Il
y a des attitudes qui corrompent nos bonnes mœurs, notamment notre vie
chrétienne et passent inaperçues. En effet, nous nous offrons une
autosatisfaction qui nous porte préjudice et détruit notre foi chrétienne
(Prov.16.18). L’une d’elles, c’est l’arrogance. L'arrogance, c'est quoi? C'est
une attitude hautaine, c'est penser qu'on sait tout mieux que tout le monde et
on le fait ressentir aux autres.
L'arrogance
peut se manifester de diverses manières, telles que le sentiment d’être le plus
riche, le plus génial, le meilleur, le plus intelligent,
voire le plus religieux ou le plus spirituel, etc.
Je ne sais pas si l’arrogance fait partie de notre éducation, mais beaucoup de personnes ont tendance à devenir arrogants dès qu'ils se trouvent dans une certaine posture sociale, religieuse élevée. Pourquoi ? Parce que l’arrogance procure un agréable et confortable sentiment de bien-être. Par exemple, la parabole du Pharisien au Temple en dit long (Lc 18.11). C’est dans cette parabole que nous découvrons que l’arrogance est non seulement un obstacle à la prière, mais freine aussi la croissance ou la maturation spirituelle et surtout nous efface de la présence de Dieu.
Aussi,
l’arrogance est l'un des plus grands obstacles à la sagesse ou à l'acquisition
d'autres connaissances. Il est impossible à l'arrogant d’apprendre des autres.
Comme les Sages nous l’enseignent, "Qui est sage ? Celui qui apprend de
tous" (Talmud – Pirkei Avot 4:1). L'arrogant absorbé par son
narcissisme vit toujours au dépens des flatteries des autres. Il exhibe sa foi comme la meilleure.
En
lisant Luc 18.9-14, on s'aperçoit que la parabole est adressée à certains qui
étaient persuadés d'être eux-mêmes des justes. C'est ce que reprochait
Jésus aux pharisiens en Lc16.15 et c'est bien ce que va illustrer le
comportement du pharisien du récit. L'attitude décrite ici est un travers qui
se retrouve chez des croyants qui s'érigent en "meilleurs chrétiens".
En fait, comme
signification éthique que Luc entend donner au récit: le lecteur est invité
"à voir l'attitude du publicain, un exemple proposé à
l'initiation et dans celle du pharisien un contre-exemple"
(J.Schlosser).
Le
pharisien adresse à Dieu une action de grâce où il dresse le catalogue
des vertus : les fautes qu'il ne commet pas, puis les deux prescriptions
qu'il accomplit allant plus loin que ne l'exige la Loi (Jeûne et dîme :
cf.Lc11.42). Le portrait n'a rien d'une caricature. Notre homme sait ce
qu'il doit à Dieu et ne s'attribue pas le mérite d'être juste--c'est un point
sur lequel Luc fait silence dans son introduction du v.9. Même la façon dont il
se démarque des voleurs, injustes et adultes est un écho de la prière des
psaumes . Et pourtant, c'est cette aversion pour les pécheurs et leur rejet,
pourtant inscrit par exemple en Ps26, que Dieu retiendra contre lui: ce juste
sait sa supériorité et méprise (v.9) les autres humains. Conscient de son état
de pécheur, le publicain , pour sa part, n'ose pas lever les yeux au ciel et sa
prière est un appel au secours: il se reconnaît pécheur et invoque la
miséricorde de Dieu. Mais le récit ne nous dit pas qu'il promet de réparer ses
torts comme le fera Zachée (Lc19.8). Malgré tout, le publicain nous enseigne ici une grande leçon doctrinale qui échappe à tous: "croire en Dieu", qu'est-ce que c'est ?
Bien que beaucoup de
gens croient en Dieu, la plupart d’entre eux ne comprennent pas ce qu’est la
vraie foi en Dieu. Il est possible
que beaucoup de croyants ne soient pas d’accord avec ce mot et disent : « Avez-vous
si peu d’estime pour nous ? Étant donné que nous avons cru en Dieu pendant
de nombreuses années, est-il possible que nous ne comprenions pas ce qu’est la
foi en Dieu ? » Certains disent : « Croire en Dieu, c’est admettre qu’il y a
un Dieu, et je crois que Dieu a créé les cieux, la terre et toutes choses, et
que Dieu existe vraiment. N’est-ce pas croire en Dieu ? » Certains disent :
« Je lis souvent la Bible, je prie,
j’assiste à des rassemblements et je répands l’évangile. Cela ne
compte-t-il pas comme une vraie foi en Dieu ? » Certains disent : « Je
peux réciter les chapitres et les paroles célèbres de la Bible. Alors qui ose
dire que je ne suis pas un vrai croyant en Dieu ? » Certains disent : « Je
suis capable de sacrifier pour le Seigneur, et je travaille, prêche et répand
l’évangile depuis de nombreuses années, et je regarde et soutiens toujours mes
frères et sœurs. Ne crois-je pas vraiment en Dieu ? » Les gens utilisent de
nombreux dictons comme ceux-ci pour prouver qu’ils croient vraiment en Dieu.
Cependant, avons-nous déjà réfléchi à la question de savoir si ces points de
vue sont justes ?
En
effet, bien que les gens soient familiers avec le mot “Dieu” et des expressions
telles que “ l’œuvre de Dieu”, ils ne connaissent pas Dieu, encore moins Son
œuvre. Pas étonnant donc que tous ceux qui ne connaissent pas Dieu aient une
croyance confuse, une "arrogance de la foi".
Les gens ne prennent pas la croyance en Dieu au sérieux parce
que croire en Dieu est trop inconnu, trop étrange pour eux. De cette façon, ils
ne répondent pas aux exigences de Dieu. En d’autres termes, si les gens ne
connaissent pas Dieu et ne connaissent pas Son œuvre, alors ils ne sont pas
aptes à être utilisés par Dieu, encore moins peuvent-ils réaliser le désir de
Dieu. “La croyance en Dieu” signifie croire qu’il y a un Dieu ; c’est le plus
simple concept de la foi en Dieu. De plus, croire qu’il y a un Dieu n’est pas
la même chose que croire véritablement en Dieu ; au contraire, c’est une sorte
de foi simple avec de fortes connotations religieuses.
La vraie foi en Dieu
signifie faire l’expérience de la parole et de l’œuvre de Dieu sur la base
d’une croyance que Dieu est souverain sur toutes choses. Ainsi tu seras libéré
de ton tempérament corrompu, satisferas le désir de Dieu et connaîtras Dieu. Ce
n’est qu’au long d’un tel parcours que l’on peut dire que tu crois en Dieu
C'est ainsi qu'avec
autorité, Jésus tire alors la leçon totalement inattendue, de la situation du
point de vue de Dieu (v.14a). Dieu a déclaré juste l'un d'eux , a exaucé sa
prière et l'a pardonné; mais non l'autre qui n'avait rien demandé. Les
situations sont renversées. Cette nouvelle situation que dévoile Jésus
publiquement , invite ses auditeurs à comprendre le comportement de Dieu, avant
même de les inviter à imiter le publicain. Le caractère paradoxal du message a
de quoi faire sursauter: le publicain est pardonné sans avoir au préable réparé
ses torts et s'être réconcilé avec son prochain.
Luc
rappelle ici la loi du renversement qui est provoquée par l'arrogance du
pharisien. Être trop sûr de soi génère une situation de renversement. En
d'autres mots, l'arrogance nous fait déplacer à notre insu loin de la volonté
de Dieu.
Par
exemple, dans la Bible, les arrogants font légion et se constituent en ennemis
de Dieu. Quelques-uns font la UNE : Pharaon était arrogant et se passait
pour Dieu (Ex.5, 2). Il a fallu une intervention musclée de la part de Dieu
pour qu’il se plie à Sa volonté. En 1 S 17.42, il est aussi dit que Goliath,
plein d’arrogance, « regarda, et lorsqu'il aperçut David, il le
méprisa, ne voyant en lui qu'un enfant, blond et d'une belle figure »
et la situation fut renversée en faveur de David.
Dans
les Évangiles, outre le cas flagrant du Pharisien en Luc, il y a, entre autres,
celui de Marthe, sœur de Marie, qui s’affichait en présence de Jésus dans une
attitude arrogante vis-à-vis de sa sœur (Lc 10. 38-42). Et Jésus lui dit
paradoxalement que c'est sa soeur qui a pris la " bonne part".
Au regard de tout cela, nous constatons que l'arrogance place toujours l'homme
dans une posture de condescendance, c'est-à-dire considérer tout le monde moins
que lui et le met in fine dans une situation inverse. Ce vice est
subtil et ne se fait jamais découvrir en nous. Il nous donne l'assurance d'être
avec Dieu pourtant il nous éloigne de Dieu.
C'est dire qu'il n’y a que Dieu qui nous
justifie par la foi en Jésus-Christ. Il convient d’être prudent lorsque nous
parlons de Dieu, car nous avons toujours tendance à ramener la majesté divines
à nos limitations humaines.
Pensez-vous
être arrogant? Croyez-vous que c'est quelque chose de négatif ou au
contraire, cela est positif et compréhensible? Faire ressentir à son
interlocuteur qu'on est supérieur à lui, qu'on a raison, qu'il a tort, qu'il ne
comprend rien, que c'est nous qui sommes dans le vrai, est-ce une stratégie
pour essayer de faire passer nos idées ou de se faire valoir ? Est-ce un trait
de caractère qu'on ne pourra jamais changer? Est-ce quelque chose qu'on hérite
des personnes qui nous ont éduqué ou est-ce quelque chose qu'on développe tout
seul au fil des années, en d'autres termes en fonction de notre évolution
sociale, est-ce une question d'éducation, de culture ou pas?
Retenons
une leçon. Se prévaloir arrogant, parler seulement de nous-mêmes et raconter en
long et en large l’histoire de nos succès ne mettra pas les autres dans de
bonnes dispositions à notre égard. Laissons plutôt nos actes parler à notre
place et nous serons davantage appréciés.
Si
nous ne faisons que nous vanter à propos de notre travail sans rien prouver,
nous serons vite catalogués comme quelqu’un de peu fiable. Les gens se
moqueront de nous et parleront derrière notre dos. L’arrogance n’a jamais fait
bon menage avec de bons témoignages, il s’agit donc de bien savoir distinguer
entre confiance et arrogance pour ne pas créer une image négative de
nous-mêmes. C’est ce que la Bible nous recommande en Prov.27,2 : « Qu'un autre te
loue, et non ta
bouche, Un étranger, et non tes lèvres. ».
In fine, l'arrogance est l'un des
pires maux qui détruisent notre vie chrétienne et surtout détruit notre proximité avec Dieu.
Prof. Jimi ZACKA
Exégète
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