C’est
pourquoi, d’ailleurs, les hommes
politiques qui sollicitent les suffrages de leurs concitoyens
ne sont pas, on le sait, avares de promesses,
de ces promesses
dites, justement,
« électorales
».
Au
point qu’accoler l’adjectif
« électorales
» au
mot « promesses
» qualifie
d’emblée
le dire
de la promesse
de menteur, qui n’engage
guère
celui qui les énonce. D’où la formule, bien
connue, fréquemment appliquée à la sphère
politique : « Les
promesses
n’engagent
que ceux qui y croient. »
Son cynisme a peut-être
quelque mérite, analytiquement parlant.
Définition
C’est quoi promettre ? Promettre, c'est formuler, contracter explicitement un
engagement garantissant à autrui l'obtention d'un résultat ou la réalisation
d'un acte, dans un futur plus ou moins proche. Promettre, c'est, de ce fait,
créer chez autrui un état d'espérance, alimenter une attente, qui peut s'avérer
être un dommage supplémentaire et engendrer une profonde désillusion quand le
résultat visé ne se produit pas. Dans ce cas, à quoi bon promettre,
si on n’est pas en mesure de la réaliser ? Promettre semble être à la fois un acte naïf et
irresponsable, vain mais par ailleurs l'absence de promesse ou
d'engagement apparaît tout aussi inquiétante, opportuniste et lâche. Les deux
attitudes (promettre ou se prémunir à tout prix) semblent tout autant vouées à
l'échec l'une que l'autre. La confrontation entre l'assurance qui caractérise la
promesse et l'incertitude effective du futur nous conduit dans un premier temps
à voir dans la promesse une sous-estimation de la complexité des choses, une
surestimation de sa propre force et sans doute une forme de naïveté, ce que
semble sous-entendre la formulation même du sujet : « A quoi bon? », qui exprime bien
cette idée de vanité, de résignation.
On
pourrait à ce niveau effectuer une distinction entre le voeu et la promesse.
Lorsque je fais un voeu, je suis le seul à le connaître et il n'engage
personne d'autre que moi. Il semble donc plus raisonnable d'affronter
l'incertitude du devenir à partir de cette posture plus intime et
nécessairement plus humble que de se risquer à faire dépendre autrui de mon
acte.
La
valeur d’une promesse humaine
La
plupart des promesses n’ont pas l’intention
d’être tenues par celui qui les fait, ni ne sont espérées ni d’être respectées
par celui qui les entend. C’est pourquoi, si des promesses ne sont pas prises
au sérieux aujourd’hui, nous devrions trouver très facile de nous identifier
avec les Israélites de l’ancien temps, qui
étaient dans l’impossibilité de tenir leurs promesses envers Dieu. En
Deutéronome 23.21, il est écrit : « Si tu fais un voeu à l’Éternel,
ton Dieu, tu ne tarderas point à l’accomplir: car l’Éternel, ton Dieu, t’en
demanderait compte, et tu te chargerais d’un péché ».
Nous voyons ainsi que la procrastination,
la négligence, l’ignorance, l’indifférence ou tant d’autres choses peuvent nous conduire à faire des
promesses vides à Dieu. La chose la plus importante à noter c’est que, ceux qui
font des promesses vides à Dieu sont aussi ceux qui font de fausses promesses à
l’homme. Nous devons
comprendre en effet qu’il est préférable de ne pas faire des promesses du tout
si nous n’avons pas l’intention de les garder. Pourquoi faisons-nous parfois
des promesses que nous n’avons pas l’intention de tenir? Pour plaire aux autres,
pour se vanter, montrer qu’on est capable dans une situation où en fait nous ne
sommes pas assez habiles ou nous sommes carrément incapables… Pourtant, Jésus
dit : « Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu’on y ajoute vient du
malin » (Matthieu 5:37). Pourquoi? Parce que le fait de ne pas
tenir nos promesses révèle notre manque d’intégrité.
Les promesses de Dieu
De
nombreux exemples de promesses de Dieu sont évoqués dans la Bible. Mais Dieu
est celui dont les promesses ne faillissent pas : « ce
que Sa bouche dit, Sa main l’accomplit » (Habacuc 2.3). C’est dire
que la
Parole de Dieu et ses promesses ne reposent ni sur nos émotions ni sur nos
sentiments. Elles ne sont pas « oui » et pas non plus
« amen » en nous mais en Jésus : « Pour toutes les
promesses de Dieu, c’est en Jésus que se trouve le « oui », et c’est
aussi par lui que nous disons « amen » à Dieu, pour sa gloire »
(2 Corinthiens 1.20). En d’autres mots, notre incrédulité nous empêche d’accepter
les promesses de Dieu, mais nos doutes n’empêchent pas Dieu d’accomplir Ses
promesses.
D’ailleurs,
en Nombres 23. 19, il nous est écrit : « Dieu n'est point un homme pour mentir,
Ni fils d'un homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu'il a
déclaré, ne l'exécutera-t il pas? ». En d’autres termes,
ce Dieu est un Dieu de Parole ! Ce qu’Il dit, il le fait, il respecte scrupuleusement
sa parole. Dans notre société, peu de paroles sont tenues, peu
d’engagements sont respectés, beaucoup de promesses rarement honorées, mais Dieu
est celui qui peut répondre à cette attente, et il en est le seul. Quand on
réalise qu’il tient ses promesses, notre foi grandit, et la conséquence
immédiate est que nous allons tenir de plus en plus et de mieux en mieux notre
promesse envers Dieu et ceux qui nous entourent.
Au final, nous devons
conclure que l'engagement pris par la
promesse est souvent pensé en termes de sincérité, et donc considéré comme pleinement moral,
alors même qu'on peut le tenir également pour la racine du contrat social. Pourquoi,
en effet, respecter les règles de la vie en société, sinon parce qu'on sait que
tout le monde en fait autant, ou du moins s'est engagé à en faire autant ? Le
fait de vivre en société ne repose-t-il pas aussi sur un engagement de chacun?
La promesse semble donc engager la responsabilité de celui qui la fait. Responsabilité à faire
ce que l'on a dit que l'on ferait. Mais si ma responsabilité est engagée,
n'est-ce pas parce que s'engager, c'est s'engager vis-à-vis de quelqu'un d'autre ? Peut-on en effet s'engager tout seul, ou soi-même ? Ce n'est
pas sûr : à quoi pourrait-on bien s'obliger soi-même ?
En ce sens, on comprend que faire une promesse n'est pas
anodin, puisque cela engage ma responsabilité pour le futur.
Dr Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.