Nos hommes
politiques, réputés pour créer des partis et en être président ou être ministre,
sont tous devenus de grands muets de la République à l’heure où le
peuple centrafricain ne sait plus à quel saint se vouer face à l’épidémie
séléka. Pourtant, en Centrafrique, la culture de l’esprit communautaire est de
mise. La générosité, la solidarité et l’assistance confèrent notoriété et
considération. En d’autres termes, l’assistance à une personne en danger ou en
malheur est un devoir, une vertu, un critère de s’identifier positivement dans
la société. La non-assistance ou l’indifférence est l’expression d’une
ingratitude avérée. Alors, où sont passés les hommes politiques dans ces
moments les plus sombres des vies des centrafricains ? Cette indifférence
complice et notoire suscite de multiples questions que se pose aujourd’hui le
centrafricain lambda : Y a-t-il vraiment d’hommes politiques dans ce pays ?
Pourquoi ce silence coupable de la classe politique centrafricaine face à
l’enfer que vit quotidiennement le citoyen centrafricain ? Y a-t-il
encore d’hommes politiques en Centrafrique? Ou alors, nous ne sommes que
des papiers hygiéniques électoraux entre leurs mains ? Tant de questions
qui nous taraudent, mais demeurent sans réponse.
En une semaine, les
centrafricains sont devenus les hommes les plus endeuillés de la
planète par la série d’assassinats de leurs dignes fils du pays : Tanguy
Touaboy, Youlou Willy, la jeune fleury des Castors et les deux
jeunes hommes, le caporal lâchement assassiné par l’escadron de mort de Djouma
Mahamat, le magistrat Modeste Bria et son aide de camp, et bien d’autres encore
dont on ignore les noms, à l’instar de ceux qui meurent à l’intérieur du
pays (Paix à leur âme). Malgré cette longue liste macabre qui ne cesse de
s’allonger de jour en jour, tous les hommes et femmes politiques ont enfoui leur
tête dans le sable, bec dans le sang des centrafricains, en train de picorer
leurs graines ensanglantées et personne n’ose élever la voix pour protester ou
démissionner du gouvernement ou du CNT. Et s’il y a des voix qui se font
entendre, ce sont les croassements de ces vautours et charognards qui ont
envahi la cour de Djotodia. Imbus du déni de réalité, ils n’ont qu’une seule
lecture biaisée des souffrances des centrafricains, « tout va
bien et la sécurité est revenue» alors qu’on continue de tuer, piller,
braquer les vaillants fils et filles de Centrafrique. Quelle honte ?
Je ne peux pas comprendre
qu’un ministre de l’intérieur et de la sécurité publique d’un Etat digne de ce
nom n’est même pas capable de confirmer l’existence d’un lieu de tortures
des paisibles citoyens dont il est censé assurer la sécurité alors que ce n’est
qu’un secret de polichinelle. Comme quoi, ils se sont tous mués en
experts en langue de bois.
Je ne peux pas comprendre
que malgré les viols, les pillages, séquestrations, meurtres et assassinats,
aucun homme politique ne se donne la peine de dénoncer tout haut ces exactions
comme le fait Monseigneur Nzapalainga que je félicite au passage et lui dire
que la nation lui sera reconnaissante éternellement pour le sens aigu de son patriotisme
. Car, il a su graver son nom sur le palmarès des héros de la République.
Mais, l’hypocrisie et la
politique du ventre qu’affichent actuellement les hommes et femmes politiques
de notre pays constituent la plus grande honte de toute l’histoire de la
République Centrafricaine. D’ailleurs, je me rappelle du jour où un(e)
membre de ce gouvernement a été nommé(e), je lui ai écrit pour le/la féliciter
et attirer son attention sur le fait qu’il/elle va manger avec le diable,
il/elle m’a répondu : « Si ça ne va pas, je vais démissionner ».
Je lui dis aujourd’hui (si cette personne me lit) qu’il est temps qu’il/elle
démissionne. Car, en Afrique, on ne peut pas manger à côté de la dépouille d’un
frère, d’une sœur, d’un fils, d’un père ou d’une mère qui gît dans le sang.
Quant à
ceux qui sont précipitamment revenus de l’étranger, comme si l’élection devrait
avoir lieu demain, n’ont eu qu’une seule idée en tête : créer leur parti
et se voir président de la république en 2015. C’est tout. C’est pourquoi, après
le bal d’audiences chez Djotodia, ils se sont tous plongés dans un mutisme
absolu. Qù sont-ils, ces aspirants à la couronne ? (une réponse,
svp !!).
Nous ne pouvons pas comprendre ce
silence complice de la classe politique centrafricaine et nous ne saurons
comment l’expliquer à la génération future. Si ce sont eux qui ont bradé
le pays à Djotodia et sa coalition mafieuse, avec l’appui de Déby (selon Roland
Marchal), pour exterminer le peuple centrafricain, il est temps
pour ceux qui sont dans le gouvernement et le CNT de démissionner. Cette
démission leur permettra d’échapper à la colère du peuple tôt ou tard.
Cette
démission signifiera qu’ils sont avec le peuple et pas avec le diable.
Cette démission leur donnera une porte de sortie honorable. Cette
démission les réhabilitera dans leur dignité humaine et patriotique.
Car, quand l'indifférence a l'hypocrisie comme excuse, l'homme atteint les sommets de la honte et de la mesquinerie. L'histoire est têtue et il est temps pour eux d'éviter ce que l'avenir leur infligera.
Dans le cas contraire, l’histoire
retiendra une chose : l’homme politique centrafricain a sacrifié son
peuple sur l’autel de ses ambitions politiques les plus cyniques.
Dr Jimi ZACKA
Théologien, Anthropologue, Chercheur, Auteur
Théologien, Anthropologue, Chercheur, Auteur
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.