Au début de chaque nouvelle année, il est de tradition que la saison des vœux arrive. Quoi qu’on pense de ce
rituel, nul n’y échappe. La plupart y participent joyeusement, certains le
refusent ironiquement, d’autres y consentent servilement, d’autres encore en
font une dette obligatoire à rembourser. Cartes postales, courriers
électroniques, visites familiales, discours et cérémonies protocolaires, les
vœux en tous genres envahissent l’actualité, jusqu’au plus haut sommet de
l’État.
Ainsi, le Chef de l’État s’adresse au peuple promettant monts et merveilles ou défendant corps et âme son bilan même si cela n’a fait que piètre figure. Ceux d’opposition ne se dérobent pas à la règle sous prétexte qu’ils sont les dépositaires du « bâton magique » pouvant nous amener au « septième ciel ».
Ainsi, le Chef de l’État s’adresse au peuple promettant monts et merveilles ou défendant corps et âme son bilan même si cela n’a fait que piètre figure. Ceux d’opposition ne se dérobent pas à la règle sous prétexte qu’ils sont les dépositaires du « bâton magique » pouvant nous amener au « septième ciel ».
Dans certains pays, c’est une séquence importante de
la vie politique car elle permet, à travers les vœux formulés, de donner des
orientations, de tracer des perspectives, de dessiner des projets pour la
nation, de discerner les enjeux de l’année qui s’ouvre. Dans d'autres, cela tend
à prendre un tournant utopique qui se limite à une chimère pour le peuple. Mais, qu'est-ce à dire ?
D’où vient le mot "vœu" ?
Le terme vœu
vient du latin votum qui, en
transitant par l’anglais, a donné le mot vote, la votation ! Mais plus
habituellement le mot vœu a deux sens.
D’abord, et c’est le cas dans la période présente, il
désigne un souhait. Le souhait que s’accomplissent de belles et bonnes choses
pour des proches : famille, amis, collaborateurs, concitoyen. Il exprime
l’espoir d’un bonheur possible pour soi-même et pour les autres, quand tant de
réalités viennent le contredire. Il est comme un contre-feu d’espérance lancé à
la face du malheur. De surcroît, dans une société en perte de vitesse comme la
RCA, oublieuse du prochain, peuplée de violences, d’égoïsmes et de solitudes,
il témoigne que l’on garde encore le souci des autres. Même si ce n’est qu’une
fois par an.
Au regard des vœux formulés au début
de chaque nouvelle année, où tout est
relatif au bonheur, succès, santé, etc... il y a de quoi à se demander si ce genre de vœu ne
suscite pas à la fois confiance et méfiance. Souhaiter un vœu à quelqu’un, c’est
l’inciter à la confiance. Mais, contrairement à ce que l’on peut croire, le souhait d’un vœu peut aussi placer le
bénéficiaire dans le contraire de la confiance qui n’est pas le dénigrement,
mais la méfiance, la surveillance, le contrôle.
Car, il ne faut pas se leurrer, il ne s’agit pas d’imposer nos vues à nos proches, d’obliger les autres à adhérer à notre conception de l’année parfaite : il se pourrait que ce qui est bon pour nous ne le soit pas pour notre prochain. Ne projetons pas abusivement nos secrets espoirs sur ceux qui ne méritent pas d’être punis en ayant à vivre ce que nous, nous voudrions vivre. Faisons de ce temps des vœux un temps de prière qui ne consiste pas à dicter nos solutions, mais à mieux comprendre une situation, à découvrir ce qu’il est possible d’espérer. Il y a, bien sûr, un véritable amour qui s’exprime dans les souhaits que nous pouvons formuler et qui brisent le règne de l’indifférence. Pour autant, tâchons d’offrir aussi une place au désir peut-être balbutiant, peut-être humilié, de celui qui se tient à nos côtés, pour que l’année qui s’ouvre lui permette d’être libre d’être lui-même.
Car, il ne faut pas se leurrer, il ne s’agit pas d’imposer nos vues à nos proches, d’obliger les autres à adhérer à notre conception de l’année parfaite : il se pourrait que ce qui est bon pour nous ne le soit pas pour notre prochain. Ne projetons pas abusivement nos secrets espoirs sur ceux qui ne méritent pas d’être punis en ayant à vivre ce que nous, nous voudrions vivre. Faisons de ce temps des vœux un temps de prière qui ne consiste pas à dicter nos solutions, mais à mieux comprendre une situation, à découvrir ce qu’il est possible d’espérer. Il y a, bien sûr, un véritable amour qui s’exprime dans les souhaits que nous pouvons formuler et qui brisent le règne de l’indifférence. Pour autant, tâchons d’offrir aussi une place au désir peut-être balbutiant, peut-être humilié, de celui qui se tient à nos côtés, pour que l’année qui s’ouvre lui permette d’être libre d’être lui-même.
Le vrai sens des vœux de « Bonne
année »
En effet, souhaiter « bonne année » à quelqu’un ou
à un peuple n’est pas un rituel creux, ni de banales promesses qui n’engagent
que ceux qui les croient. Les vœux expriment un engagement à agir en conformité
avec ce qui a été promis. Dans ce sens ils ne lient pas seulement aux autres
par des formules incantatoires, aussi généreuses que générales qui n’engagent à
rien.
Mais les vœux, pour être sincères, impliquent des
relations d’attention, de solidarité, de fidélité envers leurs destinataires.
Ainsi, ce qui importe c’est ce que vont faire les politiques afin que se
concrétisent les vœux qu’ils ont formulés, de même c’est ce que nous
réaliserons dans les mois à venir qui rendra crédibles nos vœux les meilleurs.
Car, ce vœu appelle un dévouement voire une dévotion. Il est action et aussi
prière. À la différence de tant de souhaits, la prière n’est pas un vœu pieux
mais un acte ultime de foi et d’engagement par lequel le croyant met sa vie et
celle du monde dans les mains de Dieu.
Ce Dieu qui veille sur sa parole pour l’accomplir (Jr 1.12). Oui, Dieu veille sur sa parole et Dieu veille à ce qu’elle s’enracine vraiment et féconde vraiment notre cœur. Mais si Dieu veille sur sa parole afin qu’elle s’enracine en nous, qu’en est-il de nos vœux que nous formulons en emporte-pièce ?
Ce Dieu qui veille sur sa parole pour l’accomplir (Jr 1.12). Oui, Dieu veille sur sa parole et Dieu veille à ce qu’elle s’enracine vraiment et féconde vraiment notre cœur. Mais si Dieu veille sur sa parole afin qu’elle s’enracine en nous, qu’en est-il de nos vœux que nous formulons en emporte-pièce ?
N’est-il pas dit en Ecclésiaste 5.2 de ne pas se
presser d’ouvrir la bouche pour faire un vœu ?
Selon Dieu, formuler un vœu, c’est l’accomplir (Ecclésiaste
5.5). Cela
engage une certaine mesure de responsabilité de notre part. Responsabilité non seulement envers Dieu mais
envers les autres et nous-mêmes. Quand l’évangile nous commande
d’aimer notre prochain comme nous-mêmes,
il nous incite à nous aimer aussi nous-mêmes
et donc à cultiver une certaine confiance en soi. Si nous avons confiance en nous-mêmes, nous aimons l'autre et nous le situons dans un climat de confiance mutuelle. Cela dénote aussi que les
vœux, pour être sincères, doivent impliquer des relations d’attention, de
solidarité, de fidélité envers leurs destinataires. Ainsi, ce qui importe c’est
ce que nous allons faire pour les autres en cette nouvelle année afin que se concrétisent les vœux formulés, de même c’est ce qui
rendra crédibles nos vœux les meilleurs.
Car, il est
judicieux que « face au monde
qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ! » (Francis
blanche).
Bonne Année !
Bonne Année !
Prof. Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue
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