Il
faut noter que la question de l’homosexualité
a toujours été un sujet, à la base, assez ennuyeux et mystifiant. Car, en
Afrique, les pratiques intimes de personnes
consentantes n’ont jamais eu lieu d’être discutées sur la place publique, ni de
devenir un handicap dans la vie sociale, professionnelle ou même familiale de
qui que ce soit. Tout ce qui relève de la sexualité individuelle est tabou et
rend l’autre indifférent. Cela a plongé, du coup, la plupart des africains dans
une ignorance absolue de l’orientation sexuelle de leurs congénères. Notre
intention n’est pas de reprendre ici ce
débat devenu complexe par la radicalité des positions et sentiments qu’il
déclenche, mais plutôt d’aborder ce sujet avec le regard d’un théologien
africain s’inscrivant en effet dans une certaine variété d’approches bibliques,
anthropologiques et théologiques.
Afin d’éviter tout amalgame, nous déplorons, comme beaucoup d’ailleurs, la perte
des valeurs et des repères de toutes sociétés contemporaines aujourd’hui et
surtout cette volonté manifeste de trouver spontanément dans la Bible des
versets bibliques pour justifier ou condamner certaines dérives sociétales ou
d’occulter les avertissements de la Bible concernant certaines déviances
morales. En même temps, au regard de ce qui se passe aujourd’hui, nous croyons qu’il
est judicieux, à notre avis, de ne pas seulement
se mettre dans une posture radicale pour juger une situation sans aucune
analyse. Car, comme pour toute question en lien avec la sexualité, nous courons le
risque de réagir à l’homosexualité selon nos émotions et nos a priori pas toujours fondés.
Malheureusement,
l’autorité du serviteur ou de la servante de Dieu nous pousse parfois à
projeter sur les autres le modèle de nos envies,
de nos idéaux : « Un bon chrétien est celui qui me ressemble,
qui pense comme moi, qui aime les mêmes choses que moi, qui est dégoûté par les
mêmes choses que moi ». La réflexion théologique est un recul par
rapport à nos propres désirs, pour accorder nos comportements, et notre
enseignement ou notre témoignage, à la vérité révélée de Dieu. Le fait est que
le sujet est difficile à traiter, qu’il est particulièrement chargé
émotionnellement, qu’il nécessite rigueur intellectuelle, mais aussi et surtout
amour. En effet, bien plus qu’un sujet ou qu’une thématique, c’est de personnes
dont il est question. Nous avons voulu les garder au cœur de nos réflexions et
de nos propositions. Mais ce
faisant, nous avons ressenti comme jamais certaines tensions : Comment dire la
vérité biblique avec amour ? Comment aborder le sujet sans nécessairement
cautionner ? Comment analyser le problème sans juger ? Tenter de répondre à de
telles questions est similaire à une marche dangereuse et fatigante sur une
pente raide.
Toutefois, ces interrogations nous amènent
à articuler notre réflexion en trois temps : dans un premier temps, nous
nous proposons d’apporter un bref aperçu sur la sexualité africaine afin de
vérifier si l’homosexualité est-elle vraiment une perversité sexuelle exclusive
à l’occident. Dans un deuxième temps, interroger certains textes bibliques sur
la question de l’homosexualité. Enfin, troisièmement, interpeller les Églises africaines sur ce
nouveau défi qui se profile à l’horizon. Car, nous pensons que l’Église africaine devrait s’offrir
comme un lieu où cessent les habitudes de mépris ou de railleries. En d’autres
termes, la question qui se pose est de savoir si l’Église africaine peut être
un lieu de réflexion et de dialogue, où l’on ne classe pas d’avance les gentils
et les méchants, où l’on ne confond pas l’Évangile avec l’idéologie
missionnaire reçue, et où l’on reste libre de s’interroger en dialogue avec des
frères et sœurs. Ainsi, devant ce
nouveau défi de notre époque tout à la fois préoccupant et urgent, les Églises
d’Afrique se doivent d’en prendre une
vive conscience et partager un ensemble
de convictions et d’affirmations concrètes.
En
Afrique, le plus souvent, le sexe se pratique davantage qu’il ne se dit. L’une des raisons est que l’univers de la sexualité en
Afrique depuis toujours, est entouré de
tabous, à l’instar de plusieurs autres régions du monde.
A ce stade, le langage qui entoure le
sexe surtout quand il veut véhiculer un savoir ne peut que se deviner, ou se
visualiser par le biais d’œillères pour ne jamais en préciser la pensée. Il est
donc difficile de pénétrer l’univers des sexualités. En effet, la propension à
l’homosexualité est largement ignorée par les africains eux-mêmes.
Pourtant, le
vécu sexuel dans plusieurs sociétés africaines comme partout ailleurs,
s’inscrivait dans une dynamique particulière, et ayant une logique rationnelle
et relationnelle qui leur étaient souvent propres. Ainsi, dans certaines
coutumes africaines apparaissaient déjà des pratiques homosexuelles dans les
rites initiatiques ou ésotériques. Par exemple, dans certaines tribus en
Afrique de l’Est, la pratique rituelle de la sodomie était courante et était
socialement interprétée comme rendant les jeunes hommes plus vigoureux[2].
De même, chez les Fang au Gabon, au Cameroun ou en Guinée Equatoriale, chez les
Pahouin par exemple, les relations
homosexuelles étaient perçues comme une pratique mystique pour s’enrichir.
Cette richesse était transmise du partenaire réceptif, le pédiqué, vers le partenaire insertif, le pédicon, dans une relation pénio-anale[3].
Au Dahomey, l’actuel Bénin, les enfants de bas âges, tous sexes confondus,
avaient l’habitude de jouer ensemble, jusqu’à l’adolescence où tout était
arrêté. Ainsi, les garçons n’ayant plus l’opportunité d’avoir la compagnie des
filles et de jouer avec elles à des jeux érotiques, trouvaient la satisfaction
sexuelle dans leur compagnie respective entre garçons. Un garçon pouvait alors
prendre un autre comme sa « femme ». Cela était désigné par le terme gaglo
c’est-à-dire homosexualité[4].
"Les relations homosexuelles de type intergénérationnel entre les Bangalla d’Angola étaient très
courantes, surtout au cours des voyages, quand ils n’étaient pas en compagnie
des femmes, leurs épouses. C’est l’une des raisons pour laquelle la
masturbation mutuelle Okulikoweta et la sodomie Omututa étaient
répandues et regardées avec peu ou pas de honte. C’est par contre la
masturbation solitaire, onanisme, Okukoweka qui était considérée avec
mépris"[5]. Chez
les Azandé, l’identité homosexuelle était acceptée, comprise et intégrée. Les
garçons pouvaient faire des travaux attribués socialement aux femmes, accepter
des relations sexuelles avec les hommes, mais surtout parvenaient à appeler
leurs amoureux badiare[6]. Certains initiés chez les Massai du
Kenya par exemple, appelés Sipolio, aimaient sortir vêtus et maquillés
en femmes et avaient des relations sexuelles avec les hommes. Il en était de
même de certains prêtres comme le ganga-ya-chimbanda qui disait ne pas
aimer les femmes et la société acceptait cela comme étant la volonté de Dieu[7].
Au regard de tout ce qui précède, devrions-nous continuer à tenir des discours allusifs à de prétendues valeurs
traditionnelles ? Non, nous ne pensons pas.
Car, la
description de cette réalité dans plusieurs sociétés africaines souligne que
l’homosexualité en Afrique, qu’elle soit identitaire ou juste une pratique
occasionnelle, est une réalité palpable et visible. Elle se poursuit encore
aujourd’hui de façon identitaire ou situationnelle. L’homosexualité devient un
moyen de subvenir aux besoins des individus. Les homosexuels en Afrique se font
de plus en plus voir aujourd’hui dans les grands hôtels, les boîtes de nuit à
la recherche de clients, européens de préférence. Même si, certains états
africains ont prohibé juridiquement l’homosexualité, dans d’autres pays, les
condamnations des individus pour cause d’homosexualité sont quasi inexistantes,
malgré les visibilités grandissantes des plus manifestes, comme cela a été
souligné plus haut. En effet, « certains pouvoirs africains ont adopté une
politique de conspiration, de mutisme, dans le dessein de voir banni du réel ce
qui est officiellement interdit et officieusement pratiqué par certains acteurs
sociaux »[8]. Il
paraît de même que d'autres pays prévoient des peines très sévères sans
qu'elles soient forcément appliquées. A l'inverse, certains Etats n'ont pas les
lois les plus extrêmes mais les appliquent durement.
Mais la
vraie question de notre réflexion est l’attitude des Églises africaines à
l’égard des personnes homosexuelles. C’est l’une des questions les plus
brûlantes qui peuvent se poser aujourd’hui dans les Églises africaines. Il y a
de nombreuses raisons à cela. La
principale est certainement le changement radical de l’image que notre société
peut se faire de l’homosexualité et des homosexuels dans les années à venir. Comme
c’est le cas aujourd’hui en Occident. Mais avant d’aborder cet aspect, il faut
interroger la Bible.
Les données du Nouveau Testament
Le Nouveau
Testament ne mentionne la pratique homosexuelle de manière explicite qu’à trois
reprises et sous la plume de l’apôtre Paul. En 1 Corinthiens 6.9 et 1 Timothée
1.10, la mention est lapidaire, faisant partie d’une liste de pratiques jugées
coupables. En Romains 1.26-28, le propos de l’apôtre est plus développé ; il
inclut, en particulier, l’homosexualité féminine ainsi que l’homosexualité
masculine.
Des
trois textes du Nouveau Testament qui abordent le thème de l'homosexualité (Rm
1,26s; 1 Co 6,9; 1 Tm1,10), le plus explicite est certainement celui de
l'épître aux Romains. Dans les deux autres textes, l'homosexualité apparaît
dans une énumération convenue de vices. Mais il faut préciser que les textes
qui abordent directement cette question sont peu nombreux, mais extrêmement
clairs. Ceux de l’Ancien Testament expriment une condamnation sans équivoque de
toute pratique homosexuelle (Lv 18.22 et 20.13). D’autres, qui peuvent
également concerner ces pratiques présentent des actes abominables qui ne le
seraient pas moins dans un contexte hétérosexuel (Gn 19.1-13 et Jg 19). Il
n’est pas question de ces problèmes dans les Évangiles ou les Actes des
Apôtres, mais on retrouve dans les épîtres, un certain nombre de passages qui
se font l’écho d’un regard semblable à celui de l’Ancien Testament (Rm 1.18-32
; 1 Co 6.9-10 et 1 Tm 1.8-11). Les textes que nous avons cités sont compris à
la lumière de la conception positive de la sexualité et du mariage que nous
trouvons dans les Écritures, de la relation homme - femme qui est une union
dans la différence et qui souligne l’altérité du partenaire. Mais tels quels,
ils sont en effet une condamnation très claire de l’acte homosexuel non
seulement comme ne correspondant pas à la volonté de Dieu et étant un résultat
du péché, mais comme étant lui-même péché. Il ne faudrait surtout pas croire
qu’une telle position résout le problème et clôt le débat ; elle l’ouvre au
contraire. Car s’il faut parler de péché, il ne s’agit d’abord pas « du » péché absolu et on voit bien que
Paul le situe dans des listes qui nous parlent également de bien autres choses
qui sont moins remarquées dans notre contexte culturel (adultère, idolâtrie, avarice, vol, mensonge, abandon de foyer,
etc.). Il ne s’agit que d’un péché parmi tant d’autres et il faut surtout
souligner que nous sommes tous pécheurs et que c’est à nous que l’Évangile
s’adresse (Rm 3.23).
La question qui demeure est donc celle de l’accueil des homosexuels dans l’Église et de la parole qu’il faut leur adresser. Se borner à condamner reviendrait à tomber soi-même sous le jugement de Dieu, si nous ne faisons pas la distinction entre la nécessaire lucidité à l’égard du péché que nous apporte la Parole de Dieu et l’amour, la miséricorde et la compassion pour le pécheur dont Dieu lui-même témoigne.
La question qui demeure est donc celle de l’accueil des homosexuels dans l’Église et de la parole qu’il faut leur adresser. Se borner à condamner reviendrait à tomber soi-même sous le jugement de Dieu, si nous ne faisons pas la distinction entre la nécessaire lucidité à l’égard du péché que nous apporte la Parole de Dieu et l’amour, la miséricorde et la compassion pour le pécheur dont Dieu lui-même témoigne.
Ceci dit, personne ne peut se prévaloir devant
Dieu de ce qu’il est ou de ce qu’il fait et il n’y a pas de plus grand pécheur
que juste ou pur (Lc 18.9-14). C’est
même la définition du péché: se déclarer juste au lieu de laisser Dieu justifier
notre existence. S’ouvre alors, ou devrait pouvoir s’ouvrir, un espace
proprement évangélique où chacun peut se savoir d’abord accueilli par le Dieu
pour lequel, comme le dit Paul, “il n’y a ni juif, ni grec, ni esclave, ni
libre, ni homme, ni femme”.
L’exemple est celui de ces chefs religieux qui traînent cette femme devant Jésus. Au nom de la vérité, ils se font accusateurs, ils condamnent sans appel. Sans doute, cette attitude est-elle une sorte de protection ; ils se placent ainsi du bon côté, du côté de Dieu et le mal (tout le mal du monde en cet instant précis) est sur cette femme. La tentation a été et demeure grande d’avoir à l’égard des homosexuels, une attitude semblable et point n’est besoin d’être chrétien pour cela. Il s’agit alors d’une attitude de rejet pur et simple, de diabolisation d’un certain nombre de personnes qui représentent en quelque sorte tout le mal du monde et nous dispensent d’être trop attentifs à celui qui nous concerne nous-mêmes. L’homophobie peut être facilement placée de ce côté. Ce comportement sexuel qui fait horreur ne peut être condamné qu’en rejetant les personnes concernées et nous nous sentons alors du bon côté, libres et fiers de pouvoir être les juges. Nous nous sentons alors protégés et justifiés dans nos propres péchés puisque nous sommes « du côté de Dieu » C’est pour cette raison que Jésus va renvoyer ces hommes à leur propre conscience : « que celui de vous qui est sans péchés lui jette le premier la pierre » (Jn 8.7).
Mais,
le point culminant du récit de Jn 8, 1-11 est que Jésus s’est approché de cette
femme avec une parole de pardon et non de condamnation. Le pouvoir de
transformer la vie de cette femme ne résidait pas dans le jugement des
religieux mais dans la proximité d’une rencontre avec Jésus : « va et
désormais ne pèche plus ».
L’attitude
de Jésus en dit long. Il dira à la femme, à la fin de ce passage : « Moi
non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais, ne pèche plus ».
Sa miséricorde à l’égard de la personne va de pair avec la lucidité de sa
dénonciation du péché. Dans le « va et ne pèche plus», il y a à la fois la
reconnaissance de la nature profonde de l’acte (l’adultère est un péché) et
l’espérance d’une issue, de la possibilité d’une vie nouvelle qui s’ouvre. Nous
n’avons entre les mains aucune possibilité de condamnation (Dieu seul est et
sera juge), mais, précisément par notre capacité de dire le juste, de ne pas
nous laisser engluer dans l’ambiguïté, celle d’ouvrir une espérance, la
possibilité de permettre à quelqu’un de sortir de la situation de péché dans
laquelle il est enfermé. Lucidité sur l’acte et miséricorde et compassion pour
la personne. C’est là tout le chemin à suivre et toute sa difficulté également
quand il s’agit de l’homosexualité. Il s’agit alors, même si cela peut poser
d’autres difficultés, de distinguer entre la personne qui ressent des attraits
homosexuels et la relation sexuelle elle-même ; entre l’homophile qui est cette
personne qui éprouve une certaine catégorie spécifique de tentations comme les hétérosexuels
en éprouvent d’autres et celui qui y succombe et entre dans l’acte lui-même. La
distinction n’est pas différente de celle qui peut exister entre celui qui
éprouve du désir pour toutes les jolies femmes qu’il peut rencontrer - ce qui
est la situation hétérosexuelle banale - et celui qui commet effectivement
l’adultère.
L’homosexualité, un défi pour les Églises africaines
Aujourd'hui, les Eglises africaines sont appelées à ne plus afficher un refus de se laisser interpeller ou faire sourde oreille à la problématique tout en laissant croire que c'est un problème des Eglises occidentales. Un certain nombre de questions les interpellent et nécessitent des réponses claires et urgentes. Une personne homosexuelle qui découvre la foi et veut entrer dans l’Église, ne devient-elle pas par là-même enfant de Dieu (cf. l'exemple de l'eunuque éthiopien) ? Doit-on attendre qu’elle accueille l’enseignement de l’Évangile et qu’elle cherche, quelles que soient les difficultés, à y conformer sa vie ? L’homosexuel « pratiquant » est-il un pécheur dont le péché est plus grand que celui des autres ? Sans hypocrisie, que dirions-nous de l'amour de Dieu pour les personnes homosexuelles?
L’Église doit savoir faire preuve de
patience et chaque chrétien peut, en fonction des problèmes particuliers qui
sont les siens, se regarder dans une glace pour comprendre que cette patience
est une nécessité. Mais si la personne cherchait à justifier un comportement à
l’évidence contraire au chemin que le chrétien s’engage, par son baptême, à
suivre, les choses deviendraient différentes. Cela signifie qu’une personne
d’orientation homophile a tout à fait sa place dans la communauté. Elle doit
même pouvoir être accompagnée et entourée afin de mieux vivre une situation qui
pourra être parfois douloureuse. C’est ce que le Seigneur nous enseigne et nous
recommande : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(Mt 22. 39).
Aimer son
prochain comme soi-même, se comporter à l’égard des autres comme nous
souhaiterions qu’ils le fassent au nôtre, cela concerne aussi notre attitude à
l’égard des homosexuels. Cela va sans dire, mais il est bon de le rappeler car
la tentation est grande, dans une période de polémique dans ces domaines, de se
laisser emporter par les mots et les arguments.. La vieille haine rassurante de
celui qui est différent de moi reste toujours tapie quelque part au fond de
chaque être humain. Il est tentant alors de lutter par le mépris, d’exprimer ce
qui n’est rien d’autre que des réactions viscérales, de stigmatiser telle
personnalité parce que homosexuelle.
L’Écriture
et l’Église peuvent alors devenir des arguments supplémentaires dans une lutte
qui n’a rien de chrétien et qui n’est que la manifestation actuelle de vieux
démons. Pourtant, nous ne devons pas perdre de vue cet aspect : l’Église
est une communauté de pécheurs, et une communauté qui embrasse et accueille les
pécheurs. C’est une communauté de ceux qui sont morts, ensevelis et ressuscités
avec Jésus-Christ, une communauté qui est ainsi en transformation, anticipant
la résurrection finale et la nouvelle création. Son espérance dans l’harmonie
parfaite, la réconciliation totale de la création, influence dès aujourd’hui
son présent : en l’attendant, elle continue de souffrir avec la création
déchue, tout en vivant et en se laissant transformer par l’œuvre rédemptrice de
Dieu.
C’est dire
que l’Église vit de la grâce. Elle est aussi une communauté appelée à la
sainteté dans tous les domaines, pas seulement celui de l’éthique
sexuelle, mais aussi celui de l’éthique sociale : elle ne doit pas supporter
qu’un de ses membres s’adonne à l’exploitation de ses semblables, pratique la
violence, tienne des discours haineux ou ethnique, etc. Ce qui est inacceptable
dans la vie d’une Église qui se veut fidèle aux Écritures est la tentative de
revendiquer comme légitime un comportement qui ne l’est pas selon le texte
biblique. C’est l’interprétation la plus limpide de Romains 1.32, où Paul
considère comme un signe de déchéance non seulement la pratique de certains
actes, comme l’homosexualité, mais aussi leur approbation.
Les
chrétiens africains ont donc à revenir sans cesse à l’exemple de leur Maître
qui disait la vérité dans l’amour et qui ne confondait jamais la sainteté avec
le rejet de l’autre. Pourquoi faut-il commencer par-là ? Simplement parce que
c’est le seul moyen d’avoir une chance d’être entendu lorsque nous voudrons
dire à nos interlocuteurs que l’Évangile est aussi pour eux, comme il est pour
nous. Il y a sans doute, en chacun de nous un travail à faire dans ce domaine,
simplement pour aimer, simplement pour être effectivement chrétiens.
Que Dieu nous aide à y penser maintenant !
Pr Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue, Auteur
[1]
Notre
article reprend, dans cette partie, l’étude
de Charles Gueboguo, « L'homosexualité en Afrique : sens et
variations d'hirer à nos jours », Socio-logos. Revue de l'association
française de sociologie [En ligne], 1 | 2006, mis en ligne le 21
mars 2006, Consulté le 20 mai 2015. URL : http://socio-logos.revues.org/37
[2] MURRAY, S., O., ROSCOE, W., Boy-wives and
Female Husbands. Studies of African Homosexualities, New York, St Martin’s
Press, 2001, p. 143.
[3] Ibid,
p.142.
[4] M., HERSKOVITS, Dahomey : An Ancient West
Africa kingdom, Agustine, New-York, 1938, p289, cité par S., MURRAY, W.,
ROSCOE, Ibid, pXIII.
[5] J.,WEEKS,
« Anthropological notes on the Bangala of the Upper Congo River”, Journal
of the anthropological Institute of Great Britain and Irland, 1909,
pp416-459, cité par S., MURRAY, W., ROSCOE, Ibid, p143.
[6] E.,EVANS-PRITCHARD, The Azande, Oxford,
Clarendon Press, 1971, p199-200.
[7] R., NEEDHAM, « The left
hand of the mugwe : An analytical note on the structure of Meru
symbolism » in, Right and Left : Essays on Dual Classification, 1973,
pp109-127, rapporté par S., MURRAY, W., ROSCOE, Ibidem, p37.
[8] C. Gueboguo, op.cit.
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