"Marchez selon
l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. Car la
chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de
contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne
fassiez point ce que vous voudriez"
Introduction
Oscar Wilde disait : « Il est des
moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement,
complètement, ou traîner l'existence dégradante, creuse et fausse que le monde,
dans son hypocrisie, nous impose.» ? J'aime bien cette philosophie. La plupart des
gens vivent aujourd'hui par procuration. Les images, les médias, les réseaux
sociaux, les paroles des autres nous envahissent, nous préoccupent et nous
imposent vraiment de vivre avec une pièce de théâtre constante qui se déroule
devant nous, et notre propre vie n'est qu'un décor. Nous sommes vraiment dans
une mutation imaginaire toujours renouvelée qui efface et dépolit la réalité.
Ce constat révèle en creux combien il est
difficile d’assumer son existence dans son authenticité. La liberté et la
responsabilité sans excuses qu’elles fondent angoissent. D’où la tentation de
nombreux hommes d’échapper aux multiples responsabilités qui leur incombent.
Le Philosophe Sartre appelle cette attitude une mauvaise foi. Dans l’un de ses ouvrages sur l’existentialisme,
il écrit : « les uns qui se
cacheront par l’esprit de sérieux ou par excuse déterministes, leur liberté
totale, je les appellerai lâches ; les autres qui essaieront de montrer
que leur existence était nécessaire, alors même qu’elle est la contingence de l’apparition
de l’homme sur la terre, je les appellerai des salauds ; mais lâches ou
salauds ne peuvent être jugés que sur le plan de la stricte authenticité »
(nagel,1967, p.84-85).
Qu'est-ce que c'est vivre ?
Qu'est-ce que c'est vivre ?
Qu’est-ce que c’est vivre authentiquement et indépendamment des biens matériels ? Telle est la problématique. Est vivant tout ce qui s’oppose aux
choses physiques et aux objets artificiels fabriqués par l’homme. La vie est
donc une notion biologique.
L'être vivant a la capacité de se mouvoir de lui-même, et non pas en
vertu d’un principe extérieur (comme c’est le cas pour un objet technique qui
nécessite la main de l’homme pour fonctionner).
Pourtant, le monde d’aujourd’hui est basé sur un
fonctionnement uniquement matérialiste et dicte la manière dont l’homme doit
vivre. Cette manière est de vivre par procuration. C’est ce que l’Apôtre Paul
appelle vivre selon la chair. En
effet, d’un côté nous vivons selon la
chair (par procuration), ou de l’autre nous vivons selon l’esprit (authentiquement).
Il est essentiel
de comprendre d’abord que ces deux notions ne s’invalident pas l’une et
l’autre : vivre selon la chair n’exclut pas une vie spirituelle, et vivre
selon l’esprit n’interdit pas de satisfaire aux besoins de la chair. Non, c’est
tout simplement une question de priorités. Pour une attitude donnée, il
s’agit en réalité de deux chemins différents, dont les conséquences ne seront
pas les mêmes. Ce sont
deux façons de vivre en fait.
Deux manières de vivre
Vivre selon la
chair ne se limite pas
aux plaisirs charnels. Il y a deux notions à expliquer :
d’une part, c’est laisser libre cours à ses
passions et à ses envies qui ne peut mener qu’au désordre et à la débauche ;
ça, tout le monde l’a compris, d’où un certain nombre de règles de vie en
société qui n’ont pas pour but un retour à la morale mais seulement de freiner
ou de restreindre les abus afin d’en réduire les fâcheuses conséquences ;
d ’autre part, c’est se baser sur la
satisfaction unique de ses besoins matériels sans dimension spirituelle qui mène au
même résultat, et là peu de gens s’en rendent compte. Le sens profond de vivre par
procuration, c'est que cette vie ne mène pas qu’aux excès liés à la satisfaction unique
des besoins charnels, elle nous détourne de la Loi de Dieu, ce qui conduit aux pires calamités : guerres,
idolâtries, déliquescence des mœurs, cupidité, haines, envies, etc… un monde
qui ressemble bien étrangement au nôtre.
Vivre selon l’esprit, c’est faire passer sa vie spirituelle avant sa
vie matérielle. C’est aussi
tenter d’appliquer dans sa vie les lois de Dieu, de chercher à lui plaire en obéissant
à ses commandements avec humilité et discernement. Ainsi, en
Ga 5.26, l’apôtre Paul donne des recommandations suivantes : « Ne
cherchons pas une vaine gloire en nous provoquant les uns les autres, en nous
portant mutuellement envie… ».
C'est dire que nous ne pouvons vivre à la fois une vie authentique et une vie par procuration comme le souligne Jésus en affirmant que :" Nul ne peut servir deux maitres; car, ou il haira l'un et aimera l'autre, ou il s' attachera à l'un et meprisera l'autre: vous ne pouvez servir Dieu et Mammon" (Mt 6.33). L'auteur de l'épître aux hébreux en fait l'écho en Heb 13.5 : "Ne vous livrez pas à l'amour de l'argent; contentez-vous de ce que vous avez...".
Ne pas se contenter de ce que l'on a est la matrice de la difficulté d'assumer sa propre vie .
C'est dire que nous ne pouvons vivre à la fois une vie authentique et une vie par procuration comme le souligne Jésus en affirmant que :" Nul ne peut servir deux maitres; car, ou il haira l'un et aimera l'autre, ou il s'
Ne pas se contenter de ce que l'on a est la matrice de la difficulté d'assumer sa propre vie .
Conclusion
Si vivre par procuration devient
aujourd’hui une norme vitale dans notre monde ultra-matérialiste, Paul veut
nous faire
comprendre que le vrai bonheur, ce n’est pas de posséder le dernier iPad à la
mode, beaucoup d'argent, une belle voiture ou de vivre selon ses envies et ses instincts. Ce bonheur-là crée des
insatisfactions permanentes et altère en réalité les rapports humains.
Le vrai bonheur, c’est celui que nous ressentons au plus profond de notre être, celui qui vient de l’âme et du cœur. « Cherchez d’abord le royaume des cieux et vous aurez le reste par surcroît » nous a dit Notre-Seigneur ( Mt 6.33). Ce n’est pas du tout une vie austère, comme certains le pensent. C’est une vie bien terrestre pourtant mais autrement ; parce que nous vivons authentiquement comme le veut Dieu et non par procuration par le biais des biens matériels nous éloignant de la volonté de Dieu.
Le vrai bonheur, c’est celui que nous ressentons au plus profond de notre être, celui qui vient de l’âme et du cœur. « Cherchez d’abord le royaume des cieux et vous aurez le reste par surcroît » nous a dit Notre-Seigneur ( Mt 6.33). Ce n’est pas du tout une vie austère, comme certains le pensent. C’est une vie bien terrestre pourtant mais autrement ; parce que nous vivons authentiquement comme le veut Dieu et non par procuration par le biais des biens matériels nous éloignant de la volonté de Dieu.
Prof. Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue