Des journées
trop chargées, à se dépêcher, à courir, pour tenter d’effectuer ce qui, en se
couchant, restera à faire. À terminer demain. « Il faudrait allonger les journées ! », dit quelqu’un. « Le temps passe trop vite ! », se plaint
l’autre. « On vit comme des dingues », renchérit le troisième. « Vous
les Occidentaux, vous courez vers la mort ou quoi ? », s'interroge un africain vivant en Europe. « Être affamé de temps
ne provoque pas la mort, rassurent John Robinson et Geoffrey Godbey, mais, comme l’avaient observé
les philosophes antiques, empêche de commencer à vivre[1]. » L’existence
pleine a besoin de temps pour se déployer.
Ainsi, était ce monde de sans-repos qui était en pleine vitesse, où tout se résumait en l'instantanéité, l'immédiateté, « Time is money » (Le temps, c’est de l’argent). En fait, tout le monde menait une vie en cadence accélérée: accélération technique, accélération des rythmes de vie, accélération des changements sociaux. L’accélération des rythmes de mutations chahute notre vie sociale. On était tous pressés pour gagner du temps. La lenteur, le repos, le retard, les absences étaient des vices blâmés à éviter. L'hyperactivité, la superconsommation et le burn-out se côtoyaient dans nos quotidens. Peu importe l'épuisement professionnel.
Ainsi, était ce monde de sans-repos qui était en pleine vitesse, où tout se résumait en l'instantanéité, l'immédiateté, « Time is money » (Le temps, c’est de l’argent). En fait, tout le monde menait une vie en cadence accélérée: accélération technique, accélération des rythmes de vie, accélération des changements sociaux. L’accélération des rythmes de mutations chahute notre vie sociale. On était tous pressés pour gagner du temps. La lenteur, le repos, le retard, les absences étaient des vices blâmés à éviter. L'hyperactivité, la superconsommation et le burn-out se côtoyaient dans nos quotidens. Peu importe l'épuisement professionnel.
Et voilà du coup, un slogan sort de nulle part pour s’imposer
au monde, pour renvoyer tout le monde au reclus, au confinement, à l'enfermement : « Restez chez vous !».
C’est comme si l’homme s’est pris à son propre piège des
rythmes accélérés de vie sociale. «Restez
chez vous», est le mot d’ordre pour éviter les
rassemblements et contacts, "Restez chez vous" freine tout et tout est, non seulement au ralenti, mais immobilisé, favorisant ainsi le combat acharné contre l’épidémie qui se répand partout dans le
monde, face à une contagion planétaire rapide et à une situation invivable partout. Cette période de confinement liée à l’épidémie du Covid-19 constitue une
épreuve sociale inédite, qu’on peut comparer à une expérience de
laboratoire in vivo.
Le « Restez chez vous » devient donc un étrange
privilège des vacances inespérées mais empoisonnées. Ailleurs, pour la majorité, une solitude,
une prison, une solitude, une cohabitation forcée entre les quatre murs de sa
demeure.
« Restez chez vous » et ses conséquences sociales
Au-delà du mot d’ordre « Restez chez vous » dont l’enjeu
est de lutter contre la pandémie covid19, on note certains avantages. C’est ce que souligne le
sociologue Edgard Morin : « le confinement peut nous aider à commencer une
détoxification de notre mode de vie », car, selon lui, « cette
crise nous montre que la mondialisation est une interdépendance sans solidarité ». Et d’ajouter, « le virus éclaire aujourd’hui de
manière immédiate et tragique cette communauté de destin. En prendrons-nous
enfin conscience ? Faute de solidarité internationale et d’organismes
communs pour prendre des mesures à l’échelle de la pandémie, on assiste à la
fermeture égoïste des nations sur elles-mêmes ».
Mais d’autres questions taraudent l’esprit : quels sont les risques du confinement ? A quoi s'attendre quand on demande à la population d'un pays entier de
rester chez elle pendant dix jours, deux semaines, un mois, voire plus ?
Quels vont être les effets sur son mental, sur nos comportements sociaux ?
Et quelles pathologies pourraient apparaître ?
Car, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes inégaux devant ce confinement. Cela est en fonction de notre habitat, notre situation personnelle, nos moyens de résilience, nos moyens financiers, notre état de santé mais avec des constantes à l’intérieur. Et c’est très difficile à le vivre, car le confinement ne fait que distendre les liens et renforcer l'isolement et l'ennui. De fait, le confinement peut entraîner la destruction du lien social et ses conséquences sont variées.
De fait, cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à la culture ou à des habitudes culturelles riches. D’autres qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, les laisser pour compte, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors sur carreau. Outre tout cela, il y a sans doute une dimension théologique. Que dit la Bible alors ?
Car, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes inégaux devant ce confinement. Cela est en fonction de notre habitat, notre situation personnelle, nos moyens de résilience, nos moyens financiers, notre état de santé mais avec des constantes à l’intérieur. Et c’est très difficile à le vivre, car le confinement ne fait que distendre les liens et renforcer l'isolement et l'ennui. De fait, le confinement peut entraîner la destruction du lien social et ses conséquences sont variées.
De fait, cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à la culture ou à des habitudes culturelles riches. D’autres qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, les laisser pour compte, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors sur carreau. Outre tout cela, il y a sans doute une dimension théologique. Que dit la Bible alors ?
« Restez chez vous » à la lumière de la Bible
En parcourant la Bible, nous relevons notamment dans l’AT deux termes qui expriment
l’idée de confinement ou de « restez chez vous ». Le premier terme
hébraïque est kele’ qui veut dire emprisonnement, confinement,
retenue, cachots ( 2 Rois 22.27 ;
2 Rois 17.4 ; 2 Rois 25.27 ; 2 Ch.18.26 ; Es 42.7 ;
Es.42.22). Tous ces versets bibliques donnent l’idée d’être privé de sa liberté
par une juridiction. En tant que lieu de détention, la prison par définition,
prive de liberté. Les personnes détenues sont en attente de jugement (en Maison
d’arrêt ou cachot) ou s’acquittent d’une peine (prison) sous prétexte de mettre
« hors d’état de nuire » les plus dangereux pour la société.
Il importe de souligner que l’enfermement n’est pas seulement dû aux serrures et aux barreaux. Celui-ci est réel et certes. Mais, plus sournoisement, les personnes se découvrent enfermées et murées dans l’enfermement de la solitude, des regards qui pèsent sur elles, des jugements, d’une vie qui semble désormais sans issue. Être enfermé, c’est ne même plus pouvoir imaginer qu’on puisse s’en sortir un jour.
Il importe de souligner que l’enfermement n’est pas seulement dû aux serrures et aux barreaux. Celui-ci est réel et certes. Mais, plus sournoisement, les personnes se découvrent enfermées et murées dans l’enfermement de la solitude, des regards qui pèsent sur elles, des jugements, d’une vie qui semble désormais sans issue. Être enfermé, c’est ne même plus pouvoir imaginer qu’on puisse s’en sortir un jour.
Le second terme s’oppose au premier (c'est important de le noter). Ce terme est cheder [kheh’der] qui
signifie chambre, pièce, dedans. Il est utilisé plus de 33
fois dans la Bible. Pour cette étude, nous retenons en exemple le texte d’Esaïe 26.20 dans
lequel se trouve le mot cheder qui exprime l’idée de « Restez chez vous ».
Il est écrit : « Va, mon peuple, entre dans
ta chambre (cheder), Et ferme la porte derrière
toi ; Cache-toi pour quelques instants, Jusqu'à ce que la colère soit passée ». Ce verset
est une conclusion pratique complètant le second discours (Es.25.9-26.19). Pour
un instant, le jugement de l’Eternel se déchaînera avec violence d’une tempête
(Es.30.27 ; Jer 23.19), mais sera de courte durée (Es.10.25). Ainsi,
Israël doit se placer sous l’aile de son Dieu jusqu’à ce que le jugement ait
passé, et dans l’attente paisible de la glorieuse fin qui lui est promise.
Le prophète termine ainsi , comme c’est le cas dans la plupart des tableaux bibliques, par un mot qui apaise le cœur et l’esprit : "Entre dans ta chambre" comme Noé dans l’arche (Genèse 7.16), c’est-à-dire : « recueille-toi et tiens toi tranquille » et surtout « ferme (cagar) la porte (deleth) et cache (chabah)-toi ». Il y a ici trois mots forts qui donnent l’idée de « Restez chez vous » : Cagar (fermer), deleth (porte), chabah (se cacher). Ces trois termes sont allusifs à la sécurité. Le « Restez chez vous » ici consiste à aller dans sa chambre, s’enfermer et se cacher pour se protéger contre un danger. C’est aussi une manière de se mettre sous les ailes de Dieu : c’est-à-dire, s’assurer de sa sécurité.
C’est ce que Esaïe 30.15 dit : « C’est en revenant au repos que vous serez sauvés » ou Ps27.5 : « il me cache sous sa tente dans les jours du malheur….Il me tient abrité » (BS). Il n’est plus question d’enfermement ni de prison comme dans le premier cas mais de se mettre à l’abri. En Exode, les enfants d’Israël étaient enjoints de rester chez eux et de respecter certaines consignes (Ex 12.3-6), ainsi : « Quand l'Eternel passera pour frapper l'Egypte, et verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux, l'Eternel passera par-dessus la porte, et il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper » (Ex 12.23).
Le prophète termine ainsi , comme c’est le cas dans la plupart des tableaux bibliques, par un mot qui apaise le cœur et l’esprit : "Entre dans ta chambre" comme Noé dans l’arche (Genèse 7.16), c’est-à-dire : « recueille-toi et tiens toi tranquille » et surtout « ferme (cagar) la porte (deleth) et cache (chabah)-toi ». Il y a ici trois mots forts qui donnent l’idée de « Restez chez vous » : Cagar (fermer), deleth (porte), chabah (se cacher). Ces trois termes sont allusifs à la sécurité. Le « Restez chez vous » ici consiste à aller dans sa chambre, s’enfermer et se cacher pour se protéger contre un danger. C’est aussi une manière de se mettre sous les ailes de Dieu : c’est-à-dire, s’assurer de sa sécurité.
C’est ce que Esaïe 30.15 dit : « C’est en revenant au repos que vous serez sauvés » ou Ps27.5 : « il me cache sous sa tente dans les jours du malheur….Il me tient abrité » (BS). Il n’est plus question d’enfermement ni de prison comme dans le premier cas mais de se mettre à l’abri. En Exode, les enfants d’Israël étaient enjoints de rester chez eux et de respecter certaines consignes (Ex 12.3-6), ainsi : « Quand l'Eternel passera pour frapper l'Egypte, et verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux, l'Eternel passera par-dessus la porte, et il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper » (Ex 12.23).
C’est bien de mort qu’il
s’agit dans ce texte d'Exode. Une mort qui a épargné Israël, mais qui a ravagé
l’Égypte. Une mort qui a épargné le peuple de Dieu, mais qui a ravagé le monde.
Une mort que ne fête pas Israël, mais dont il doit se protéger. Il doit
suivre les consignes de « Restez chez vous » pour se mettre en
sécurité.
C'est quoi en effet la sécurité dans ce cas ? Le dictionnaire Larousse en
donne cette définition : « Situation de quelqu’un qui se sent à
l’abri du danger, qui est rassuré. ». Se sentir à l’abri du danger
s’applique à différents domaines : sécurité matérielle, financière,
physique, affective. Pour pouvoir se sentir en sécurité, il faut avoir
confiance. La sécurité est un besoin fondamental chez l’être humain. Le fait de
se sentir à l’abri et rassuré, nous amène à la confiance. Et, la sécurité la plus sûre ne vient que d'une autorité, et la plus évidente est celle de Dieu.
Ainsi, le « Restez chez vous »
doit nous être indispensable et vital aujourd’hui. Car, c'est un moment de refuge et de protection contre ce fléau qui commence à s'abattre sur nous comme les souffres de Sodome et Gomorrhe. C'est pour dire in fine que notre "Restez chez vous" n’est donc ni un enfermement,
ni une prison, ni une privation de liberté. C'est l'unique occasion de nous mettre à l'abri contre cette pandémie covid19 devenue l’ombre de la
mort . Nous devons donc entrer
dans la chambre, fermer la porte
et nous cacher jusqu’à ce que la colère soit passée.
RESTEZ CHEZ VOUS !
RESTEZ CHEZ VOUS !
Prof Jimi ZACKA
Exégète
[1] John Robinson et Geoffrey Godbey, Time for Life. The surprising ways Americans use their time,
2e éd., Pennsylvania State University Press, 1999.
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