La question de la
« sagesse » fait couler beaucoup d’encre et incite autant de
théologiens que de philosophes à écrire. Ainsi, de tout temps comme encore
aujourd’hui, cette thématique suscite autant de débats. D’où la question :
qu’est-ce que c’est la sagesse dans la perspective biblique ? Sagesse:
hokmah en hébreu; sophia en grec d'où le mot philosophie; sapientia
en latin d'où le mot sapientiel. La définition que l'on donne de la
« sagesse » est habituellement établie en référence à une personne
que l'on considère comme sage. Un enfant est sage quand il est gentil ou
tranquille. « Sage
comme un ange », dit-on.
Un
adulte est sage quand il est avisé, mesuré, réfléchi, modéré, prudent,
équilibré, sérieux, raisonnable. On reconnaîtra aussi la sagesse d'une personne
à l'expérience acquise, à sa capacité de discernement, à son jugement droit sur
les situations de la vie. En Afrique, on attribue souvent la sagesse aux
personnes avancées en âge, bien que cette qualité ne leur soit pas exclusive.
En théologie, la sagesse est une connaissance inspirée des choses divines et
humaines, une vertu et aussi l'un de sept dons de l'Esprit Saint.
La notion biblique de « sagesse » comprend toutes ces définitions
quand il s'agit de la sagesse naturelle acquise par l'être humain. Mais la
sagesse est également un attribut de Dieu et une qualité spirituelle qu'il peut
accorder aux croyants. Selon la tradition africaine, la sagesse est liée à la
connaissance, au savoir, à un comportement avisé en toute situation. La vraie
sagesse n’est pas une vertu qui s’exhibe, elle est discrète, intérieure,
s’adresse au cœur autant qu’à l’intellect et réconcilie les personnes au même
titre que les peuples à condition de réciprocité. C’est un savoir très
particulier, qu’aucune science n’expose, qu’aucun diplôme ne sanctionne. C’est
qu’il s’agit non de théorie mais de pratique. Non de preuves, mais d’épreuves.
Non de science, mais de vie. C’est une manière de vivre.
Personnifiée
ou non, la sagesse est finalement identifiée à Dieu lui-même. Dieu seule
est sage. Dieu seul peut donner la sagesse aux hommes. La sagesse pourrait être
comme une sorte d’aspect particulier de Dieu, comme une « hypostase »,
selon le mot employé par les théologiens. C'est-à-dire une manière d'être de
Dieu, comme la Parole de Dieu, la Loi de Dieu. Un seul texte, dans le livre des
Proverbes, peut donner lieu à une interprétation de cette nature, c’est celui
de Proverbes 8.22-31, avec la difficulté de traduction du v. 30, où l'on parle
de la sagesse créée comme la première des œuvres de Dieu (v.22), enfantée
avant que le monde existe (v. 24) et « maître d’œuvre » à côté de
Dieu, lors de la création. Il y a donc une participation de la Sagesse à la
création de Dieu, comme il y en a une pour le Verbe, d'après Jean 1. 1-3.
En
Afrique, détenir la sagesse est d’abord l’homme qui est parvenu à un grand âge,
ayant accumulé avec la longévité une profonde expérience des hommes et des
choses. On l’oppose ainsi aux personnes peu avancées en âges, à celles que la
crédulité et l’inexpérience de la vie classent dans la catégorie des enfants ou
des jeunes ; à ceux-là habituellement on n’accorde pas des funérailles
exceptionnelles et ils ne recevront jamais un culte. En second lieu, est
définitivement rayé de la liste des ancêtres, l’individu qui a un comportement
déviant. Ce dernier ne peut, semble-t-il, obtenir des hommages des
vivants qu’à la condition d’avoir une fin conforme aux règles exigées par la
société.
C’est dire que le manque de
sagesse interdit l’accès à l’ancestralité et vu comme une punition effective.
Si le vieillard est généralement considéré comme le sage dans certains milieux
africains, il est remarquable de constater que ses actes sont beaucoup plus
observés dans d’autres situations. C'est la seule raison pour laquelle l'on
puisse définir le vieillard comme l'homme incarnant la sagesse.
Prof. Jimi ZACKA
Exégète, Anthropologue
Exégète, Anthropologue
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.