promesses révèle notre manque d’intégrité.


Les promesses de Dieu


De nombreux exemples de promesses de Dieu sont évoqués dans la Bible. Mais Dieu est celui dont les promesses ne faillissent pas : « ce que Sa bouche dit, Sa main l’accomplit » (Habacuc 2.3). C’est dire que la Parole de Dieu et ses promesses ne reposent ni sur nos émotions ni sur nos sentiments. Elles ne sont pas « oui » et pas non plus « amen » en nous mais en Jésus : « Pour toutes les promesses de Dieu, c’est en Jésus que se trouve le « oui », et c’est aussi par lui que nous disons « amen » à Dieu, pour sa gloire » (2 Corinthiens 1.20). En d’autres mots, notre incrédulité nous empêche d’accepter les promesses de Dieu, mais nos doutes n’empêchent pas Dieu d’accomplir Ses promesses. 

     D’ailleurs, en Nombres 23. 19, il nous est écrit : « Dieu n'est point un homme pour mentir, Ni fils d'un homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t il pas? ».  En d’autres termes, ce Dieu est un Dieu de Parole ! Ce qu’Il dit, il le fait, il respecte scrupuleusement sa parole. Dans notre société, peu de paroles sont tenues, peu d’engagements sont respectés, beaucoup de promesses rarement honorées, mais Dieu est celui qui peut répondre à cette attente, et il en est le seul. Quand on réalise qu’il tient ses promesses, notre foi grandit, et la conséquence immédiate est que nous allons tenir de plus en plus et de mieux en mieux notre promesse envers Dieu et ceux qui nous entourent.

Au final, nous devons conclure que l'engagement pris par la promesse est souvent pensé en termes de sincérité, et donc considéré comme pleinement moral, alors même qu'on peut le tenir également pour la racine du contrat social. Pourquoi, en effet, respecter les règles de la vie en société, sinon parce qu'on sait que tout le monde en fait autant, ou du moins s'est engagé à en faire autant ? Le fait de vivre en société ne repose-t-il pas aussi sur un engagement de chacun? 

La promesse semble donc engager la responsabilité de celui qui la fait. Responsabilité à faire ce que l'on a dit que l'on ferait. Mais si ma responsabilité est engagée, n'est-ce pas parce que s'engager, c'est s'engager vis-à-vis de quelqu'un d'autre ? Peut-on en effet s'engager tout seul, ou soi-même ? Ce n'est pas sûr : à quoi pourrait-on bien s'obliger soi-même ?

En ce sens, on comprend que faire une promesse n'est pas anodin, puisque cela engage ma responsabilité pour le futur.

Dr Jimi ZACKA

Théologien, Anthropologue



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