Réflexion biblique : Genèse 32.23-32
Les rencontres nous réservent souvent des surprises (bonnes
ou mauvaises) et plusieurs questions s'imposent à chacun de nous: "Y
a-t-il des rencontres qui ont marqué vos vies ? Y a-t-il des rencontres qui ont
laissé des traces indélébiles dans votre existence ? Enfin, y a - t-il eu des
rencontres qui ont complètement bouleversé votre vécu et qui le bousculent
encore ?"
Telles sont les questions que semblent nous poser le récit de
Jacob. Dans ce récit de combat avec l'inconnu, il s'agit bien d'une rencontre
au propre et au figuré. Rencontrer l'autre, c'est souvent l'inviter à entrer en
relation. C'est aussi s'ouvrir à une existence nouvelle. Combattre l'autre,
c'est une manière de marquer son territoire, de prendre l'emprise sur l'autre.
Pour Jacob, c'est une nouvelle rencontre qui va le faire avancer vers
l'inconnu, qui va le faire détourner de ces itinéraires balisés et programmés,
qui va bouleverser tous ses projets et voire même sa propre personne.
Dans ce récit, Jacob, seul ce soir là, sera bousculé
Oui, bousculé parce que dans la nuit sombre, dans l'obscurité la plus absolue,
quelqu'un se jette sur lui, l'entraînant dans un combat non désiré qui va durer
jusqu'à l'aube. Le récit ne dit pas encore qui est cet adversaire. Quasiment
jusqu'au bout, l'adversaire restera un inconnu. Comme pour nous dire la part
inconnue de notre vie est toujours là avec nous. Alors que nous rêvons de vivre
l'idéal, elle nous rattrape toujours. Alors que nous proposons de réaliser un
projet, les imprévues nous surprennent avec des échecs. Jacob, après avoir
commis une série d'infractions, prenait fuite et se croyait à l'abri de toutes
impunités. Fuir peut nous offrir une certitude de nous mettre à l'abri.
De même, de fois pour étouffer notre concience, nous
cherchons toujours ce qui nous est convenable. Nous croyons en ce qui nous est
évident, familier. Tout ce qui nous est inconnu nous inquiète. Tout ce qui nous
est différent nous dérange ou nous blesse.
Pourtant, la rencontre de Jacob avec l'inconnu, c'est sa
partie inconnue qui le rattrape. Lui dont le passé est mensonges et tromperies,
souffrances et culpabilités, se voit confronté à un inconnu. Oui,
une part obscure de sa vie, qu'il a cherchée à fuir, fait maintenant retour, à
travers un inconnu mystérieux, cet inconnu qui le touche, là où çà fait mal.
Cet inconnu n'est autre que Dieu lui-même. En effet, de
manière particulièrement troublante, Jacob fait ici l'expérience de la présence
de Dieu sous la figure d'un inconnu qui se roule avec lui dans la poussière. Un
Dieu qui se révèle à Jacob dans l'énigme et non dans l'évidence, dans le combat
et non dans l'apaisement, dans l'obscurité et non dans la lumière. Un Dieu qui
fait de Jacob un homme qui se bat sans comprendre, qui se bat pour se poser des
questions : « Pourquoi moi et pas les autres ».
Un Dieu qui nous apprend que nuit et combat sont aussi
parfois dans nos vies. Nuit et combat qui se traduisent par des imprévues qui
nous arrivent : la maladie, le deuil, les blessures sécrètes qui nous mordent
le coeur. Nuit de la solitude et de la révolte, dont même l'écoute la plus
grande et la tendresse la plus proche ne peuvent parfois nous délivrer. Nuit du
silence de Dieu et de l'indifférence des hommes.
Ainsi ce récit nous rappelle que la foi n'évite pas ce
combat, la foi n'évite pas l'empoignade avec l'énigme du mal. La foi ne nous
éloigne pas de nos luttes quotidiennes. Au contraire, elle nous sert dans nos
différentes épreuves.
Nous ne pouvons ni la résoudre ni nous en défaire.
Malheureusement, à cause de cette empoignade, beaucoup de chrétiens se sont
éloignés de la foi. D'autres la portent comme une blessure au coeur même de
leur vie chrétienne. Elle ronge notre vie et notre foi. Cette nuit de Jacob est
longue et chargée d'interrogations. Car, Dieu rencontre Jacob dans cette lutte
la nuit non pas pour lui redire sa promesse et sa présence, mais tout semble
être le contraire. Pourtant, Dieu est présent et Jacob, peu à peu commence à
comprendre et dire finalement : «Je ne te lâcherai que si tu me bénis".
Alors, au jour de découragement, de doute, à la rencontre de
l'inconnu, nous aussi, comme Jacob, nous devons nous accrocher à cette présence
du Dieu vivant, à cet amour inexplicable qui nous empoigne et ne nous lâche
pas, même quand la nuit semble nous submerger. Même quand nous nous efforçons
de soulager notre conscience par d'autres activités.
C'est seule cette rencontre avec Dieu qui nous transforme,
qui nous fait autre, qui peut ouvrir le chemin vers de possibles
recommencements. Cette rencontre peut changer notre identité : "On ne
t’appellera plus Jacob, mais Israël (ce qui signifie: “Fort contre Dieu”),
parce que tu as lutté contre Dieu comme on lutte contre des hommes, et tu as
vaincu.".
C'est cela, frères et soeurs, l'expérience de la foi. Oui,
c'est ainsi que Dieu, par sa grâce, peut faire de chacune de nos journées le
matin de nos vies.
Dans ce genre de combat indésiré, Dieu nous surprend, change
notre identité et nous bénit : "Et à cet endroit il le bénit. Jacob
appela ce lieu Pénouël (ce qui signifie: “Face de Dieu”), car il disait: « J’ai
vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve.». C'est dire qu'Il nous
attend toujours dans une rencontre que, peut-être, nous ne souhaitons pas. Et
comme il est souvent dit : " une vraie rencontre, une rencontre
décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin"
Que cette rencontre de combat avec Dieu change notre destin !
Dr
Jimi P. ZACKA
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