dimanche 10 décembre 2017

JERUSALEM : VILLE SAINTE OU CONTROVERSEE ?


Introduction

     Quelqu’un me disait un jour : « A Jérusalem, on est très prudent le matin ; par superstition : ce sont généralement les premiers faits et gestes de l'aube qui façonnent le reste de la journée ». Cette assertion dénote combien cette ville est chargée de paradoxes, de superstitions et implicitement d'idolâtries depuis des lustres et fait toujours l’objet de conflits jusqu’à de nos jours. La récente décision de Donald Trump  déclarant Jérusalem comme capitale d’Israël en dit long. Car, sur le plan politique, la ville de Jérusalem a toujours été un lieu de conflits et de discordes entre les nations (Ezechiel 5.5).

     Mais pourquoi appelle-t-on Jérusalem « ville sainte » ? Au-delà de sa trajectoire historique,  c’est parce qu’il y a trois édifices pour trois religions : l’Eglise du Saint-Sépulcre, le dôme du Rocher, la grande synagogue de Belz. Trois religions monothéistes (Christianisme, Islam et Judaisme) qui n’ont pourtant pas toujours su cohabiter en toute harmonie. Un paradoxe pour cette cité dont le nom signifie pourtant « ville de la paix » ou « la paix apparaîtra » et qui n’a jamais connu de paix.

Bref aperçu historique

     Car, l’histoire de cette ville est aussi mouvementée que controversée. Mais, pour la comprendre, il serait mieux de réviser son histoire. L’ancien nom de Jérusalem était « Jébus » et ses habitants étaient les Jébusiens. Ceux-ci faisaient partie des populations idolâtres dont l’iniquité s’était développé au point que l’Éternel en décida la destruction quand cette iniquité fut venue à son comble (Gen. 15:16 ; Josué 11:3, 6, 20 ; 12:10 ; Deut. 18:12 ; voir 2 Pierre 3:7 pour le jugement correspondant sur le monde actuel). Les Jébusiens subsistèrent un temps après la conquête du pays par Josué (Juges 19:11). Le choix d’Israël, par l’Éternel, pour habiter ce pays à la place des Cananéens n’était pas dû à ce que Israël était un peuple meilleur, mais dû à ce que l’Éternel a aimé Israël (Deut. 7:7-8; 2Chr 6.6). 

    Plus tard, la ville fut prise par David après qu’il ait été reconnu comme roi par tout Israël (1 Chr. 11:4-9 ; 2 Sam. 5:6-9). Jérusalem comprenait la forteresse de Sion. Il décida d’y fonder sa cité au Xe siècle av. JC. Son fils Salomon avait pour mission d’élever le premier temple de pierre sur la plus haute colline, en l’honneur du Dieu d’Israël, Yahvé. Mouvementée par les conquêtes grecques puis romaines, la capitale juive s’est trouvée bientôt détruite à partir du Ier siècle av.JC. La population juive y est interdite. Elle gardait toutefois en mémoire le souvenir d’une ville, berceau de la religion du roi David. Malgré l’absence du temple, les juifs jetés aux portes de la ville bénissaient quotidiennement Jérusalem dans leurs prières. En l’attente d’un retour en terre promise huit siècles plus tard.


Aujourd’hui, les Juifs réclament la Palestine occupée comme leur terre et Jérusalem comme son "éternelle et indivisible capitale". Ceci est basé sur leur présence à Jérusalem il y a plus de 2000 ans.


Pourtant, l’argument comme quoi les Juifs ont tous les droits sur Jérusalem et la Palestine à cause de leur présence en ce lieu il y a des milliers d’années présente néanmoins des failles. Un tel argument, si appliqué pour toutes les Nations, voudrait dire que par exemple, le gouvernement des États-Unis doit restituer l’Amérique aux Autochtones américains qui étaient les premiers habitants du territoire. Et demander cela aux américains, ne daterait pas de milliers d’années auparavant mais de trois cent ans.

Jérusalem et sa portée spirituelle 

Sur le plan spirituel, Jérusalem est  devenu un lieu de prière et de pèlerinage pour les Juifs à cause des seuls vestiges du Second Temple de Jérusalem, qui était le seul lieu sacré des anciens Juifs et détruit par les Romains durant l’année 70.


Aujourd’hui, le mur fait partie d’un plus grand mur qui entoure le Dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa. Les Juifs prient ainsi pour la reconstruction du Temple. Le mur est aussi connu sous le nom du mur des Lamentations. Le terme a été inventé par des voyageurs Européens qui ont vu les vigiles affligés des Juifs devant la construction. Quand on apprend des affrontements entre les Juifs et les Musulmans, le terme "Temple Mount" est souvent utilisé.

Le mur des lamentations est également devenu un lieu de prière où l'inflation de croyances superstitieuses à un exaucement absolu va bon train (surtout, lorsqu'on met de bouts de papier portant des sujets de prière dans les fentes du mur), contrairement à ce que Jésus disait à la femme samaritaine: "l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père...Mais l'heure , et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande" (Jn4.21, 23).

 Du côté des chrétiens, la ville de Jérusalem apparaît à plusieurs reprises dans la Bible (771x) et surtout comme lieu cultuel, notamment dans l’Evangile de Jean. Jésus s’y rend pour la fête de la Pâque et y vit ses derniers jours sur terre, jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection (Jn 12.12-19.1-37).

Plus tard, c’est l’empereur chrétien, Constantin, qui le premier, a érigé les premiers lieux saints en souvenir des derniers jours du Christ. La ville devient alors au IVe siècle une ville de pèlerinage pour les chrétiens. Aujourd'hui, Jérusalem est devenu la clé de la foi de beaucoup de chrétiens. Car, Jérusalem est la ville où Jésus a été persécuté et crucifié par les Romains, soutenus en cela par les Juifs. Pour un chrétien, aujourd'hui, être à Jérusalem, c'est comme le musulman qui foule le sol de la Mecque.

     Chez les musulmans, Jérusalem n’est mentionné qu’en troisième position dans la hiérarchie des villes saintes, après Médine et La Mecque. Mais avant de se tourner vers La Mecque pour prier, le prophète Mahomet dirigeait ses prières vers Jérusalem (Qibla). C’est d’ailleurs de là que le prophète aurait effectué son « voyage nocturne » avant de revenir à La Mecque pour raconter cette expérience mystique. Pour les musulmans, Jérusalem représente l’aboutissement de leur spiritualité.

Par ailleurs, au coeur même du point de vue Coranique qui concerne la destinée de Jérusalem, ainsi que de la Terre Sainte, il est déclaré le fait que lorsque le compte à rebours final arrivera, dans la Dernière ère, les Juifs seront récupéré de la Diaspora au sein de laquelle ils ont été dispersés, et dans laquelle ils ont été consignés ; puis ils seront ramenés en Terre Sainte comme des foules mélangées (Coran, Banu Isra’il 17 :104). 


Cette promesse Divine a déjà été accomplie. Les Juifs sont déjà retournés en Terre Sainte, et l’ont revendiquée ! Leur succès les a menés a croire en la légitimité religieuse de l’Etat d’Israël qu’ils ont crée. L’Islam explique que cet Israël ne possède aucune légitimité religieuse. Par contre, les Juifs ont été trompés par la plus grande des supercheries à laquelle l’histoire ait assisté, et la scène est désormais installée pour qu’ils reçoivent le plus grand des châtiments divins ayant été infligé à qui que ce soit. Mais avant ce châtiment divin des Banu Isra’il, un grand drame qui est sur le point de se produire, aura lieu en Terre Sainte, et même dans le monde. Ce livre décrit une partie de ce même drame qui est toujours en cours.


 En effet, l’objectif fondamental de la vision musulmane est d’illustrer le fait que l’Islam a une vision différente du processus historique en ce qui concerne la Terre Sainte. Dans celle-ci, le temps passe très vite pour Israël. 

C'est dire qu'en dépit de la situation apparemment déprimante des Musulmans en général et des Palestiniens en particulier, ils ont une grosse dose d’optimisme quant à l’avenir ; une lumière éclatante qui brille au fond du sombre tunnel de l’histoire. L'occupation de Jérusalem par les Israliens  est l’époque au cours de laquelle les prophéties du Saint Coran et des Hadiths Bénis se déroulent sous leurs yeux afin de prouver à l’humanité la véracité de leur foi.

Et selon eux, tout comme a dit le Prophète: "les pires ennemis de l’Islam dévorent actuellement nos pays comme s’ils étaient un groupe d’affamés invités à un énorme banquet. Et Allah ta’ala Lui-même nous a dit dans son Coran Béni Révélé, que les Enfants d’Israël qui avaient été éparpillés sur toute la Terre durant leur Diaspora, retourneraient en Terre Sainte. Et comme il est indiqué dans le Coran, ils ont en effet commis beaucoup de corruptions et sont devenus puissants et affublés d’une redoutable arrogance. De même que nous avions assisté à ces incidents à l’instar d’un film d’horreur, nous verrons en effet sa fin heureuse imminente qui nous a été prophétisée dans le Coran et dans les Paroles de notre Prophète. Les Musulmans se réveilleront de leur léthargie et les Juifs recevront leur châtiment Divin prescrit. L’Etat Sioniste sera détruit et tout ce qu’ils auront construit sera nivelé." (Cf. Himran, N.Hosen, Jérusalem dans le Coran, New-York, Long Island, 2003).

Jérusalem et sa portée eschatologique

     Sur le plan eschatologique, la ville de Jérusalem incarne une relation tumultueuse entre Dieu et son peuple (Lm.1.8). Plusieurs prophètes ont prophétisé contre Jérusalem. Le Psaume 78 est important pour comprendre le sens de ce que représentait Jérusalem pour Dieu. Son peuple a failli sur le plan moral de manière répétée, péchant contre l’Éternel (v. 17), l’affligeant (v. 41), l’irritant (v. 17, 40, 56) et désobéissant malgré Ses soins persévérants (v. 38, 52-55) et attirant Sa colère (v. 58). En même temps, Jérusalem avait une place extrêmement grande dans le cœur des fidèles, d’autant plus qu’ils réalisaient que le lien qui était le sien avec la grâce de Dieu se jouait dans la personne du Messie Fils de David (Psaumes 122 ; 137:5). 
     Mais au vu de ce qui se passe aujourd’hui, sur le plan politique, que va devenir Jérusalem ? Les événements que nous voyons préparent-ils la restauration glorieuse de Jérusalem ? Que peuvent espérer les Chrétiens?  Les anciens prophètes nous renseignent abondamment sur ce sujet. Nous n’en donnerons que de courts extraits. Zacharie 12 à 14 est particulièrement utile. Zacharie 12:2-3 nous dit : « Je [l’Éternel] ferai de Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour … je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement. En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur les chevaux, et de délire ceux qui le montent … je frapperai de cécité tous les chevaux des peuples ».

     Au vu de ces prophéties si claires,  on est stupéfait de voir les différentes nations s’occuper de plus en plus de Jérusalem aujourd’hui : elles ne peuvent qu’en récolter ce qu’annonce la Parole de Dieu. Comme, par exemple, en Zacharie 12:10-11, il est écrit  « Je [l’Éternel] répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, vers celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique… en ce jour-là il y aura une grande lamentation à Jérusalem ».  D’autres prophéties laissent entendre que Jérusalem sera dominée pendant un temps par des hommes opposés à Dieu et à Christ (És. 28:14-15 ; Daniel 11:36-39 ; Jean 5:43).

Conclusion

    
In fine, Jérusalem apparaît, depuis toujours,  comme une ville beaucoup plus controversée que sainte. Et la question est de savoir si, les chrétiens doivent-ils espérer à la restauration de sa gloire terrestre ? Bien des chrétiens y croient encore, estimant contribuer ainsi à l’accomplissement des prophéties de la Bible. Pourtant, y croire, ce serait méconnaître la vraie nature, l’appel et l’espérance de l’Église qui sont célestes et non terrestres (Phil. 3:5-21 ; Éph. 1:3, 22, 23 ; Col. 3:1 et bien d’autres passages). Il n’y a pas de lieu saint sur la terre pour les chrétiens ; leur patrie est dans le ciel.
     La Jérusalem d’en-haut, qui est notre mère (Gal. 4:26), est la nouvelle alliance (Gal. 4:24) dont les chrétiens bénéficient, même si elle est faite pour Israël (Hébreux 8). La Jérusalem céleste est l’Église, l’Épouse de l’Agneau (Apoc. 21:9). Bien que céleste, elle descendra du ciel d’auprès de Dieu (Apoc. 21:2) pour manifester la gloire de Dieu aux nations (Apoc. 21:23-24).

     Pour nous chrétiens, nous avons l'espérance de vivre un jour dans la "Nouvelle Jérusalem", qui sera l'inverse de l'actuelle Jérusalem empreinte de controverses et de conflits. La véritable ville Sainte sera celle là où « Dieu essuiera toutes les larmes…, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus aussi là ni pleurs, ni cris, ni afflictions, parce que le premier état sera passé »  (Apoc 21.4).


Prof. Jimi P. ZACKA
Théologien, Anthropologue, Auteur













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