Qui est un « apôtre »; quelles
sont les demandes/qualifications? Y-a-t-il
aujourd’hui des personnes qui peuvent être qualifiées d’ « apôtres »?
Le mot « apôtre » en grec
(« apostolos ») signifie « envoyé ».
Un apôtre est un envoyé, un ambassadeur. La question est de savoir par qui l’on
est envoyé, de qui l’on est apôtre. Dans la Bible, le mot « apostolos » est employé
au moins une fois au sens large en 2 Corinthiens 8:23 pour désigner un groupe
de gens envoyés par les Églises d’une région précise pour s’occuper d’apporter
une collecte aux frères pauvres de Jérusalem.
La Bible Segond à la Colombe traduit ce verset par « Ils sont les
envoyés des Églises». D’autres traduisent: « Ils sont les
apôtres des Églises. » Ils avaient reçu un mandat précis de ces Églises, qui s’est
terminé une fois leur mission accomplie. Dans le même sens large, nous
pourrions dire encore aujourd’hui que les ambassadeurs d’un pays envoyés à
l’étranger sont des « apôtres » de leur pays. De même, une compagnie pharmaceutique
peut envoyer des représentants ou des « apôtres » de la compagnie auprès de
diverses pharmacies pour leur vendre leurs produits. Évidemment, nous
n’employons pas ce mot dans ce sens, mais c’est bien la signification du mot.
Un apôtre est un envoyé mandaté par quelqu’un qui donne à la personne envoyée
l’autorité de parler ou d’agir au nom de celui qui l’envoie. Jésus a dit à
plusieurs reprises qu’il a été « envoyé » par son Père sur la terre pour
accomplir sa grande mission. C’est alors le verbe « apostellô » qui est
utilisé, de même racine qu’apostolos (Jean 4:24; 5:23-24; 6:39; 12:49; 14:24;
16:5; 17:3,8; etc.).
À son tour, Jésus a envoyé des hommes qu’il a
choisis pour une mission précise. « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés
dans le monde. » (Jean 17:18). « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas
plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. » (Jean 13:16). La plupart du
temps, le mot « apostolos » dans le Nouveau
Testament désigne ce groupe des douze choisis directement par le Seigneur. Jésus
les a choisis vers le début de son ministère public (Matthieu 4:18-22; 9:9;
10:1-4; Luc 6:12-16), tandis que Jean-Baptiste est mort seulement un peu plus
tard (Matthieu 14:8-12). Jean-Baptiste a donc connu certains d’entre eux, par
exemple André, le frère de Simon Pierre, qui était au départ un disciple de
Jean et que Jean a conduit vers Jésus (Jean 1:35-40). Ces douze hommes choisis
et formés par Jésus sont « les apôtres de Jésus- Christ » ou les envoyés de Jésus-Christ (Éphésiens 3:5; 1 Thessaloniciens
2:6; Jude 17). Ils ont reçu de Jésus une mission spécifique ou un mandat
particulier. Ils ont été envoyés par lui avec la responsabilité d’accomplir
cette mission et l’autorité de parler et d’agir en son nom. « Celui qui vous
écoute m’écoute et celui qui vous rejette me rejette. » (Luc 10:16). Puisqu’un des
douze (Judas) a renié le Maître et qu’il a fallu le remplacer par Matthias
(choisi en Actes 1:21-26) et puisque Jésus a ajouté encore un autre apôtre
après sa montée au ciel (Saul de Tarse devenu l’apôtre Paul), la Bible nous
précise les critères pour être apôtre. En Actes 1:21-22, les premiers chrétiens
réunis à Jérusalem ont choisi deux hommes « parmi ceux qui nous ont accompagnés
tout le temps que le Seigneur Jésus allait et venait avec nous, depuis le baptême de
Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous ». Puis, un critère bien
spécifique est mentionné dans le même verset 22: « Il faut qu’il y en
ait un qui soit avec nous témoin de sa résurrection ». Puis, après avoir pris
deux hommes correspondant à ce critère, ils ont prié le
Seigneur et tiré au sort pour que le remplaçant de Judas soit désigné. C’est
Matthias qui fut désigné le 12e apôtre. Les deux critères pour être apôtre sont
donc les suivants:
(1) avoir été témoin de la résurrection du Christ;
(2) avoir été spécifiquement choisi ou désigné par le Seigneur Jésus.
Un peu plus tard, Jésus a
choisi de manière exceptionnelle un 13e apôtre en la personne de Paul (Actes
9). Le nombre 12 est évidemment symbolique et représente le fait que l’Église fondée
sur les 12 apôtres est la véritable continuité du peuple d’Israël autrefois
fondé sur les 12 fils de Jacob de qui sont issues les 12 tribus d’Israël. Dans
le cas des 12 tribus d’Israël, il y a eu une petite « passe-passe » pour
arriver au nombre douze. Jacob a bien eu 12 fils, mais l’un d’eux (Joseph) a vu
ses deux fils (Ephraïm et Manassé) devenir deux tribus, tandis qu’un autre fils
(Lévi) n’a pas obtenu d’héritage en Israël, afin de devenir une tribu spéciale,
celle des prêtres et des sacrificateurs. De même, avec les 12 apôtres, Jésus a
fait une petite « passe-passe ». Ils étaient d’abord 12, puis 11 (Judas exclu),
puis de nouveau 12 (Matthias ajouté), puis enfin 13 (Paul ajouté). L’ajout du
13e (12 + 1) correspond symboliquement au fait que Dieu ne se limite plus au
peuple d’Israël, mais qu’il a maintenant incorporé dans son peuple les païens
devenus croyants.
L’apôtre Paul a bien sûr
prêché l’Évangile aux Juifs de son temps, mais sa mission particulière était
d’aller prêcher l’Évangile auprès des païens. C’est pourquoi il s’est appelé « apôtre des païens
» ou « apôtre chargé d’instruire
les païens » (Romains 11:13; Galates 2:8; 1 Timothée 2:7; 2 Timothée 1:11). Ce
n’est pas lui qui s’est donné cette mission, c’est le mandat qu’il a
précisément reçu du Seigneur le jour de sa conversion sur le chemin de Damas.
Le Seigneur a dit à Ananias pour l’encourager à aller trouver Paul: « Va, car cet homme (Paul) est pour moi un
instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations et les rois, et
devant les fils d’Israël. » (Actes 9:16). Il a été bien précisé à Paul: « Tu seras son
témoin, devant tous les
hommes, de ce que tu as vu et entendu. » (Actes 22:15). Le Seigneur lui a dit
directement: « Va, car je t’enverrai au loin vers les païens. » (Actes 22:21). « Lève-toi,
tiens-toi sur tes pieds; car voici pourquoi je te suis apparu: je te destine à être serviteur et
témoin des choses que tu as vues de moi et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai. » (Actes 26:16).
Paul est donc réellement un
apôtre du Christ, même s’il n’a pas côtoyé Jésus pendant son ministère
terrestre, car Paul a été un témoin oculaire des choses qu’il a vues au sujet
de Jésus-Christ. Le Seigneur Jésus lui est apparu de manière tout à fait
spéciale en tant que Ressuscité dans sa gloire céleste! Cette révélation toute
spéciale avait pour but de l’envoyer en mission comme apôtre et prédicateur de
Jésus-Christ dans le monde. Un apôtre n’est donc pas n’importe quel témoin
oculaire. Pour être apôtre, il faut être un témoin oculaire autorisé et mandaté
par le Seigneur Jésus lui-même. En 1 Corinthiens 15:5-8, Paul dresse une liste
de gens qui ont été témoins du Christ ressuscité. Cela inclut au moins 500
frères. En lisant les Évangiles, nous constatons aussi que Marie-Madeleine et
d’autres femmes ont été témoins du Christ ressuscité. Ces gens ne sont
toutefois pas tous devenus apôtres de Jésus-Christ pour autant. Seuls certains
ont été choisis et mandatés par Jésus pour être envoyés par lui avec la mission
et l’autorité particulière de témoigner officiellement de sa résurrection. Chose
intéressante, Paul complète sa liste de témoins du Ressuscité de cette manière:
« Après eux tous, il s’est fait voir à
moi comme à l’avorton; car je suis, moi, le dernier des apôtres. » (1 Corinthiens 15:8-9). Certaines
Bibles traduisent: « car je suis, moi, le moindre des apôtres. » En réalité, le mot grec est
« eschatos », qui signifie « dernier », le dernier dans l’ordre chronologique,
et non pas simplement le moins important. Paul se prétend être le dernier des
apôtres. Après lui, il n’y en a plus. Le Seigneur ressuscité n’est plus apparu
à d’autres (sauf à Jean sur l’île de Patmos pour qu’il reçoive de nouvelles
révélations et qu’il écrive le livre de l’Apocalypse, mais Jean était déjà
apôtre). Jésus s’est fait voir à Paul « comme à l’avorton » du fait qu’il n’a pas fait partie du groupe original des 12, mais
il s’est pourtant bel et bien fait voir à lui! Les autres apôtres ont
d’ailleurs pleinement reconnu l’autorité apostolique de Paul. Ils lui ont donné
la main d’association sans aucun problème (Actes 15; Galates 2:1-10). L’apôtre
Pierre lui-même a reconnu la sagesse qui a été donnée à Paul et a reconnu que
ses lettres, bien que contenant des passages difficiles à comprendre, font
partie des livres inspirés, « comme le reste des Écritures » (2 Pierre 3:16). Le ministère
d’apôtre de Jésus-Christ, envoyé par le Christ pour être témoin autorisé
officiel de sa résurrection a donc pris fin avec l’apôtre Paul. La période
apostolique a pris fin à la mort du dernier des 13 apôtres.
À l’intérieur de ce mandat
d’être envoyé comme témoin officiel de Jésus-Christ, les apôtres ont reçu le mandat
spécifique de mettre par écrit le Nouveau Testament. Ils ont pu être aidés par
des compagnons ou des secrétaires comme dans le cas de l’Évangile de Marc
(compagnon de Pierre) et de l’Évangile de Luc (compagnon de Paul, en
consultation avec d’autres qui ont été directement témoins de la vie de Jésus,
Luc 1:1-4) ou de l’épître aux Hébreux (auteur inconnu). Même l’épître de Paul
aux Romains a été écrite par Tertius, le secrétaire de Paul (Romains 16:22). Le
Nouveau Testament contient donc l’enseignement des apôtres. Contrairement aux
pasteurs et aux anciens qui ont une autorité très limitée à l’intérieur d’une Église
locale, avec pour mandat de demeurer fidèles à l’enseignement des apôtres et de
ne pas en dévier, les apôtres ont reçu une autorité universelle sur l’ensemble
de l’Église de Jésus-Christ et leur enseignement est normatif pour l’Église de
tous les temps. C’est pourquoi Paul dit que l’Église est édifiée « sur le fondement des apôtres et des
prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle » (Éphésiens 2:20; voir 1
Corinthiens 3:10). C’est pour cette même raison que l’apôtre Jean a reçu la
vision de la nouvelle Jérusalem (l’Église
parvenue dans sa gloire) posée sur douze fondements et sur eux il voyait les
douze noms des douze apôtres de l’Agneau (Apocalypse 21:14; rappelons que ce
livre est très symbolique et qu’il préfère utiliser le nombre 12 chargé de sens
plutôt que 13, sans rien enlever évidemment à l’apôtre Paul!).
Ainsi donc, une fois que le
fondement a été posé par les apôtres, plus personne n’est autorisé à poser un autre
fondement. Il s’agit maintenant de garder le dépôt apostolique révélé une fois
pour toutes, de demeurer fidèles à l’enseignement des apôtres et de construire
la vie en Église sur ce fondement. Il n’y a plus d’apôtres de Jésus-Christ qui
sont encore vivants aujourd’hui, mais le témoignage autorisé des apôtres mis
par écrit dans le Nouveau Testament est conservé vivant par la prédication de
la Parole et l’action du Saint-Esprit dans nos coeurs pour que nous puissions
bâtir nos vies sur ce témoignage véridique et rempli d’autorité. Nous sommes
appelés à faire comme les premiers chrétiens qui « persévéraient dans l’enseignement des
apôtres » (Actes
2:42). Voilà comment l’Église est apostolique. Sinon, si elle dévie de ce que
les apôtres ont enseigné, elle perdra son caractère apostolique et ne sera plus
véritablement une Église de Jésus-Christ. Mentionnons encore qu’en plus des
critères indiqués, il existait des « signes » attestant que ces hommes étaient
bel et bien des apôtres de Jésus-Christ. Au milieu de la controverse à Corinthe
soulevée par des gens qui se prétendaient apôtres, mais qui étaient des faux
apôtres du Christ (2 Corinthiens 11:13), Paul fait mention de ces signes qui ne
trompent pas: « Les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’oeuvre au milieu de vous par
une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. » (2 Corinthiens 12:12).
Nous retrouvons la même idée en Hébreux 2:3 4: « Ce salut, annoncé
à l’origine par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu
appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, des miracles variés et par des communications du
Saint-Esprit selon sa volonté. » Le livre des Actes des apôtres nous présente plusieurs miracles
accomplis au nom du Christ par les mains des apôtres, dans le but d’attester et
de confirmer leur prédication de l’Évangile. Ils étaient bel et bien des envoyés
du Christ, puisque Dieu le confirmait par les prodiges et les miracles qu’ils
accomplissaient en son nom (un peu comme Moïse autrefois, quand il est allé voir
le pharaon et qu’il a accompli des prodiges et des miracles avec le bâton que
Dieu lui avait donné).
Il faut toutefois faire
attention avec les signes et les miracles. Un peu comme les magiciens en Égypte
qui essayaient de concurrencer Moïse, Satan aussi possède certains pouvoirs et
peut séduire et tromper bien des gens par toutes sortes de miracles, signes et
prodiges mensongers (2 Thessaloniciens 2:9). C’est pourquoi, Paul a averti les Galates: « Mais si
nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui
que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème! » (Galates 1:8). Les miracles
et prodiges accomplis par les apôtres
étaient bien des signes de leur apostolat, mais il fallait que leur témoignage
soit conforme à l’Évangile de
Jésus-Christ révélé une fois pour toute. Un autre signe de l’apostolat de Paul, devant les faux apôtres qui
causaient du tort aux Églises, était toutes les souffrances qu’il a endurées
pour la cause de l’Évangile.
Sa deuxième lettre aux
Corinthiens contient une liste impressionnante de ces souffrances (par exemple
au chapitre 11). C’est pourquoi, avant même de mentionner les signes, les prodiges
et les miracles, il a dit que « les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’oeuvre au
milieu de vous par une
patience à toute épreuve » (2 Corinthiens 12:12). Paul s’est présenté aux Corinthiens non seulement
avec l’autorité d’un apôtre pour les ramener dans la vérité, mais aussi avec
l’humilité d’un serviteur qui a souffert pour Jésus-Christ et qui a subi bien
des épreuves pour le bien de son Église. Il n’y a donc plus d’apôtres de
Jésus-Christ qui soient vivants sur terre aujourd’hui, mais le témoignage des apôtres
que Jésus a autrefois choisis et envoyés pour proclamer sa Parole en son nom continue
d’être conservé précieusement dans le Nouveau Testament. Ce témoignage
apostolique retentit sur la terre partout où les Églises persévèrent dans l’enseignement
des apôtres. Celui qui écoute ce témoignage écoute Jésus- Christ pour son salut
éternel, celui qui rejette ce témoignage rejette Jésus-Christ à sa plus grande
perte.
Prions que Dieu nous
accorde la grâce par son Saint-Esprit de proclamer fidèlement le témoignage des
apôtres et de construire l’Église de Jésus-Christ sur ce fondement inébranlable. (Paulin Bédard)
Prof. Jimi ZACKA , PhD
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.