Il
est vital, pour nous centrafricains, patriotes attachés aux vraies
valeurs du pays, de construire un véritable « front républicain » contre
ces rusés, corrompus, alliés aux commanditaires de nos souffrances.
Il nous faut dénoncer ceux qui ont
trouvé le culot de transformer la devise de notre pays «
Unité-Dignité-Travail » en une simple formule prédatrice : « je ne sers
pas un homme, je sers un État », c’est-à-dire, ceux qui ont la manie de
se « caméléoniser » pour perpétuer leurs desseins inavoués, ceux que
nous qualifions sans détours des « collabos ».
En fait, qu’est-ce qu’un collabo ? Le
collabo est celui qui collabore à la mise en œuvre d’une politique
d’agression contre son propre pays. Il peut soutenir sans réserve, et
parfois avec zèle, des politiques qui desservent dangereusement sa
propre société et dont il ignore certains desseins. Le collabo semble
agir par instinct primaire, par stupidité, par corruption mentale, par
perversion ou autre vice tel que la prédation.
Avec le temps, le collabo se réfugie
dans le fanatisme pour se protéger de sa conscience et échapper aux
interpellations de sa raison s’il lui en reste. En Centrafrique, du
règne de Bokassa à nos jours, les collabos écument les
coulisses de la classe politique et excellent dans des basses besognes :
délations, trahisons, dénonciations, transfuges, ruses, calomnies, etc.
On les reconnaît par ce qu’il est
convenu d’appeler aujourd’hui, « la caméléonisation » du penser
politique, concept célèbre qui explique l’inconstance, le mimétisme et
la prédation en politique. En effet, du caméléon, nous savons ceci :
c’est un terme qui émane du mot grec « Khamaileôn » dont le sens exact
est : « le lion qui se traîne à terre », le mot « khamai » voulant dire «
à terre ».
Le caméléon est, donc, selon le
Dictionnaire Robert, un reptile saurien qui a la faculté naturelle de
changer de couleur. Il se distingue de son allure majestueuse, de sa
patience d’atteindre sa destination, mais aussi de son regard malicieux
et omniprésent qui lui permet de voir tout ce qui l’entoure afin de
pouvoir se confondre avec son milieu par le jeu infini de mimétisme.
De manière apparente, il est inoffensif.
Voilà pourquoi pour les grecs, il traîne à terre. Mais, il demeure un
lion parce qu’il est le roi de la ruse par le jeu du mimétisme. La ruse
en politique est une forme de combat qui consiste à éliminer l’autre de
manière malicieuse. C’est une technique qui a pour méthode de dissimuler
ses intérêts particuliers et d’inventer un « ennemi » ou de grossir
l’importance d’un ennemi réel en se justifiant par la nécessité de
l’anéantir.
C’est ainsi que ces malfrats politiques
ont réussi à semer dans la société centrafricaine le germe de la
division, de la corruption, du mensonge, de transhumance politique, des
détournements des deniers publics, du pillage systématique des maigres
ressources dont dispose la RCA. Ils utilisent le mensonge comme moyen de
manipulation et de conservation d’un pouvoir à génuflexion, d’un
pouvoir qui fait de l’être humain un objet.
Sous le masque politique de la
démocratie, apparaît la servitude de la population, la dissolution de la
dignité humaine en une liberté de choix préconditionnée. C’est ainsi
que ces collabos ont fait de la sinistre prison de NGaragba, un lieu de
concentration, où plusieurs victimes de leurs délations et trahisons ont
été, condamnées à tort et sommairement exécutées sous l’ère Bokassa et sous les différents régimes successifs.
En effet, nous vivons aujourd’hui dans
une réalité brouillée par leur monstruosité où il suffit de parler pour
être accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. La structure du pouvoir
n’est plus, depuis quelques années, dans le style d’une culture
démocratique, elle se donne en spectacle, du dire faux, du faux dire et
du faux penser qui conduit à toutes ces récurrentes crises politiques.
Un témoignage rapporté ici en est
l’évidence : dans son post intitulé « La cohabitation au sommet de
l’Etat », (07/11/13, Centrafrique Libre), notre compatriote Félix Yepatis-Zembrou a révélé un cas sous le régime Kolingba lorsque le Général Timothée Malendoma
(paix à son âme) fut nommé Premier Ministre du gouvernement d’union
nationale en 1992 : « Un jour, lorsque je lui demandais : « Qu’est-ce
qui fait courir Monsieur Malendoma? », il me répondit sans ambages : « Malendoma ne court pas. Quand j’ouvre ma fenêtre le matin, je regarde le ciel et devant moi, l’avenir du Centrafrique ».
Mais pour laisser une empreinte
indélébile sur son passage, le nouveau Premier ministre devrait tenir
tête aux redoutables faucons du cabinet présidentiel. En l’occurrence, Jean Kpoka, Joseph Mabingui, Martin Yando, Gaston Nguerekata, Honore Zin-Siwe, Charlie Gredangbiet un Français du nom Casanova.
Ceux-ci lui livreront un combat sans merci, utilisant des méthodes peu
orthodoxes (crocs en jambes, peaux de banane, coups fourrés…) dont il se
relèvera tant bien que mal en s’accrochant à un objectif derrière
lequel se cachait incontestablement une ambition présidentielle.»
Il est à retenir ici que le général Maléndoma
« devrait tenir tête aux redoutables faucons du cabinet présidentiel ».
En d’autres termes, le pouvoir était une affaire de caste constituée
des « faucons présidentiels ». Ayant pris le pouvoir en otage, ils
imposaient à toute une population leur propre volonté.
Ces laudateurs se croyaient souvent
forts et protégés parce qu’ils pensaient soutenir un pouvoir
inébranlable mais dès que celui-ci était tombé, c’est à ce moment
particulier qu’ils ont repris conscience du mal qu’ils ont causé à leurs
semblables et au peuple. Il y a d’autres cas que nous ne pouvons passer
sous silence.
Par exemple, les fiches mensongères
établies par les collabos continuent d’avoir leur capacité de nuisance
dans ce pays. Elles ont fait trop de tort aux paisibles citoyens. Elles
feront toujours des victimes innocentes. Seulement, les auteurs de ces
fiches mensongères, comme des vampires ou sang-sues, prennent plaisir à
vivre du sang des autres.
C’est une tradition machiavélique qui ne
tend jamais à disparaître. C’est cette triste condition qui a entraîné
le pourrissement de l’État. Dans un tel cas, le pouvoir n’est plus en
mesure de faire respecter la loi et l’État perd toute prérogative dans
la mesure où lui-même n’applique pas la loi. Il naît alors la terreur où
tout suspect devient coupable, où les joies paisibles se transforment
en océan de larmes et la perpétuation de l’horreur.
Le piétinement de la morale par la
conscience cynique de ces collabos a entériné l’assassinat des droits,
même les plus élémentaires, le « droit de vivre », d’exister et même de
porter son nom, le «droit » de nommer ou d’appartenir à une ethnie. Une
telle pratique est-elle excusable ? De nombreux exemples de
collaborationnisme se sont manifestés au cours de l’histoire de
l’humanité.
Je retiendrai l’exemple le plus
éloquent. Celui de la deuxième guerre mondiale. Dans la France occupée
par l’Allemagne, pendant la seconde guerre mondiale, certains
politiciens français avaient trouvé l’inexplicable opportunité d’appuyer
les politiques cyniques et inhumaines d’Hitler contre leurs
compatriotes.
Ils ont ainsi aidé les nazis à effectuer
des rafles et des massacres des juifs français, à confisquer des
ressources de l’État français, à réprimer la résistance française, à
dénoncer des cachettes des résistants français, etc. Mais à la fin de la
seconde guerre mondiale, alors qu’Adolphe Hitler
s’était suicidé, les soldats américains et anglais, regardaient d’un air
médusé ou scandalisé ces femmes, la tête et le sexe tondus, que l’on
promenait par les rues, encadrées de mitraillettes vindicatives, ces
hommes qui, le cou pris dans un carcan d’un portrait de führer, étaient
hués par la foule.
Partout, les collabos qui tombaient
entre les mains de la foule en colère subissaient les pires sévices
réservés, dans de pareilles circonstances, aux hommes et aux femmes qui
ont aidé le tyran à imposer son pouvoir et à dominer le peuple. En
Allemagne, les Nazis étaient pourchassés partout où ils se cachaient à
travers le monde afin qu’ils paient pour leur collaboration avec le
régime d’Adolphe Hitler.
Le suicide, le retrait de la
circulation, l’exil volontaire pour fuir la réaction du peuple qui a été
martyrisé et méprisé pendant la tyrannie, etc… étaient les choix les
plus courants qui leur étaient réservés.
Serait-il un jour le même sort pour nos
collabos en Centrafrique ? Appâtés par les gains faciles, les mêmes
collabos s'accrochent toujours à
la mangeoire de différents régimes et abandonnent leurs compatriotes aux velléités machiavéliques.
Mais qu’est-ce que ces quelques billets
de banque face à l’assassinat quotidien des milliers des centrafricains ?
Qu’est-ce que l’argent par rapport aux viols de nos filles, sœurs,
épouses, mères ? Les exécutions sommaires de nos frères ? Les pillages
de nos biens et les ressources de notre pays ? Les
ventripotents-collabos ont-ils encore leur place dans notre lutte contre
l'exploitation du peuple et la prise en otage des institutions républicaines par les forces d’occupation ? Non.
Que la Centrafrique les nomme et les expose à la honte ! Car, la RCA est victime de ces redoutables "collabos" imbus du cynisme.
Dr Jimi ZACKA
Anthropologue, Auteur
Dr Jimi ZACKA
Anthropologue, Auteur