vendredi 9 mai 2014

MAIS OU SONT DONC PASSES NOS HOMMES POLITIQUES ? Par Dr Jimi ZACKA


Nos  hommes  politiques, réputés pour créer des partis et en être président ou être ministre, sont tous devenus  de  grands muets de la République à l’heure où le peuple centrafricain ne sait plus à quel saint se vouer face à l’épidémie séléka. Pourtant, en Centrafrique, la culture de l’esprit communautaire est de mise. La générosité, la solidarité et l’assistance confèrent notoriété et considération. En d’autres termes, l’assistance à une personne en danger ou en malheur est un devoir, une vertu, un critère de s’identifier positivement dans la société.  La non-assistance ou l’indifférence est l’expression d’une ingratitude avérée. Alors, où sont passés les hommes politiques dans ces moments les plus sombres des vies des centrafricains ? Cette indifférence complice et notoire suscite de multiples questions que se pose aujourd’hui le centrafricain lambda : Y a-t-il vraiment d’hommes politiques dans ce pays ? Pourquoi ce silence coupable de la classe politique centrafricaine face à l’enfer que vit quotidiennement le citoyen centrafricain ?  Y a-t-il encore d’hommes politiques  en Centrafrique? Ou alors, nous ne sommes que des papiers hygiéniques  électoraux entre leurs mains ? Tant de questions qui nous taraudent, mais demeurent sans réponse.

En une semaine, les centrafricains sont devenus  les hommes  les plus endeuillés de la planète par la série d’assassinats de leurs dignes fils du pays : Tanguy TouaboyYoulou Willy,  la jeune fleury des Castors et les deux jeunes hommes, le caporal lâchement assassiné par l’escadron de mort de Djouma Mahamat, le magistrat Modeste Bria et son aide de camp, et bien d’autres encore dont  on ignore les noms, à l’instar de ceux qui meurent à l’intérieur du pays (Paix à leur âme). Malgré cette longue liste macabre qui ne cesse de s’allonger de jour en jour, tous les hommes et femmes politiques ont enfoui leur tête dans le sable, bec dans le sang des centrafricains, en train de picorer leurs graines ensanglantées et personne n’ose élever la voix pour protester ou démissionner du gouvernement ou du CNT. Et s’il y a des voix qui se font entendre, ce sont les croassements  de ces vautours et charognards qui ont envahi la cour de Djotodia. Imbus du déni de réalité, ils n’ont qu’une seule lecture biaisée des souffrances des centrafricains,  « tout va bien et la sécurité est revenue» alors qu’on continue de tuer, piller, braquer les vaillants fils et filles de Centrafrique. Quelle honte ? 

 Je ne peux pas comprendre qu’un ministre de l’intérieur et de la sécurité publique d’un Etat digne de ce nom  n’est même pas capable de confirmer l’existence d’un lieu de tortures des paisibles citoyens dont il est censé assurer la sécurité alors que ce n’est qu’un secret de polichinelle.  Comme quoi, ils se sont tous  mués en experts en langue de bois.
 
 Je ne peux pas comprendre que malgré les viols, les pillages, séquestrations, meurtres et assassinats, aucun homme politique ne se donne la peine de dénoncer tout haut ces exactions comme le fait Monseigneur Nzapalainga que je félicite au passage et lui dire que la nation lui sera reconnaissante éternellement pour le sens aigu de son patriotisme . Car, il a su graver son nom sur le palmarès des héros de la République.

Mais, l’hypocrisie et la politique du ventre qu’affichent actuellement les hommes et femmes politiques de notre pays constituent la plus grande honte de toute l’histoire de la République Centrafricaine.  D’ailleurs, je me rappelle du jour où un(e) membre de ce gouvernement a été nommé(e), je lui ai écrit pour le/la féliciter et attirer son attention sur le fait qu’il/elle va manger avec le diable, il/elle m’a répondu : « Si ça ne va pas, je vais démissionner ». Je lui dis aujourd’hui (si cette personne me lit) qu’il est temps qu’il/elle démissionne. Car, en Afrique, on ne peut pas manger à côté de la dépouille d’un frère, d’une sœur, d’un fils, d’un père ou d’une mère qui gît dans le sang.

Quant à ceux qui sont précipitamment revenus de l’étranger, comme si l’élection devrait avoir lieu demain, n’ont eu qu’une seule idée en tête : créer leur parti et se voir président de la république en 2015. C’est tout. C’est pourquoi, après le bal d’audiences chez Djotodia, ils se sont tous plongés dans un mutisme absolu.  Qù sont-ils, ces aspirants à la couronne ? (une réponse, svp !!).
 
Nous ne pouvons pas comprendre ce silence complice de la classe politique centrafricaine et nous ne saurons comment l’expliquer à la  génération future. Si ce sont eux qui ont bradé le pays à Djotodia et sa coalition mafieuse, avec l’appui de Déby (selon Roland Marchal),  pour exterminer le peuple centrafricain,  il est temps pour ceux qui sont dans le gouvernement et le CNT de démissionner. Cette démission leur permettra d’échapper à la colère du peuple tôt ou tard.
 
 Cette démission signifiera qu’ils sont avec le peuple et pas avec le diable.  Cette démission leur donnera une porte de sortie honorable. Cette démission les réhabilitera dans leur dignité humaine et patriotique. 
 
Car, quand l'indifférence a l'hypocrisie comme excuse, l'homme atteint les sommets de la honte et de la mesquinerie. L'histoire est têtue et il est temps pour eux d'éviter ce que l'avenir leur infligera.

Dans le cas contraire, l’histoire retiendra une chose : l’homme politique centrafricain a sacrifié son peuple sur l’autel de ses ambitions politiques les plus cyniques.


Dr Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue, Chercheur, Auteur

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